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maffe de l'air, fe précipitent continuellement avec l'air, dans le fein de la matiere bouillonnante, pendant tout le tems de l'expérience.

L'Or, placé au foyer de la Loupe, jaillit en particules plus fenfibles, emportées par une chaleur plus violente. L'or, un peu écarté de ce même foyer, & expofé à un feu moins violent, continue à bouillonner & à jaillir en particules plus infenfibles, qui forment le torrent de fumée en laquelle il s'évapore. Pendant l'expérience où l'or écarté du foyer, s'exhale en fumée; les élémens de l'or, fe diffipent en particules imperceptibles, divifées & emportées par l'action du feu, fans être décompofées & dénaturées; & en leur place fe fubftituent des fables & des fels, voiturés par le torrent de l'air, qui s'accumulent fucceffivement dans la matiere bouillonnante & que l'action du feu y vitrifie.

De-là, la formation du Verre, que l'on trouve en la place de l'or, après l'expérience. Ce Verre eft plus pefant que le verre ordinaire: parce qu'il retient une quantité confidérable de molécules d'or non-dénaturées, que les fables & les fels arrêtent & captivent dans leurs concavités; & de qui ces fables & ces fels vitrifiés empruntent la couleur d'or qui les caractérise. (135).

Ce qui arrive à l'Or, arrive à-peu-près de même à l'Argent dans la même expérience. Un morceau d'argent, placé fur un charbon & expofé au foyer de la Loupe, fe fond, bouillonne, pétille, & jaillit en petites gouttes. Un peu écarté du foyer de la même Loupe, il s'évapore en fumée; & fur fa furface liquide, il préfente comme une petite pouffiere vitrifiée, qui s'évapore & fe diffipe à mesure qu'elle fe forme; & qui par-là même, ne laiffe point une maffe vitrifiée que l'on puiffe obferver après l'expérience. Il est probable que cette pouffiere vitrifiée, que

l'œil

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découvre fur la furface de l'Argent liquide, eft le résultat des fables & des fels que le torrent de l'air précipite fans ceffe dans la matiere bouillonnante, & que la violence du feu vitrifie à mesure qu'ils y

arrivent.

Mais pourquoi cette matiere vitrifiée fe diffipet-elle dans l'expérience de l'argent, tandis qu'elle reste & qu'elle fe forme en maffe fubfiftante dans l'expé rience de l'or? Question totalement étrangere & abfolument indifférente à la matiere préfente! On peut foupçonner, dans la matiere de l'or, ou une affinité, ou une vifcofité, ou une propriété quelconque, capable de retenir & de fixer les fables & les fels vitrifiés; qui ne fe trouvera pas de même, dans la matiere de l'argent.

Cette même Loupe n'opere pas les mêmes phénomenes fur la Platine, dans laquelle elle peut à peine opérer un commencement de fufion.

II. Quand même il feroit certain que les élémens de l'Or fe convertiffent en Verre: il ne s'enfuivroit pas de-là, que les élémens de l'Or, aient été entamés & tronqués en eux-mêmes. Dans l'hypothese où la fubftance même qui compofe l'or, eft convertie en verre : les Métaux parfaits, ainfi que les autres Subftances métalliques, font de vrais Mixtes, dont le phlogistique & la terre. élémentaire feront les deux principales parties conftituantes. (130).

La Terre élémentaire des Métaux parfaits, privée de fon Phlogistique qui fe confume, eft réduite à fa fimple qualité de terre métallique; devient propre à être vitrifiée, comme la terre des autres fubftances métalliques: ce qui annonce dans l'Or vitrifié, ainfi que dans le Plomb vitrifié, une fimple féparation de fes deux Conftitutifs, & l'introduction de divers Sels fixes entre les élémens de fa terre élémentaire fans annoncer aucune altération réelle

dans les molécules primitives qui conftituent cette terre élémentaire.

151. OBJECTION IV. On invente tous les jours de nouvelles Machines & de nouveaux Inftrumens propres à augmenter l'activité de la Nature. Comment prouver qu'on n'inventera pas un jour des Inftrumens & des Machines, qui décompoferont les Elemens primitifs des corps, ou les molécules primitives qui font leurs parties conftituantes; & qui, par leur mélange & leur combinaison, forment leurs parties intégrantes? Comment prouver que la Chymie, qui fépare & décompofe ces parties intégrantes, ne parviendra pas un jour à féparer & à décompofer les parties même conftituantes, qui font auffi de petits Touts compofés d'une infinité de parties. (62)?

Donc, quoique les Élémens primitifs des corps, aient réfifté jufqu'à préfent à tous les efforts des Agens créés: il ne s'enfuit pas que ces élémens primitifs ne puiffent point abfolument être entamés & divifés par les Agens créés.

RÉPONSE. Il est vraisemblable que l'action de la Nature, ne fera jamais plus grande qu'elle n'a été jufqu'à préfent. Il eft vraisemblable que les Agens créés n'inventeront jamais des Inftrumens qui fur paffent en activité, l'activité de la Nature, dans les embrasemens des Villes, dans les éruptions des Volcans, dans les épouvantables phénomènes de la Foudre & des Tremblemens de terre, dans les violentes & permanantes fecouffes des vagues de la Mer, des ouragans de l'Atmosphere, des rayons de Lumiere.

Donc il eft vraisemblable que l'action des Agens créés, qui a été jufqu'à préfent infuffifante pour altérer la Nature, dans les Elémens primitifs dont elle eft compofée, ne viendra jamais à bout d'opérer dans

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ces élémens primitifs, une altération qui iroit à dé truire & l'harmonie & la ftabilité de la Nature.

152. OBJECTION V. Les élémens des Corps, s'alterent fans ceffe, fe décompofent & fe recompofent chaque jour. Les élémens du Bois, par exemple, fe décompofent, par la combuftion ou par la putréfaction, en élémens de terre, de feu, d'eau, d'air, de divers fels, de diverfes efpeces de gas. Ces élémens décomposés, répandus dans le fein ou de la Terre ou de l'Atmosphere, vont fe recomposer en d'autres Principes, deftinés à former de nouveaux Corps, minéraux, végétaux, animaux. Donc l'infecabilité des Elémens, eft diamétralement oppofée à toute la théorie de la Nature vifible.

RÉPONSE. I°. La Combuftion, ou la Putréfaction, altere & détruit le Compofé; fans altérer les parties primitives qui forment le compofé: elle décompofe & dénature les parties intégrantes d'un Mixte, fans décompofer & dénaturer les parties conftituantes primitives de ce Mixte.

Soit un très-petit morceau de bois, formé par un mélange caractérisé de parties terreuses, falines ignées, aériennes, aqueufes! Que fait la combuftion ou la putréfaction fur ce Corpufcule? Elle divife & elle fépare les particules hétérogenes, qui par leur réunion & leur affortiment, déterminent cette petite portion de matiere, à être bois plutôt que marbre : mais elle n'entame point les élémens primitifs, qui en font les parties conftituantes primitives. Les molé cules d'air, de feu, d'eau, de terre, que la décompofition extrait de ce petit morceau de bois, font hors du Compofé, précisément ce qu'elles étoient dans le compofé, au mélange près.

Si je mêle ensemble de l'eau, de l'huile, du vin : il en résultera un mélange caractérisé, où les trois liTome I.

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queurs qui le constituent, confervent chacune leur nature. La féparation de ces trois liqueurs, détruira la nature du mélange, & non la nature des trois conftitutifs qui forment le mélange. Il en eft de même du mélange naturel, qui forme un Mixte. Les parties conftituantes confervent leur nature, pendant la compofition; & la décompofition ne fait que les dégager des particules hétérogenes auxquelles elles

étoient unies.

II°. Les Elémens primitifs des corps, que la combuftion ou la putréfaction divife & fépare, répandus & difperfés dans la maffe ou de l'air, ou de l'eau, ou de la terre, vont former de nouveaux Mixtes, ou d'une nature femblable, ou plus fouvent encore d'une nature différente : ce qui annonce, dans ces Elémens primitifs, non de nouvelles maffes & de nouvelles configurations, mais fimplement de nouvelles aggrégations, de nouveaux affortimens, de nouvelles combinaisons, de nouveaux mélanges; qu'occafionnent, ou les différens degrés d'affinité qui les attirent, ou les différentes impulfions qui les meuvent, ou les différens véhicules qui les voiturent, ou les différens canaux qui leur donnent ou qui leur refusent paffage.

Soit un Arbre quelconque, un Cerifier, par exemple, dans un Verger planté de cent efpeces différentes d'arbres fruitiers!

Ce Cerifier n'a pas une égale affinité avec tous les élémens qui avoifinent fes racines & fes pores. Il attirera donc plus puiffamment & plus abondamment certains élémens, que certains autres élémens.

Les pores & les canaux internes de ce Cerifier, foit dans fes racines deftinées à pomper les fucs de la Terre, foit dans fes branches & dans fes feuilles deftinées à fucer les vapeurs de l'Atmosphere, n'offrent pas une entrée également facile à tous les élémens qui fe préfentent à leurs orifices. Il donnera donc &

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