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Sed poftquam peccata jam ab hominibus inducta có

fiderantur, antece

dentem voluntatem

tas

a

qu'il eft forti pur & innocent des mains de Dieu, parce qu'en ce sens il eft bon en foi que tous les hom mes embraffent l'Evangile, fe convertiffent, perseverent dans la bonne vie, & fe fauvent (ce font les termes de dens voluntas in fo- Denys Raimond;) mais que l'homme étant confideré la præcifione men- de Dieu comme pecheur, " cette volonté antecedente ne tis, adeoque nuda quadam velleitate, confifte plus que dans une précision d'efprit, que ce n'est plus nihil omnino gratia qu'une pure velleité qui ne produit aucune grace ( ce font caufante, confiftere les paroles de Janfenius.) Ces deux endroits de poteft. Quod ex co manifeftiffimè patet, Denys Raimond peuvent être regardez comme`le quia talem antece- denouement de ce qui eft dit dans les cinq Articles. Notre Auteur parle le même langage:“ Bonum est hominem in fe fumptum falvari, hoc eft prout eft ad imaginem Dei conditus, & abftrahendo à peccati ftatu in quo verfatur. Ainfi l'on voit que les cinq Articles n'ont point d'autre fens dans les Inftitutions Theologiques, que le sens du pur Jansenisme. Et c'eft là ce que le P. Juenin appelle la doctrine des Thomiftes nettement expliquée dans la Lettre de Mr. de Cominges écrivant au nom de plufieurs Archevêques & Evêques de France. C'est là la clef pour bien comprendre la difference de la grace inefficace & efficace des cinq Articles. C'est là enfin comme il faut entendre la volonté antecedente & confequente de Dieu, par raport au falut des hommes, fi l'on en croit le P. Juenin.

etiam erga damnacreaturas five hominum five Angelorum Deus habet. Janf. de Gr. Chr. L. 3. c. 20.5. Nam quod ; qui eft l'endrois même cité Par Denys Raimond.

b To. 2. p. 330.

* Ta. 2. p.347.348.

Nous avons vû jufqu'ici, que l'Auteur s'eft ataché aux trois faux-fuians, dont les Janfeniftes se servent, pour éluder les Cenfures de l'Eglife contre le Livre & la doctrine de Janfenius.

Il s'enfuit du premier, que la doctrine de Janfenius n'est pas encore cenfurée.

Le

Le fecond prouve que quand elle feroit condamnée par l'Eglife, il n'y a pas d'obligation aux Fideles de la rejetter.

Le troifiéme va même jusques à l'infinuer comme la meilleure. Il paroîtra en effet dans le détail que nous allons faire des fentimens du P. Juenin, qu'il a fouvent favorifé le Janfenifme, & qu'il l'a même preferé quelquefois à l'ancienne doctrine de l'Eglife.

a

PARTIE

I. PROPOSITION

Le P. Juenin en

feigne en

termes

équivalants l'erreur de la re Propofition du Livre de Janfe

L'ERREUR de la 1o. Propofition du Livre de Jan- SECONDE fenius confifte à dire, que quelques Commandemens de Dieu font impoffibles à des Justes qui veulent & qui s'efforcent de les acomplir felon leurs forces prefentes, & que la grace par laquelle ils leur feroient rendus poffibles leur manque. L'Eglife a' condamné cette Propofition comme temeraire, impie, blafphématoire, déja frapée d'anatheme, & heretique dans le fens propre & particulier de cet Auteur. L'on comprend dés-là l'importance de la matiere que nous allons traiter, & avec quel foin le P. Juenin devoit éviter le moin¬ dre foupçon de cette impieté.

Nous allons voir cependant qu'il n'est pas fimplement échapé au P. Juenin des expreffions qui pourroient le rendre fufpect de cette herefie, mais qu'il l'a enfeignée en termes équivalants dans fes Inftitutions Theologiques.

1o. Nous verrons d'abord qu'il dégrade le pouvoir de la grace fuffifante pour l'acomplissement des Commandemens, en le reprefentant comme un pouvoir imparfait, c'est-à-dire, (felon la no

F

nius.

a

præ

Aliqua Dei cepta hominibus ju ftis volentibus, & `conantibus fecundú præfentes, quas habet vires, funt impoffibilia: deeft que illis gratia, quâ poffibilia fiant. Indu 31. May 16 53

quo

noc. X. dans fa Bul

le

Primam prædicta rum Propofitionum, Aliqua Dei pracepta, &c. temerariam impiam blafphemam, ana

& hæreticam decla

themate damnatam, tion qu'il en donne en differens endroits) un pouramus, & uti talem voir à proprement parler infuffifant & joint avec dănamus. Innoc. X. une veritable impuissance.

Ibid.

2o. Il enseigne enfuite que la feule grace efficace donne le parfait pouvoir de les acomplir, fi l'on veut parler le langage propre & exact de l'Ecriture, des Peres, & même du commun des hommes.

3o. Il acheve d'établir cette pernicieuse doctrine de la 1°. Propofition de Janfenius, en concluant que cette grace efficace (laquelle SEULE, felon lui, donne le pouvoir parfait d'acomplir les Commandemens ) eft quelquefois refusée à des Juftes, qui prient selon toute l'étenduë de leur grace prefente.

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Il ofe même dire nettement que Dieu leur dénie quelquefois tout fecours actuel (ce qui renferme toutes fortes de graces fuffifantes,) fans en donner pour cause aucun demerite de leur part.

Pour en venir là, il a falu non feulement éluder les Constitutions Apoftoliques, comme nous l'avons vû: mais encore mettre en œuvre toutes les équivoques & toutes les fubtilitez du Parti: affoiblir les plus fortes preuves du Dogme Catholique: donner aux paffages du Concile de Trente des explications auffi fauffes que temeraires, à l'imitation de Janfenius: diftribuer en differens endroits tant de maximes empoisonnées, peut-être afin que le Lecteur en foit moins frapé: établir un langage nouveau, different de celui de toutes les Ecoles Catholiques; & l'on voit avec douleur que tout cela coule aisément de la plume de l'Auteur en faveur de l'erreur qu'il a malheureusement embrassée.

Le feul artifice, par lequel il a détourné la Cenfure que l'Eglise a portée contre la 1o. Propofition, en faifant tomber cette condamnation fur le pur Calvinisme: eft fi temeraire, que c'est un préjugé indubitable, que les Institutions Theologiques vont favorifer l'erreur de cette 1°. Propofition.

que

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Brevi ad Belgarum
Epifcopos) temera¬

cc riam & hæreticam,
fed etiam blafphe-

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En effet quand il donne comme a évident le fens qui fe prefente d'abord à l'esprit dans cette Propofition felon qu'Innocent XII. en a parlé eft le fens de Calvin, par ce que, dit notre Auteur « cette Propofition nous reprefente Dieu comme « un injufte Legislateur, qui commande des choses qu'on ne peut obferver avec la grace la plus efficace: il infinue clairement que l'herefie que l'Eglife a ici condamnée, c'est de dire que les Commandemens de Dieu ne font pas poffibles aux juftes mêmes qui ont la grace la plus efficace; ce qui eft une manifefte fuppofition, ainfi que nous l'avons déja démontré: & ce qui feroit triompher l'herefie de Jansenius, qui fait tous fes efforts pour prouver dans fon Livre, que la grace la plus efficace eft la SEULE qui donne le pouvoir parfait & fuffifant pour acomplir les Commandemens de Dieu. Et c'eft auffi un des points de fa doctrine, que les Janfenistes ont tâché de foutenir avec le plus d'adresse dans les cinq Articles.

b

Le P. Juenin a eu foin de les copier exactement dans fes Institutions Theologiques; & il a affuré aprés eux, que felon le langage des SS. Peres la SEULE grace efficace donne le pouvoir complet & parfait d'acomplir les Commandemens.

reddit injuftum Le

CALVINUS OB ID A

mam; nempe Deum giflatorem, qui ea præcipiat, quæ (ut CONC. TRID. PRO SCRIPTUS VOLUIT) fimæ gratiæ auxilio fervari non poffint. 70. 1. p. 647Completiffimè di cimur poffe, quando fancti Spiritûs inspiratione fic voluntas

etiam cum efficacif

ь

præparatur, ut non nudè poffit, fed etiam velit..... Hoc poffe nunquam habetur, nifi quando reipfa quoque agitur, & eft proprius

effectus non fidei aut charitatis feu

bonæ voluntatis habitualis, fed illius gratia actualis, quam Chriftus attulit hominibus in◄ firmis per crucem fuam. L. 3. de Gr. Christi, c.15. *V. Lib. 4. à c. 12, ad 18.

Patres SOLI gratiæ, efficaci tribuerunt perfecta potétia operandi. To. s. p. 513. b... Secundum tri

tum ac grammatica lem loquendi modum. To. 1. p.443.

• Multa tum ex Lancto Auguftino tum ex fancto Thoma, tum ex Conci

lio Tridentino exépla protulimus, qui

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C

à

Les Peres, "dit-il, ont atribué le pouvoir parfait pour agir à la SEULE grace efficace: Et c'est, dit-il auffi, le langage exact & ordinaire des hommes. Remarquez qu'il attribue ce pouvoir parfait que Dieu donne pour acomplir les Commandemens, la feule grace efficace privativement à toute autre. C'eft pourquoi il ajoute qu'il a démontré par S. Auguftin, par S. Thomas, & par le Concile de Trente, que la grace qui eft feparée de la grace efficace n'a qu'un pouvoir imparfait. Il parle de la grace fuffifante, comme il s'en explique quelques lignes plus bas; Et il prétend avoir trouvé cette doctrine dans le Concile de Trente, qui dit neanmoins le contraire. Car voici les paroles de ce Concile: tur fine gratia effi-Perfonne ne doit fe fervir de cette expression rejettée par les caci. To. s. p. 514. Sts. Peres avec anatheme, Que les Commandemens de Dieu font impoffibles à l'homme juftifié. Car Dieu ne commande pas des chofes impoffibles; mais en faisant des preceptes, il avertit in una hac Tridenti- que vous faffiez ce que vous pouvez, & que vous demanni Concilii fenten- diez ce que vous ne pouvez pas ; & il vous aide, afin que bilia non jubet ; fed vous le puiffiez. Si les Commandemens font poffijubendo monet & fables à tous les juftes fans exception ils le font donc cere quod poffis & à ceux qui n'ont que des graces fuffifantes?

bus evincitur, cofde Auguftinu & Thomam admififfe imperfectam illam pohabequæ

tentiam

d Seß. 6. c. II.

Utriufq; illius fpe

ciei poffe continetur

tiâ, Deus impoffi

petere quod non pof

fis. Primum poffis,

Comparons à prefent la glofe du P. Juenin avec continet imperfe- ce texte du Concile. » Ces paroles, dit notre Auteur, renferment deux pouvoirs de deux efpeces diffe

&tum poffe quod habetur per gratiam merè fufficientem: alterum poffis, continet perfectum poffe quod per gratiam

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» rentes... Le premier, poffis, fignifie le pouvoir imparfait, que donne la grace purement suffisante: » le fecond, poffis, exprime le pouvoir parfait que efficacem habetur. " l'on a par la grace efficace. Cette decouverte étoit · refervée au Pere Juenin. Il l'a tirée des principes de Janfenius, & aucun Theologien Catholique n'a

To. 5. p. 514.

Janf. L.3. de Gratia Chrifti, c. 13.

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