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il s'échappe du fein de cette plante, un torrent de matiere qui a fon cours vers la main qu'on lui préfente; & qui imprime aux feuilles flexibles d'où il s'échappe la même direction de mouvement qu'il a lui-même.

Les autres Plantes ne préfentent pas le même phénomene parce qu'elles n'ont pas une femblable matiere effluente, qui ait une tendance naturelle vers corps humain. (566).

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195. OBJECTION IV. Le Polype a évidemment une 'Ame diftinguée de la matiere & des accidens de la matiere. Pourquoi les autres Planetes n'auroientelles pas une ame femblable, quoiqu'elle s'annonce d'une maniere moins fenfible?

RÉPONSE. Les Polypes font des productions de la Nature, que les anciens Naturaliftes n'avoient regardé que comme de fimples Plantes; & qu'un grand nombre de Naturaliftes modernes, tels que Meffieurs Trembley, de Juffieu, de Réaumur, & plufieurs autres, ont regardé comme tout autant d'AnimauxPlantes, qui tiennent de l'Animal & du Végétal, & qui forment la chaîne de communication entre ces deux genres. Il y en a un grand nombre d'efpeces différentes; qui naiffent, les unes fur la terre, ainfi que la plupart des plantes; les autres dans les eaux douces, ainfi que le Creffon de fontaine ; d'autres en très-grand nombre dans les eaux de la Mer, ainfi que les autres plantes marines.

Io. Parmi les différentes efpeces de Polypes, nous allons choifir, pour fervir d'exemple en ce genre celle qui a été obfervée & décrite par le célebre de

Reaumur.

Le Polype, felon cet Auteur, eft un petit Animal aquatique, d'un beau verd, qui s'attache toujours par un bout à quelque chofe; & qui a deux cornes à l'autre bout. Cet animal a la forme d'un cylindre;

&

& on a beau le couper, 1oit en travers, ion el longueur on voit avec furprife, que les Parties fépa : rées & mifes dans des vafes à part, dans la même eau qui les a formées, reprennent chacune, en moins de vingt-quatre heures, la partie qui leur manque: enforte qu'il revient une tête, à la partie qui n'en avoit plus; & que la partie inférieure revient de même, à la partie où eft la tête.

Le Polype fe trouve dans les viviers & dans les eaux dormantes : il engendre à la maniere des plantes, mais il fait toutes les fonctions des Animaux. Il n'y a point de différence de fexe, entre un polype & un autre polype. Ses Petits fortent tout formés, de toute la furface de fon corps. Ils reftent quel que tems, après leur naiffance, debout & implantés fur cette furface, par leur partie inférieure; & pendant que ces premiers enfans achevent de naître, ils en font déjà d'autres femblables à eux, qui en font encore comme les premiers: deforte que le Pere de toutes ces productions, eft grand-pere, avant d'avoir achevé d'enfanter fon premier-né.

Cette efpece de Polype n'eft, d'un bout jufqu'à l'autre, qu'un Canal vide, dont la fuperficie intérieure & extérieure, confidérée au microscope, parcît toute couverte de petits Grains, qui fe détachent facilement de la substance de l'animal, & qui ne lui paroiffent point adhérens.

Dans le Polype, le nombre des bras ou des cornes, n'eft pas fixe & uniforme : il eft affez communément, depuis fix jufqu'à douze; quelquefois, mais fort-rarement, il s'étend jufqu'à dix-huit.

II. Aucune preuve décifive ne fait voir qu'il y ait réellement du Sentiment, dans cette production de la Nature: comme on peut l'observer dans la defcription que nous venons d'en donner, d'après les Auteurs qui en font un Animal-plante.

Tome I.

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Il est donc affez vraisemblable que le Polype n'eft qu'une Plante finguliere, qui porte & dépose les Germes destinés à la reproduire, dans les différentes parties de fon corps; & dans qui ces différentes parties font comme le fol & le terrein où doivent s'épanouir & fe développer ces Germes. Les Autorités refpectables qui font du Polype une Plante animée font contre-balancées par d'autres Autorités non moins refpectables, qui n'en font qu'une fimple Plante. III'. Si on veut abfolument que le Polype foit une efpece d'animal plus ou moins parfaitement organifé, plus ou moins doué de fenfibilité; ce fera fimplement une espece de plus dans le Genre animal, & une efpece de moins dans le Genre végétal : ce qui ne change en rien les idées générales que l'on a de ces deux genres.

Si le Polype eft un animal: il ́a une ame distinguée de la matiere & des accidens de la matiere; ainfi que les autres efpeces des brutes.

Si le Polype n'eft qu'une fimple plante : il n'a certainement pas befoin, pour végéter & pour fe reproduire, des Formes fubftantielles du Péripatétifme.

IV. On peut voir, dans notre Cours complet de Métaphyfique, fous les Numéros 1331 & 1333, l'idée que l'on doit fe former & des Polypes & des autres efpeces de Zoophytes, ou d'Animaux-Plantes. Ce font, pour la plupart, des vraies Plantes, mais qui fervent de cellules à des fourmillieres de petits animaux,

ARTICLE

PROPRIÉTÉS

SECOND.

DES

CORPS.

196. DÉFINITION. ON nomme Propriétés des

Corps, leur maniere propre d'exifter ou d'agir: ce qui renferme & ces manieres d'être ou d'agir qui les confondent, & ces manieres d'être ou d'agir qui les caractérisent, dans leurs genres & dans leurs efpeces. (*).

Parmi ces Propriétés des Corps, ou parmi ces dif férentes Manieres d'être ou d'agir:

I°. Il y en a qui font communes à tous les Corps, & qui paroiffent être inféparables de leur effence, fans la conftituer. Telles font la mobilité, l'étendue, l'impénétrabilité, l'exigence d'une configuration & d'une ubication quelconques: puifqu'on ne peut concevoir aucun corps fans ces propriétés ; & que ces propriétés ne constituent cependant pas leur effence immuable. (Mét. 222 & 1395).

II°. Il y en a qui font également communes à tous

(*) NOTE. En traitant des Corps en général, & en parlant de leurs Propriétés & de leurs Qualités; on confond affez communément ces deux termes, qui n'emportent pas exactement la même idée, & qui font abfolument fufceptibles d'une vraie distinction.

1°. Les Propriétés déterminent la nature d'un Corps: elles le conftituent dans fon espece: par exemple, elles le déter minent à être bois, plutôt que métal; air, plutôt que terre ; orange, plutôt que citrouille.

II Les Qualités fuppofent conftituée la nature & l'efpece d'un Corps; elles fe bornent à lui donner plus ou moins d'excellence, plus ou moins d'imperfection, dans fon efpece. Tel Vin, par exemple, fans ceffer d'être vin, eft bon ou mauvais: selon qu'il a ou qu'il n'a pas le degré de bonté & d'excellence, qui convient à son efpece.

les Corps, fans être abfolument inféparables de leur effence: puifque l'on conçoit ces mêmes Corps, ces mêmes Tous matériels, fans ces propriétés. Telles font la gravitation, la porofité, la dilatabilité, la condenfabilité.

III. Il y en a qui font communes à un certain nombre d'efpeces de Corps, fans convenir de même aux autres efpeces. Telles font l'élafticité, la folidité, la fluidité.

IV. Il y en a enfin qui ne font communes qu'aux Individus d'une même efpece; ou qui conviennent à une espece unique, fans convenir à aucune autre ef pece. Telle eft la propriété de transmettre le Son, dans les molécules aériennes; d'échauffer & de brû ler, dans la matiere ignée; de donner à l'oeil la fenfation du Rouge, dans l'efpece rouge de rayons; de donner au goût telle fenfation d'amertume, dans l'abfinthe; & ainfi du refte.

Il y a donc dans les Corps, & des Propriétés fpécifiques, qui ne conviennent qu'à une feule espece de corps; & des Propriétés générales, qui conviennent ou à tous les corps, ou à plufieurs efpeces de corps.

Nous ferons connoître les premieres, dans les différens Traités particuliers de cet Ouvrage; par exemple, les propriétés fpécifiques de l'Air, dans la théorie de l'Air; les propriétés fpécifiques de la Lumiere, dans la théorie de la Lumiere.

Quant aux dernieres, nous allons choifir celles qui exigent quelque explication & quelque développement, telles que la porofité, la compreffibilité, la folidité, la fluidité, l'élasticité, la gravité: pour en faire l'objet des quatre Paragraphes fuivans; & pour terminer par-là, un Traité reftreint à la théorie générale de la Matiere & des Corps,

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