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ties intégrantes, fe combinent avec elles, & les tien nent en diffolution dans leur maffe liquide.

114. EXPLICATION. La Diffolution de l'Or par l'eau régale, ne peut réfulter que d'une Attraction Spéciale entre les élémens de l'or & les élémens de Peau régale.

Toutes les autres causes étant inadmiffibles dans ce phénomene; ainfi que dans tous les autres phé nomenes des diffolutions : il eft très vraisemblable que celle que nous lui affignons, en eft la vraie cause phyfique.

115. REMARQUE. Mais pourquoi l'Eau-forte, qui feule diffout l'argent, feule ne diffout-elle pas auffi l'or? Pourquoi enfuite l'Eau régale, qui diffout l'or, ne diffout-elle pas l'argent? Quel changement peut opérer, relativement à ce double phénomene, le mélange de l'Acide nitreux avec l'Acide marin?

116. EXPLICATION I. Quelques Phyficiens, pour rendre raison de ce double phénomene, ont recours à une diverfité de pores dans ces deux Métaux: pores acceffibles aux molécules de l'eau-forte dans l'argent, inacceffibles aux mêmes molécules de l'eau-forte dans l'or: pores enfuite acceffibles aux molécules de l'eau régale dans l'or, inacceffibles aux mêmes molécules de l'eau régale dans l'argent, Mauvaise explication à toute forte d'égards! Car,

1o. En fuppofant réelle cette différence de pores: conçoit-on comment les pores de l'Or, inacceffibles aux molécules de l'Acide nitreux, deviendront acceffibles aux mêmes molécules de l'Acide nitreux; quand ces molécules feront unies & combinées avec d'autres molécules qui ne les dénatureront point?

C'eft dire, ce me femble, qu'une épée nue ne pe t pas pénétrer dans une ouverture donnée; mais que cette même épée y pourra pénétrer, étant unie avec Tome I.

I

fon fourreau, ou avec tel autre corps qui n'altere point fa maffe & fa figure. Car dans les diffolutions, les Parties intégrantes des corps diffous, confervent leur nature primitive; & par-là même, leur même figure & leur même masse.

II°. Si on veut que lá Diffolution opere une plus grande divifion dans les parties combinées : conçoiton comment les pores de l'Argent, acceffibles aux molécules de l'Acide nitreux, deviendront inacceffibles aux mêmes molécules de l'Acide nitreux; quand ces molécules auront été plus atténuées par leur combinaifon avec l'Acide marin, duquel elles peuvent fe détacher pour fe précipiter dans ces pores? III. En fuppofant telle divifion, tels pores, telles figures qu'on voudra dans les deux Métaux qui fe diffolvent: conçoit-on, fans la Loi d'affini.é & d'attraction, comment un Fluide qui devroit être paisible & immobile, fe orte & s'infinue avec violence dans les pores & entre les parties folidement adhérentes de ces métaux; comment ces parties folidement adhérentes de ces métaux, fe féparent les unes des autres, fe difperfent en tous fens dans toute la maffe du Diffolvant, & vont s'unir jufqu'au point précis de faturation, à toutes les molécules de ce même diffolvant? Cette explication eft donc fauffe & ruineufe.

117. EXPLICATION II. Voici donc une autre cause & une autre raison de cette diverfité de phénomenes. I. L'Acide nitreux, ou l'Eau forte, diffout l'argent, & ne diffout pas l'or: parce que les molécules de cet Acide, capables de pénétrer dans les pores de ces deux métaux, ont une affinité avec les molécules de l'Argent, & n'ont pas la même affinité avec les molécules de l'or. Elles doivent donc être attirées par l'argent, & non par l'or.

II. L'Acide nitreux, combiné avec l'Acide marin,

ou l'Eau régale, diffout l'or, & ne diffout pas l'argent: parce que les molécules de l'Acide nitreux, combinées avec les molécules de l'Acide marin, forment de nou veaux Touts, différens des deux principes ifolés qui les conftituent; & que ces nouveaux Touts ont une affinité avec les éléments de l'or, fans avoir la même affinité avec les éléments de l'argent.

Les molécules de l'Acide nitreux, pour être combinées avec les molécules de l'Acide marin, ne ceffent pas de pouvoir pénétrer dans les pores de l'argent: puifqu'en fe détachant des molécules de l'Acide ma❤ rin, elles pourroient, comme avant le mélange, s'in finuer & fe précipiter dans les mêmes pores de l'argent.

Mais ces molécules de l'Acide nitreux, ont avec les molécules de l'Acide marin, une Affinité com→ plexe, qui épuise & détruit leur attraction avec l'ar gent, & qui fait naître une attraction avec l'or. Elles doivent donc ceffer d'être attirées par l'argent, & commencer à être attirées par l'or. (87).

LES PRÉCIPITATIONS CHYMIQUES.

I 18. DÉFINITION. La Précipitation chymique est une opération par laquelle on défunit l'un d'avec l'autre, deux Corps en diffolution, par le moyen d'un troi fieme corps qui a la propriété de s'unir avec l'un des deux, & de forcer l'autre à s'en féparer à mesure qu'il s'y unit.

On appelle Précipitant, le corps qui fert d'intermede pour opérer la féparation des deux corps qui

étoient unis.

On nommé Précipité, celui des deux corps qui, en fe détachant dit corps auquel il étoit uni, ne s'atta che point au Précipitant; & fe dépofe communément au fond du vase où fe fait cette opération.

1°. Il eft certain d'abord, qu'aucune Précipitation ne

peut fe faire; qu'en vertu d'une affinité du Précipitant, beaucoup plus forte que celle du Précipité, avec la fubftance dont ce dernier eft féparé.

Cette étonnante propriété qu'ont certaines fubftances d'en féparer ainfi d'autres, quoique très-étroitement unies, eft la vraie caufe phyfique d'une infinité de phénomenes également intéreffans & pour la Chymie & pour toute la Phyfique.

Par exemple, on n'eût jamais connu l'Acide du fel commun, les Acides d'une infinité d'autres fubftances: fans le fecours de certains Acides plus puiffans, qui ont la vertu de les féparer d'avec leurs Alkalis; c'est-à-dire, de certaines fubftances qui font comme leurs enveloppes & leurs bafes, & dans lesquelles ils se trouvent naturellement engagés.

II. Ileft certain enfuite, qu'il n'y a point de Préci pitation chymique; fans une nouvelle combinaison du Précipitant avec l'un des deux Principes qui étoient auparavant unis & diffous enfemble.

Si la Chymie donne quelquefois le nom de Précipitation, à certaines opérations qui manquent de cette condition : c'eft, de fon propre aveu, un abus de ce terme.

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III. Il eft certain enfin, qu'il ne fe fait jamais de Précipitation, que dans des matieres fluides: puifque fi elles n'étoient pas fluides; l'un des corps unis, ne pourpas fe détacher de l'autre, pour fe précipiter. Comme les corps peuvent être rendus fluides ou par l'eau ou par le feu: on diftingue deux fortes de précipitations, l'une par la Voie humide, l'autre par Voie feche.

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On doit rapporter à la premiere, ou à la voie humide, toutes les décompofitions des Sels à bafe terreufe & métallique; que l'on fait diffoudre dans l'eau, lorfqu'on veut féparer leurs bafes d'avec leurs Acides, par le moyen d'un intermede convenable.

On doit rapporter à la feconde, ou à la voie feche, les opérations par lefquelles on fépare l'un de l'autre deux Métaux ensemble unis & combinés : ce à quoi l'on parvient, en les faifant fondre enfemble; & en les mêlant avec la fubftance qui doit procurer la féFaration de leurs parties. (1654 & 1658).

119. EXPÉRIENCE. Dans un grand Gobelet de Cryftal, verfez une quantité confidérable d'Eau - forte bien concentrée ; & mettez dans cette eau-forte, une très-petite piece d'argent. L'eau-forte la diffoudra toute entiere, & la tiendra en diffolution.

Dans cette Diffolution d'argent, plongez quelques petites lames de cuivre. L'eau-forte attire le cuivre plus fortement que l'argent : d'où il arrivera que l'argent détaché de l'eau-forte, se précipitera au fond du gobelet, fous la forme d'une poudre ; & que le cuivre se mettra en diffolution avec l'eau-forte.

Dans cette Diffolution de cuivre, plongez de la limaille de fer. Comme le fer eft attiré par l'eauforte, plus puiffamment que le cuivre: le cuivre aban donnera fon diffolvant, & fe précipitera au fond.

Dans cette Diffolution de fer, plongez du zinc, L'eau-forte agiffant encore d'avantage fur le zinc que fur le fer: celui-ci quittera fon diffolvant, & fe précipitera au fond.

Dans cette Diffolution de zinc, jettez des yeux d'écreviffes. Après avoir fermenté d'une maniere terrible avec l'eau-forte, ces yeux d'écreviffes l'attirent & en font attirés; & le zinc, abandonné de fon diffolvant, se précipitera au fond,

Sur cette Diffolution d'yeux d'écreviffes, verfez de l'efprit urineux. Il fe fera une nouvelle effervefcence caufée par l'attraction réciproque & fupérieure du Sel urineux & de l'eau-forte; & alors les yeux d'écrevifses, se sépareront de leur diffolvant, & fe précipiteront au fond.

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