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& peuvent s'attirer en liberté? On verra par la fuite de ce Paragraphe, qu'envain on chercheroit à affigner quelqu'autre cause à ce phénomene, ou à mille autres phénomenes femblables.

III. Pour fimplifier les chofes : nous regarderons la Loi d'Affinité, comme une Loi à part; comme une Loi en tout diftinguée de la Loi générale d'attraction, avec laquelle elle n'a en effet rien de commun. CAUSE EFFICIENTE DES ATTRACTIONS SPÉCIALES OU DES AFFINITÉS CHYMIQUES.

91. OBSERVATION. En fuppofant réelle la Loi d'Attraction spéciale dont nous venons de donner une idée: la Tendance particuliere qu'ont certains Corps analogues les uns vers les autres, a pour caufe efficiente, l'action de l'Etre créateur; qui, en conféquence de la Loi par lui portée & de l'Ordre de chofes par lui établi, imprime ce mouvement aux Corps analogues, à l'occafion de leur co-existence, de leur analogie de leur contiguité ou de leur très-grande proximité. Ainfi, pour donner des définitions fimples & lumineufes fur tous ces objets :

1o. Cette Tendance particuliere qu'ont entre eux certains élémens infiniment peu éloignés les uns des autres, eft un mouvement qui leur eft imprimé par l'Être créateur, feule caufe efficiente de tout mouvement dans la Nature. (76).

II. Ce Mouvement a pour caufe occafionnelle, conféquemment à la Volonté primitive & toujours fubfiftante de l'Être créateur, la Co-existence & la très-grande Proximité des élémens qui forment ces Corps plus ou moins analogues.

Quand la proximité s'eft convertie en contiguité: la Tendance réciproque fubfifte & produit une adhéfion ou une réfiftance à la féparation. Plus l'analogie & la contiguité font parfaites: plus eft grande

dans les Corps & la tendance & l'adhéfion qui réfulte de cette tendance.

92. QBJECTION. L'Attraction fpéciale, on l'Affinité des Corps, a bien l'air d'un de ces êtres fabuleux que l'imagination enfante pour expliquer des phénomènes dont la Raifon ignore la caufe: n'at-elle pas du moins un peu trop d'affinité & d'analogie, avec les Qualités occultes du Péripatétifme? D'ailleurs en quoi peut confifter l'analogie des Elémens destinés à s'attirer réciproquement? C'est certainement ce que l'on ne peut expliquer.

RÉPONSE. I°. L'Affinité que nous fuppofons dans la Nature, avec les plus célebres & les plus profonds Naturaliftes, eft démontrée par un nombre innombrable de phénomènes, qu'on ne peut attribuer qu'à cette caufe: comme le feront voir les expériences & les obfervations fuivantes. Ainfi l'exiflence de cette Loi d'affinite, eft démontrée comme l'exiftence d'une Loi d'impulfion, d'une Loi de gravitation, par les effets. S'il faut d'autres preuves pour faire voir que ces Loix ne font point des phantomes de l'imagination: il n'y a plus rien de certain & d'affire dans fa Phyfique.

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I. et clair qu'il n'y a rien d'occulte, rien dobfcur, dans la définition fimple & lumineufe que nous venons de donner & de la cause & de la nature des affinités Chymiques.

Il eft clair par conféquent que la Tendance réciproque qu'ont certains corps entre eux, ne préfente rien de commun avec les Qualités occultes du Péripatifime qualités dont on ne donnoit aucune idée, qu'on ne pouvoit ni définir, ni concevoir.

Nous aurons occafion dans la fuite, en traitant au Yong de l'Attraction générale, de réfoudre quelques vames Difficultés qui lui font en partie communes

avec l'Auraction Spéciale dont il est ici uniquement queftion. (1422).

II°. Comme on ne peut observer en eux-mêmes les Elémens primitifs des corps, que leur infinie petiteffe fouftrait néceffairement à notre vue aidée des meilleurs Microscopes: il n'eft pas en notre pouvoir de déterminer quelle eft la figure & la nature des Elémens analogues entre eux, ou des élémens qui ont entre eux une affinité plus marquée fur le point du contact. Mais il n'eft pas moins certain qu'il y a des élémens qui ont plus d'affinité, plus d'analogie entre qu'ils n'en ont avec certains autres élémens.

eux,

Il y a une analogie bien décidée & bien matquée, entre certaines Efpeces homogenes de fubitances, par exemple, entre les parties intégrantes de deux gouttes d'Eau, entre les parties intégrantes de deux petites portions de Mercure : de-là, l'Attraction réciproque de ces deux gouttes d'eau, de ces deux petites portions de mercure.

ya auffi une analogie bien décidée & bien marquée entre certaines Elpeces hétérogenes de fubftances, par exemple, entre les parties intégrantes des Acides & les parties intégrantes des Alkalis; entre les parties intégrantes de Featr & les parties intégrantes du fel cominum, du fel de nitre, & ainfi du refte.

Ce rapport réciproqué, cette affinité mutuelle, qui exifté & entre des élémens femblables ou homogenes, & entre des élémens diemblables on hétérogenes; c'eft ce que nous nommons ici leur Analogie: quelle que puiffent être & la figure & la grandeur & la conftitution intrinfeque qui donnent à ces fortes d'élémens, un tel rapport, une telle affinité.

PROPOSITION FONDAMENTALE.

93. Il eft démontré par une infinité de Phenomenes; qu'il y a dans la Navuré, des Affinités particulieres,

qui ne peuvent s'expliquer d'une maniere fatisfaifante, que dans l'hypothefe d'une Loi Spéciale d'attraction entre certaines Efpeces d'élémens, fur le point du contact ou dans l'état de contiguité: donc une telle Loi d'attraction exifte.

EXPLICATION. Quand nous mîmes fous les yeux du Public, il y a environ quinze ans, la théorie des Affinités chymiques, dont il eft queftion, théorie alors peu connue & peu accréditée : nous fuppliâmes nos Lecteurs, de ne point céder fubitement & fans examen, à un certain inftin&t qui révolte d'abord toutes les puiffances de l'Ame, contre une Vérité philofophique que nous n'avions nous-mêmes adoptée, qu'après avoir tenté vainement, pendant plufieurs années, de la méconnoître, de la combattre, de la détruire,

Depuis lors, cette même théorie a acquis du crédit & de la confiftance; & nous ofons nous flatter de l'avoir élevée jufqu'à l'entiere & complette certitude, dans notre théorie des nouvelles Découvertes en genre de Phyfique & de Chymie. (1516& 1524).

Dans la Propofition générale & fondamentale que nous avons à établir dans tout ce Paragraphe : fi l'Antécédent eft vrai, il eft clair que la conféquence eft certaine & indubitable; puifque toute Caufe eft démontrée par fes effets. Il s'agit donc ici uniquement d'examiner la vérité de cet Antécédent.

La Phyfique & la Chymie nous fourniffent de concert, dans une infinité de Phénomenes qu'elles nous mettent fous les yeux, des preuves triomphantes & décifives, en faveur des Affinités chymiques ou des Attractions Spéciales: affinités ou attractions évidemment indépendantes de la Loi d'impulsion & de la Loi générale d'attraction.

Nous allons choifir & expofer, parmi ces phéno

menes,

menes, les plus connus & les plus intéreffans; les plus propres par là même, à rendre bien fenfible la Vérité fondamentale que nous venons d'énoncer & que nous avons à établir.

PREMIER GENRE DE PREUVES. L'ATTRACTION DE L'EAU ET DU MERCURE.

94. DESCRIPTION. L'Eau, parfaitement pure, eft un fluide diaphane, incompreffible, fenfible & palpable, très-fufible & très-volatil, fans couleur, fans odeur, fans faveur, fans reffort ou fans élafticité.

Les Parties intégrantes de cet élément, ont réfifté efficacement, du moins jufqu'à ces derniers tems, à tous les efforts qu'a faits la Chymie, pour les décompofer: ce qui prouve que l'Eau eft un des corps les plus fimples de la Nature, fi elle n'eft pas le plus fimple de tous.

Mais, à raifon de la grande affinité qu'elle a avec une infinité de fubftances différentes, il eft rare, qu'elle fe trouve parfaitement pure; & dans ce cas, la Chymie peut en extraire, par la voie de la diftillation ou de l'évaporation, les corps qui lui font étrangers; tels que certaines terres & certains fels.

95. ASSERTION. L'Eau paroît avoir une Force at tractive spéciale, indépendante de la Loi générale d'attraction:

Deux expériences bien fenfibles & bien décifives vont établir la vérité de cette affertion particuliere qui eft une branche de la Propofition fondamentale. 96. EXPÉRIENCE I. Après avoir trempé dans l'eau, . un morceau de bois de Sapin; fufpendez-le par une ficelle à une petite balance, & mettez-le en équili bre avec un poids oppofé: approchez enfuite pardeffous, un vafe plein d'eau; en telle forte que la Tome I.

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