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s'il eft touché par une furface d'eau comme 1; fera attiré par une force comme 10, s'il eft touché par une furface d'eau dix fois plus grande.

Mais la partie de cette maffe d'eau qui n'a point de contact, foit qu'elle ait plus ou moins de largeur, foit qu'elle ait plus ou moins de profondeur n'exerce aucune vertu attractive fur le fapin: parce qu'elle manque de la condition effentielle d'où dépend fon action, favoir, de la contiguité.

SECOND GENRE DE PREUVES.

LES DISSOLUTIONS CHYMIQUES. 101. DÉFINITION. La Diffolution des Corps, eft un opération par laquelle les parties intégrantes d'un corps, s'uniffent & fe combinent avec les parties intégrantes d'un autre corps de nature différente: en telle forte que de cette union & de cette combinaifon, il réfulte un nouveau Compofé, qui n'eft proprement ni le corps qui diffout, ni le corps qui eft diffous, mais un mélange combiné de l'un & de l'au- › tre. Telle est une pinte d'eau, dans laquelle on a diffous quatre ou cinq onces de fel commun: ce n'eft pas de l'eau, ce n'eft pas du fel: c'eft une combinaifon de ces deux efpeces de fubftance : c'eft un Tout nouveau.

1o. On voit, par cette définition, que la fimple di-: vifion ou féparation des Parties intégrantes d'un corps, n'eft pas une diffolution. Le Plomb, devenu liquide par l'action du feu, eft fondu, & non diffous. Pour que le Plomb foit diffous, il faut que fes parties intégrantes fe combinent avec les parties intégrantes d'un autre corps; par exemple, du mercure ou de l'eau forte.

II. Dans une Diffolution chymique, quoique les deux corps d'où réfulte le nouveau Compofé, con

tribuent réciproquement à l'action de la diffolution: on appelle Diffolvant, le corps dont les parties intégrantes font déjà défunies & fluides avant la diffolution ; & on nomme Diffous, le corps dont les parties ne fe défuniffent que par l'acte même de la diffolution ou de la combinaifon des deux corps.

DISSOLUTION DES SELS.

102 DESCRIPTION. Les propriétés effentielles & caractéristiques de toute Subftance qui mérite d'être regardée comme faline, font d'avoir de la faveur d'être diffoluble dans l'eau, d'avoir une pefanteur & une fixité moyennes entre celles de l'eau & celles de la terre pure. Tel eft le fel commun, tel eft le fucre, tel eft le falpêtre ou le nitre.

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Parmi la multitude prefque infinie des Corps dans lefquels on obferve des propriétés falines; on a remarqué qu'il y en a un grand nombre qui font compofés d'une fubftance faline par elle-même, & d'une ou de plufieurs autres fubftances qui par ellesmêmes ne font point falines.

C'eft fans doute cette obfervation, qui a donné lieu au célebre Chymifte Sthal, de foupçonner qu'il n'y a dans la Nature qu'un feul Principe falin, qui fe modifie en une infinité de manieres différentes, par fon mélange avec une foule de fubftances non falines; & que ce Principe falin unique eft l'Acide vitrioLique, le plus actif & le plus inaltérable de tous les Principes falins.

103. EXPÉRIENCE. Empliffez environ jufqu'aux deux tiers de leur capacité, d'une eau pure de fontaine, trois Gobelets de criftal; mettez du Sel commun dans le premier; du Sucre dans le fecond; du Salpêtre dans le troifieme.

EFFETS. L'eau divife & diffout ces trois efpeces

de Sels, en particules fi ténues & fi imperceptibles, qu'on ne peut les appercevoir à l'aide du meilleur Microscope: de forte qu'après que ces trois efpeces de Sels fe font mêlées à l'eau, où elles fe font très-bien fentir au goût; fi on prend une goutte de ces différentes diffolutions, dans l'un des trois Gobelets indif féremment, & qu'on la regarde avec une excellente Loupe, avec un excellent Microscope, on ne voit qu'une fimple Liqueur limpide.

Io. L'eau diffout & tient en diffolution une quantité de Sel commun à peu près égale au quart de fon poids; après quoi fon action eft épuifée; & le nouveau fel commun qu'on y mêle, refte au fond en maffe concrete, & ne s'y diffout plus : c'eft le Point de faturation, Bouillante, elle n'en diffout guere plus que lorfque elle eft froide.

II°. L'eau diffout & tient en diffolution une beaucoup plus grande quantité de Sucre: elle parvient donc beaucoup plus difficilement à l'égard du fucre qu'à l'égard du fel commun, au Point de faturation.?

III°. L'eau froide diffout une quantité déterminée de Salpêtre après quoi elle arrive au point de Saturation, & n'en diffout plus. Bouillante, elle diffout une quantité incomparablement plus grande du même falpêtre après quoi elle arrive enfin à un nouveau Point de faturation, où elle ceffe d'en diffoudre d'avantage.

IV°. Saturée de Sel commun, l'eau eft encore en état de diffoudre une quantité plus ou moins grande de Sels différens, tels que le Sucre & le Salpêtre : quand fon action eft épuifée relativement au premier fel, elle conferve donc éncore une force réelle pour diffoudre des fels d'une autre efpece.

104. ASSERTION. Le phénomene de la Diffolution des Sels, paroît dépendre uniquement de la Loi d'affinité, ou d'une Attraction Spéciale entre l'Eau & les Sels.

DÉMONSTRATION. Le Sel commun, que nous pren drons ici pour exemple général, plus pefant que l'eau, fe précipite d'abord en maffe & fous fa forme concrete, au fond du Vafe où l'eau eft contenue. Comment & en vertu de quoi remonte-t-il & se diftribue-t-il dans toute la maffe de l'eau ?

On voit d'abord, qu'il s'agit ici d'un grand Phénomene; d'un phénomene qui fe montre perfévéremment fur les deux tiers de la furface de notre Globe: puifque les deux tiers de cette furface, font formés par l'eau falée de la Mer.

1°. Ce Sel, placé au fond du Vafe, n'est point diffous & exalté par l'action d'une Matiere tourbillonnante. Caufe de la dureté & de la pefanteur des corps, felon les Cartéfiens, comment feroit-elle en même tems la caufe de la divifion & de l'exaltation des mêmes corps? Ce feroit attribuer à cette Caufe fabuleuse, une double vertu diamétralement oppofée.

II. Ce Sel n'eft point diffous & exalté en vertu de l'Attradion générale, de l'Attraction commune à tous les corps indiftinctement. Car quelque force attractive que l'on fuppofe entre l'eau & le fel commun, dans leur contact: comme cette Attraction affecte indifféremment tous les corps, elle ne peut tendre qu'à les unir plus fortement entre eux indif tinctement. Elle ne doit donc tendre qu'à unir l'eau avec le fel qu'elle touche: au lieu de tendre à défunir & à difperfer les molécules de ce fel, dans toute la maffe de l'eau.

III°. Ce Sel n'eft point diffous & exalté par la fimple action du feu ou de la chaleur: puifqu'un Thermometre plongé dans une eau de fontaine, ne monte point, quand on y met diffoudre du fel. L'action de la Chaleur, qui ne le diffout pas hors de l'eau, ne le diffout donc pas dans l'eau, où elle n'eft pas plus grande. IV. Ce Sel n'est point diffous & exalté par le poids

& par la gravitation de l'Eau. Car, comment & en vertu de quoi le poids & la gravitation de l'eau, opéreroient-ils la féparation des molécules du Sel? On aura beau fe figurer abfurdement les molécules de PEau, comme tout autant de petits Coins, propres à s'infinuer entre les Parties intégrantes du fel à divifer: il faudra toujours à ces prétendus petits Coins, une Force impulfive ou attractive, qui les faffe agir, qui les enfonce avec violence, entre les Parties intégrantes du Sel.

Or, cette Force active peut-elle être autre chose qu'une Attraction spéciale entre les molécules de l'eau & les molécules du fel à divifer? Le poids de l'eau fupérieure, lutte autant contre les molécules à divifer que contre les prétendus petits coins, deftinés à opérer la divifion : ce poids de l'eau eft donc évidemment une force nulle, relativement à la diffolution du fel.

Et d'ailleurs ce poids de l'eau, ou telle autre vertu impulfive qu'on voudra imaginer dans l'eau, devroit divifer & féparer les molécules d'un morceau de Cire, plus aifément & plus efficacement que les molécules d'un morceau de Sel criftallifé qui eft un corps beaucoup plus dur: ce qui eft contraire à l'expérience.

105. RÉSULTAT. C'eft donc uniquement en vertu de l'Attraction Spéciale qui fe trouve entre les molécules élémentaires de l'eau & les molécules élémentaires du Sel commun, qu'une maffe plus ou moins confidérable de ce fel, jettée dans un vaiffeau plus ou moins profond, qui contient une fuf-i fifante quantité d'eau naturelle, s'y diffout entiérement & fe diftribue uniformément dans toute la maffe de l'Eau. Et on peut dire la même chofe, du fel de nitre, du fel de Glauber, du fel ammoniac & ainfi du refte.

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