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Par l'échappement d'un Fluide; qui, interpofé entre fes parties, les empêchoit de s'approcher & de s'unir felon toute leur tendance naturelle : c'eft ce que l'on nomme Condensation.

Par l'action d'une Force étrangere; qui, luttant contre un corps folide, oblige fes parties à fe rapprocher davantage les unes des autres : c'est ce que l'on nomme Compreffion.

Dans la Condensation & dans la Compreffion, la cause eft différente: mais l'effet de ces deux caufes, eft toujours le rapprochement des parties & l'augmentation de la denfité.

PROPOSITION III.

204. Si l'on excepte les Elémens primitifs des corps, lefquels paroiffent être inaltérables: tous les Corps, folides, liquides, fluides, fe condensent & fe dilatent.

DÉMONSTRATION. I°. La poffibilité de la Condenfa tion & de la Dilatation, eft facile à établir. Car tous les corps ont des pores ou des vides,interpofés entre leurs Elémens folides. Or, par-tout où il y a des pores ou des vides, interpofés entre des parties folides; là peut fe faire un rapprochement de ces parties folides, & par là même, une Condensation, dont la ceffation deviendra une vraie Dilatation. Donc la Condensation & la Dilatation font évidemment poffibles.

L'existence de la Condensation & de la Dilatation eft fenfiblement démontrée par l'expérience: foit dans les Solides, foit dans les Liquides, foit dans les Fluides. Par exemple,

D'abord, une Barre de fer, de bronze, d'acier diminue fenfiblement en longueur, en largeur, en épaifleur: quand elle paffe d'un grand dégré de chaleur, à un grand degré de froid. La même chose arrive au marbre, à l'or, à l'argent, à tous les Corps

folides; dont le volume eft toujours plus ou moins fenfiblement augmenté par la chaleur, diminué par le froid. Donc la Condensation & la Dilatation ont lieu dans les Solides.

Enfuite, une Veffie emplie d'air, & bien tendue en été, devient flafque & ridée en hiver, perd fes rides & reprend encore fa tenfion en été : felon que l'air qu'elle renferme, fe dilate ou fe condense. Donc la Condensation & la Dilatation ont lieu dans les Fluides.

Enfin, un Liquide quelconque, enfermé dans un thermometre, monte & defcend alternativement : felon la différente température où il fe trouve expofé. Donc la liqueur renfermée, qui refte toujours la même, augmente ou diminue alternativement en volume, effuie tour à tour ou une condensation, ou une dilatation. Donc la Condenfation & la Dilatation ont lieu dans les Liquides. C. Q. F. D.

PROPOSITION IV.

que nous

205. Les Corps folides, les corps les plus durs connoiffions, font tous fufceptibles de Compreffion. DÉMONSTRATION Io. Une maffe de fer, de cuivre, d'or, d'argent, perd, fous les marteaux qui la frappent, une partie très-confidérable de fon volume, fouvent fans rien perdre de fon poids, toujours fans perdre une partie de fon poids proportionnelle à celle de fon volume. Donc ces Corps fe compriment: donc ces corps font compreffibles.

La même Compreffibilité fe montre finguliérement dans le Bouïs. Une boule de mail, d'abord fort volumineufe, devient fort petite dans les moules & fous les marteaux qui la compriment, & conferve à peu près fon poids primitif.

II. Si on laiffe tomber d'affez haut, une Boule de

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marbre ou d'ivoire, fur un Plan horifontal de marbre ou d'acier ; & que l'on ait légèrement ciré ou huilé ce plan: on obfervera dans la boule, après fa chûte un petit Cercle ciré ou huilé; & ce cercle fera d'autant plus grand, que la boule fera tombée de plus haut.

Sur quoi je raisonne ainfi. Il est évident que cette Boule ne peut, fans qu'il y ait une vraie & réelle compreffion, toucher le Plan que dans un point. Or le cercle ciré ou huilé que l'on découvre dans la boule, préfente des veftiges d'un affez large contact: donc il faut qu'il y ait eu une vraie & réelle compreffion, ou dans la boule, ou dans le plan, ou dans l'un & dans l'autre à la fois.

III°. Comme tous les Corps durs & folides fur lefquels nous pouvons faire des expériences, fe compriment: il s'enfuit, par un Jugement d'analogie, que tous les Corps durs & folides font fufceptibles de compreffion. C. Q. F. D.

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206. Les Liquides, quoique fufceptibles de Condensation, ne font point fufceptibles de Compreffion.

DÉMONSTRATION. Deux expériences décifives vont établir cette propofition. On pourroit l'établir par une foule d'autres, que l'amour de la briéveté & l'antipathie pour la redondance , nous engagent à omettre. Ce que nous allons dire de l'eau, peut fe dire également du vin, de la biere, de l'huile, du mercure, de tout Liquide quelconque.

207. EXPÉRIENCE I. Soit un Globe creux, formé d'une lame de cuivre affez mince. Que l'on empliffe d'eau ce globe, & qu'après l'avoir fermé hermétiquement, on le preffe ou avec un treuil, ou avec un étau, ou avec telle autre puiffance. quelconque. Le Globe cede & s'applatit un peu; & fi on le preffe un

peu trop fort, l'eau renfermée s'échappe, en forne de rofée ou de petite pluie, par les pores entrcuverts de toute fa furface. Sur quoi voici quelques obfervations à faire. (Fig. 40).

Io. La Géometrie nous démontre que de toutes les Figures d'égal périmetre, le Cercle eft la plus grande; & par conféquent, que la Sphere, toute compofée de Plans circulaires, a plus de folidité, fi elle eft pleine, & plus de capacité, fi elle eft vide, que toute autre Figure d'égale furface. (Math. 626).

Le petit applatiffement que fouffre le Globe dont on vient de parler, avant de laiffer échapper l'eau renfermée dans fa capacité, femble d'abord prouver que l'eau renfermée fe comprime: puifqu'en changeant de figure, le globe femble fe réduire à une moindre capacité, fans rien perdre encore du Liquide qu'il contient.

II. Mais, après que le Globe a été applati fans rien perdre encore de fon Liquide; fi on extrait l'eau qu'il renferme, & que l'on y mette une eau nouvelle: on trouve que, malgré l'applatiffement du globe, qui devroit avoir diminué fa capacité, ce globe contient précisément la même quantité d'eau qu'auparavant. D'où il réfulte que ce n'eft point Eau qui a diminué en volume; mais le Globe qui a augmenté en capacité, en s'étendant par fa ducti lite, fous l'effort de la preffion.

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La vérité de cette Conféquence, fe rend sensible quand on augmente la preffion. Les petites Gouttes que l'oeil voit fortir de tous les points de la furface du globe, ne peuvent s'échapper que par l'extenfion des pores, & conféquemment par l'extenfion même du métal; qui, prenant plus de furface, prend néceffairement plus de capacité dans fa partie dilatée.

III. Puifque l'Eau réfifte efficacement à toute force mécanique qui tend à la comprimer; puifque

l'eau étend ou entrouvre les vafes qui la renfer→ ment, à mefure & à proportion qu'une force extrinfeque tend à la réduire à un moindre volume : il s'enfuit que l'eau doit être un Corps incompreffible; un corps capable de réfifter à tous les efforts que les forces mécaniques peuvent faire pour la comprimer, ou pour lui faire perdre une partie de fon volume. On peut dire la même chofe de tout autre Liquide.

208. EXPÉRIENCE II. Soit un Tube de verre, recourbé en forme de Siphon A B C D, & fufpendu verticalement. On verfera d'abord dans ce tube une petite quantité de mercure, qui fe mettra de niveau de part & d'autre en B & C. On emplira enfuite d'eau, la capacité D C ; & on fermera hermétiquement l'extrémité D. Après quoi, on emplira de mercure la partie B M ou B A du tube, à telle hauteur indéterminée qu'on voudra, de trente, de cinquante, de cent pouces, & ainfi de fuite. Quel que foit le poids de la colonne de mercure A B, l'Eau occupe toujours le même efpace C D. (Fig. 8).

Sur quoi je raifonne ainfi. Si l'Eau fouffroit quel que Compreffion : la petite quantité d'eau CD, preffée par tout le poids de la colone de mercure A B, fe retireroit du point C vers le point D. Mais quelque grande que foit la colonne de mercure qui la preffe : T'eau ne quitte pas le point C; l'eau occupe toujours le même efpace D C. Donc l'eau ne fouffre aucune compreffion donc l'eau eft incompreffible.

Si on fait la même expérience fur la biere, fur le vin, fur l'huile, fur tel autre Liquide qu'on voudra : on trouvera toujours que ces Liquides, preffés par le poids d'une colonne quelconque de mercure, ne fouffrent aucune diminution de volume. Donc ces Liquides ne fouffrent aucune Compreffion : donc ceg Liquides font incompreffibles. C. Q. F. D.

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