Imágenes de páginas
PDF
EPUB

demens refide dans la feule grace
efficace.
Mais aucun Auteur Catholique n'a donné cette
explication au Concile.

b

a

,

Il n'importe: il fuffit au P. Juenin que Jansenius l'ait ainfi expliqué, pour avancer hardiment fans autorité contre le torrent des Theologiens Catholiques & contre l'expreffion du Concile que ces paroles, Dieu vous aide afin que vous puissiez s'entendent de la grace efficace, & non de la fuffifante. Remarquez ces termes abfolus & exclufifs. C'eft ainfi que l'Auteur, par fes fausses explications, nous ôte la preuve importante, qu'on peut tirer de ce paffage, pour établir le dogme de la grace fuffifante, par laquelle Dieu aide les juftes, en leur donnant le pouvoir complet & prochain d'acomplir les Commandemens. Rien ne l'embaraffe. Les termes dont ufe ici le Concile quoique tres-clairs & nullement fufceptibles du mauvais fens que leur donne le Pere Juenin, ne l'arrêtent pas. « Cette parole, dit-il, du Concile qui defigne « le pouvoir de la grace, n'eft pas opposée à notre «< explication: Nec obftat vox hac POSSIs; car elle doit s'entendre felon l'ufage commun & le fens grammatical de ce terme, c'est-à-dire d'une puiffance qui renferme tout ce qui eft neceffaire pour obferver actuellement le precepte.

c

[ocr errors]
[ocr errors]

ce

Cet Auteur donne aux termes des Conciles, à l'ufage commun des Peres & des Theologiens, & à la Grammaire, la fignification qu'il lui plait. L'équivoque lui eft neceffaire dans ce terme effentiel, de pouvoir dont fe fert ici le Concile de Trente. Il eft cependant tres-certain que les Conciles, les

a Lib. 3. de Gra tia Chr. c. 13.

.....de efficace

non autem de fufficiente intelliguntur

hæc verba, Adjuvat ut poffis. Nec obftat

vox hæc poffis, quâ Concilium utitur : nempe intelligitur (ut jam obfervatum eft) de Potentiâ fecundum tritum ac gramaticalé loquédi modú fumptâ, hoc eft, de potentiâ qua complectitur ca om funt ut præceptum

quæ

actu & de facto fervetur. To. I. p.443.

* Cum enim duo quædam fint, velle & poffe, unde ncc qui vult continuò poteft, nec qui po

teft continuò vult; quia SICUT VOLUMUS aliquádo QUOD NON POSSUMUS, fic etiam POSSUMUS ali

quando QUOD NO-
LUMUS: fatis EVO-

LUTIS IPSIS ETIAM
VOCABULIS RESO-
NAT, QUÒD AB EO

QUOD EST VELLE,
VOLUNTAS; AB EO
AUTEM QUOD EST
POSSE, POTESTAS NO-

[ocr errors]

Peres, les Theologiens, & les Grammairiens qui s'aa tachent le plus à la fignification exacte des termes, mettent une grande difference entre le pouvoir & le faire. La matiere dont il s'agit demande cette diftinction. Certainement il n'étoit pas permis au P. Juenin d'exclure ici le pouvoir de la grace suffifante: De efficace, non autem de fufficienti intelliguntur hac verba, ADJUVAT UT POSSIS. Les herefies de ce tems exigeoient d'un Theologien de ne pas atribuer à la feule grace efficace ce terme Adjuvat ut poffis, qui convient fi bien à la grace suffisante. Il ne devoit pas confondre les notions que la Theologie nous donne de la grace fuffifante comme d'un fecours de puiffance, & de la grace efficace comme d'un fecours d'action. Saint Augustin a parfaitement bien diftingué le pouvoir & le faire. Il nous a declaré, qu'il n'y a qu'à ouvrir, pourainfi-dire, ces deux termes, le pouvoir & le vouloir; qu'il en fort une voix claire, qui nous aprend, que le pouvoir vient de la puiffance, & qu'il subsiste même dans ceux qui ne font pas ce qu'ils peuvent.

a

On voit ici quelles tenebres le P. Juenin vouMEN ACCEPIT. Qua droit repandre fur ce terme de pouvoir conferé par propter ficut qui vult habet volunta- la grace & confacré par l'ufage des Conciles, des tem, ita poteftatem Peres, & des Theologiens de tous les fiecles. Si ce qui poteft. Sed ut poteftatealiquid fiat, terme dans fon fens propre & naturel, avoit été voluntas aderit..... équivoque: les Conciles & les Peres, depuis l'erUnde hoc quifque in reur de ces heretiques qui difoient les Commanpoteftate habere didemens impoffibles, n'auroient-ils pas expliqué ce que fignifie pouvoir dans le langage de la Foy? Les Janfeniftes, qui s'efforcent aujourd'hui d'enveloper d'obscuritez & d'équivoques les expreffions les

citur, quod fi vult fa

cir; SI NON VULT NON FACIT S. Aug.

L. de Spiritu & listera, c. 30. n. 53.

plus intelligibles des faines paroles dans lefquelles nos Décifions font conçûës, n'ont pû jusques ici obliger l'Eglife à ajouter rien à fes Définitions. Elle eft fimple dans fon langage. Les Fideles entendent fa voix fans s'y méprendre; & il n'y a que les Novateurs, qui y recherchent & y trouvent des équivoques. Elle entend par pouvoir ce qui rend le Commandement poffible, qui feroit fans ce pouvoir veritablement impoffible. Elle entend ce pouvoir que nous avons, quand même nous ne voulons pas agir, Poffumus aliquando quod nolumus : en un mot ce que le Fidele avec le fecours que Dieu lui donne, ou qu'il eft prêt de lui donner, pratique s'il le veut, & quil ne pratique pas s'il ne le veut pas, Unde hoc quifque in fua poteftate habere dicitur, quod fi vult facit; fi non vult, non facit. Le pouvoir & le vouloir font deux choses tres - diftinguées & quelquefois tres-feparées, dit S.Auguftin, Cum duo quadam fint VELLE POSSE c. Ne permettons pas aux Ecrivains du Port-Royal de les confondre; pour fauver la doctrine de Janfenius, qui ne veut jamais les diftinguer, lorfqu'il s'agit de la grace actuelle. Un langage fimple & orthodoxe tel qu'est celui de S. Auguftin détruiroit ce' fyfteme erroné. Notre Auteur a donc grand tort de dire hardiment fans preuve & fans garand, que ces paroles du Concile, ADJUVAT UT POSSIS, Dieu vous aide afin que vous puiffiez, s'entendent de la grace efficace, & non de la grace suffisante.

[ocr errors]

diftinguées

Mais, fi ces paroles du Concile ne s'entendent que de la grace efficace, comme le prétend ici le P. Juenin: Dieu n'aide donc pas tous les justes

[blocks in formation]
[blocks in formation]

pour pouvoir acomplir le Commandement? car il ne donne pas la grace efficace à tous les juftes. Cependant le Concile de Trente décide, abfolument & fans reftriction, que Dieu les aide afin qu'ils puiffent acomplir les Commandemens, Adjuvat ut poffis. Il étend ce fecours à tous les juftes à qui le Commandement eft fait.

a

Comment notre Auteur fe tirera-t-il de cet embaras? Il ne fçauroit le faire qu'en fuivant jusques au bout le systeme de au bout le systeme de " Janfenius; qui dans ces paroles du Concile, Dieu vous aide afin que vous puissiez, fous-entend du coté de Dieu cette condition tacite, S'il vous exauce: Si exaudiat, adjuvat ug poffis.

Notre Auteur n'avertit pas le lecteur, toutes les fois qu'il copie Janfenius. Etrange maniere d'interpreter le Concile de Trente! Propofition identique & illufoire. C'en eft fait de la Religion, s'il est permis à chacun d'expliquer les Décifions de la Foy felon de tels préjugez.

Ainfi fi l'on en croit Janfenius & le P. Juenin; ces paroles abfoluës du Concile, Adjuvat ut poffis qui regardent generalement tous les juftes lefquels ne forment point volontairement d'obstacle à la grace, n'ont d'aplication qu'à certains juftes privilegiez. Il les aide s'il les veut exaucer, il aide ceux qu'il veut aider. Voilà ce qu'il faut neceffairement que le P. Juenin dife, & s'il refufoit de le dire, les principes qu'il vient d'établir l'y obligeroient malgré lui. Car dés lors qu'il a entendu ces paroles du Concile de la feule grace efficace, & qu'il avouë que la grace efficace n'eft pas donnée à

tous les justes: il faut neceffairement qu'il fousentende avec Janfenius cette condition tacite de la part de Dieu, SI EXAUDIAT, S'il vous exauce, il vous aide afin que vous puissiez condition dependante de la pure volonté de Dieu, & nullement de la fidelité du jufte. Ainfi la fouftraction du fecours defigné par ces paroles du Concile, Adjuvat ur poffis, lequel felon le P. Juenin donneroit à ce jufte le parfait pouvoir, ne vient point de fa faute; mais uniquement de la volonté de Dieu, qui le lui refuse le premier, fans qu'il ait merité ce refus par aucune infidelité de fa part à la grace pre

Tente.

C'est là fans doute la doctrine du P. Juenin, puifqu'il enfeigne clairement, que la grace efficace eft quelquefois refufée aux juftes mêmes qui prient felon toute l'étendue de leur grace prefente; comme nous allons le voir dans un autre Commentaire de fa façon fur le même paffage du Concile de Trente: Commentaire qui confirme tout ce que nous venons de dire, & qui acheve de prouver que notre Auteur a enseigné en termes équivalents là 1o. propofition de Janfenius.

a

«

cr

[ocr errors]

Ces paroles, dit-il, que le Concile a emprun- « tées de S. Auguftin: Dieu en vous donnant des Commandemens vous avertit de faire ce que vous pouvez, & " de demander ce que vous ne pouvez pas, fupofent que les preceptes ne font pas poflibles à quelques juftes, qui font excitez par la grace fuffifante puifqu'ils prient. Je parle, dit-il, de cette poffibilité, qui renferme tous les fecours neceffaires acomplir actuellement les Commandemens.

pour

¢

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Hæc verba que Concilium ex Auguftino laudat, Ju

bendo monet & facere quod poffis, & petere quod non poffis,fupponunt aliquibus juftis, iis etiam qui (CUM ORENT) gratiâ fufficiente seu excitante, moventur, poffibile non effe præceptum câ poffibilitate quæ complectitur omnia auxilia quæ neceffaria funt ut præ

ceptum actu ferve tur. To. 1. p. 443:

« AnteriorContinuar »