SUR LES APPARITIONS Des Anges, des Démons & des Efprits. E T SUR LES REVENANS ET. VAMPIRES. De Hongrie, de Boheme, de Moravie Par le R. P. Dom AUGUSTIN CALMET, A PARIS ; Chez DE BURE l'aîné, Quai des Auguftins M. D C C. X L V I. Avec Approbation & Privilege du Roy. PREFACE. De la Differtation fur les Apparitions des Anges, des Démons, & des Efprits, & fur certains effets qui paroiffent furnaturels, L E grand nombre d'Auteurs qui ont écrit fur les Apparitions des Anges, des Démons, & des ames féparées du corps, ne m'eft pas inconnu, & je ne préfume pas affés de ma capacité, pour croire que j'y réuffirai mieux qu'ils n'ont fait & que j'enchérirai fur leurs lumieres & fur leurs découvertes. Je fens bien que je m'expose à la critique, & peutêtre à la rifée de bien des Lecteurs, qui regardent cette matière comme ufée & comme décriée dans l'esprit des Philofophes, des Savans, & de plufieurs Théologiens. Je ne dois pas compter fur l'approbation du peuple que fon peu de difcernement empêche d'être un juge compétent dans cette matiere. Mon but n'eft pas de fomen ter la fuperftition, ni d'entretenir la vaine crédulité des Vifionaires & de ceux qui croient fans examen tour ce qu'on leur raconte dès qu'ils y trou vent du merveilleux & du furnaturel. Je n'écris donc que pour des Efprits raifonnables & non prévenus, qui examinent les chofes férieufement & de fang froid, je ne parle que pour ceux qui ne donnent leur confentement aux vérités connues, qu'avec maturité, qui favent douter dans les choses incertaines, fufpendre leur jugement dans les chofe douteufes, & nier ce qui eft manifeftement faux. Pour les prétendus efprits forts, qui rejettent tout pour fe diftinguer, & pour se mettre au deffus du commun, je les laiffe dans la fphere de leur éle vation; ils penferont de mon Ouvrage ce qu'ils jugeront à propos, comme il n'eft pas fait pour eux, apr & paramment ils ne prendront pas la peine de le lire. Je l'ai entrepris pour ma propre inftruction & pour me former à moimême une jufte idée de tout ce qu'on dit fur les Apparitions des Anges des Démons & des ames féparées du corps. J'ai voulu voir jusques à quet point cette matiere étoit certaine ou incertaine; vraye, ou fauffe; connue, ou inconnue; claire & ou obf cure. Dans le grand nombre de faits & d'exemples que j'ai ramaffez, j'ai tâché d'apporter du choix, & de n'en pas entaffer une trop grande multitude, de peur que dans le trop grand nombre d'exemples, les douteux ne nuififfent aux certains, & qu'en vou→ lant trop prouver, je ne prouvaffe abfolument rien. Il s'en rencontrera même entre ceux que j'ai cités, qui ne trouveront pas aifément créance parmi plufieurs Lecteurs, & je confens qu'ils les tiennent comme non rapportez. |