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en hiver, a un égal degré de froid, dans toutes les contrées de la Terre: elle doit donc donner par-tout au mercure, une égale condenfation.

I. L'uniformité de chaleur dans l'Eau bouillante, l'uniformité de froidure dans la Glace pilée, fourniffent donc, comme on voit, le moyen de faire des Thermometres de comparaifon, felon la méthode que

nous avons tracée.

Ce fut Newton qui le premier découvrit, & qui le premier fit connoître au Public, ces deux Termes donnés par la Nature; & ce fut Réaumur qui le premier en fit ufage pour conftruire des Thermometres de comparaifon. (Fig. 10).

Les Régions qui n'ont ni neige, ni glace, ont de la grêle; & la grêle fait précisément le même effet que la glace pilée, laquelle a précisément la même intenfite de froid que la neige. Ainfi, en tout pays du monde, on peut fe procurer aifément des Thermometres de comparaifon ; & ces Thermometres, en quelque pays qu'ils foient conftruits, qu'ils foient appliqués aux obfervations, dans la zone torride ou dans la zone glaciale, donneront des mesures de froid & de chaud, qui feront entendues, qui feront comparables, dans toutes les contrées de la Terre.

II.Mais, pour que deux Thermometres de comparaison, foient parfaitement exacts & parfaitement d'accord:

Il faut en premier lieu, que le Mercure de l'un & de l'autre, foit parfaitement pur; & nous avons fait voir ailleurs comment on peut s'affurer que l'on a le Mercure dans le degré de pureté qu'exige un excellent Thermometre. (1649).

Il faut en fecond lieu, qu'ils foient mis l'un & l'autre à l'épreuve de l'eau bouillante, dans une eau parfaitement bien diftillée; & nous avons expliqué ailleurs comment il faut opérer pour avoir une telle eau diftillée, (1672).

Il faut en troisieme lieu, qu'ils foient mis l'un & l'autre à l'épreuve de l'eau bouillante, dans un même lieu ou dans des lieux totalement différens, l'un à Paris & l'autre à Rome ou Pétersbourg, fous une même hauteur du mercure dans le Barometre: par la raifon qu'une même eau parvient d'autant plus difficilement au point d'ébullition, & acquiert une d'autant plus grande intensité de chaleur, avant d'arriver à ce point & à ce terme, que la Colonne aérienne qui preffe fa furface, a plus de force & lui oppofe plus de réfiftance.

Un Phyficien moderne, M. du Luc, nous paroît avoir élevé cet utile Inftrument, à toute la perfection dont il eft fufceptible.

III°. Un Thermometre de comparaison, pour évaluer la température de l'Atmosphere, doit être expofé au nord & à l'ombre, à l'abri de toute réverbération qui puiffe altérer sensiblement la température de l'air

environnant.

Le plus grand degré de froid, eft communément à l'instant où le Soleil va fe lever : le plus grand degré de chaleur, eft communément vers les deux ou trois heures après midi.

IV. Tandis que le Mercure fe foutient au deffus du Point de la congélation, l'eau ne gele point.

Le Mercure vient-il à defcendre jufqu'à ce Point de la congélation? L'eau commence à fe geler: à moins que l'agitation du vent, ou quelqu'autre caufe étrangere, ne l'en empêche.

v. Dans les grands froids, le Mercure defcend de beaucoup au-deffous du Point où le fixe la glace pilée. Il defcendit à Paris à 15 degrés & un quart plus bas en 1709, pendant ce Froid célebre qui défola l'Europe.

Dans les Régions feptentrionales, en Laponie, en Norwege, en Sibérie, il defcend affez communément

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pendant l'hiver, jufqu'à 40 & 50 degrés au deffous de la congélation: enforte que ces Régions éprouvent habituellement chaque année, un froid deux ou trois fois plus grand que celui qu'on effuya en France en 1709; & que nous avons vu renaître à Befançon en 1767 & 1768, & à Paris en 1776.

Ce qui n'eft pas moins étonnant, c'eft que dans les Régions brûlantes de la Zone torride, le Thermometre, dans les plus grandes chaleurs de l'été, ne monte pas beaucoup plus haut qu'à Rome, qu'à Marseille qu'en plufieurs autres villes de l'Europe: ce qui prouve que les intolérables chaleurs de la Zone torride, aceablent plus par leur continuité, que par leur intenfité.

215. REMARQUE IV. C'eft fur les mêmes principes, & d'après la même méthode, que l'on fait auffi des Thermometres d'efprit de vin, & d'autres liqueurs femblables, que l'on colore comme on veut.

Mais on a obfervé que ces Liqueurs font quelquefois fujettes à certaines fermentations intérieures: ce qui fait que ces Thermometres ne correspondent point, dans ces circonftances, au degré du Froid extérieur, qu'ils devroient marquer. C'est pour cette raifon que l'on préfere aux liqueurs le mercure, lequel n'éprouve point de femblables fermentations.

Io. Un Thermometre bien fait eft regardé par tous les Phyficiens, comme une Regle füre & infaillible pour évaluer dans une infinité d'expériences, le degré précis de chaleur & de froidure, que l'on cherche à connoître. (Fig. 10 & 80).

II°. On peut donner indifféremment telle forme que l'on voudra, au Récipient qui contient le Mercure au deffous du petit Tube cylindrique, parfaitement calibré, à côté duquel on marque la graduation. Çe Récipient pourra être conftruit ou en forme de

boule, ou en forme de cylindre, ou en forme de Tube Spiral on lui donne cette derniere forme, quand on veut le rendre plus aifément & plus promptement fenfible aux plus petites impreffions de la chaleur.

III. Parmi les différentes efpeces de Thermome→ tres, celui de Réaumur & celui de Farenheit, font ceux dont l'usage eft le plus commun; & ceux auxquels on rapporte affez généralement toutes les opérations & toutes les obfervations qui fe trouvent relatives à cette espece d'Inftrumens. ( Fig. 70).

Dans le Thermometre de Réaumur, la Divifion afcendante & defcendante commence précisément au Point de la congélation, donné par la glace pilée : ce qui eft fort fimple & fort commode..

Dans le Thermometre de Farenheit, la Divifion afcendante commence au deffous du Point de la congélation; & le Point de la congélation eft le trentedeuxieme degré de cette Divifion : ce qui eft fort incommode & fort embarraffant.

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Dans le premier, le Point de l'eau bouillante eft quatre-vingtieme degré dans le fecond, le même Point de l'eau bouillante, eft le deux cent-douzieme degré : comme on le voit marqué dans la Figure qui représente cette double graduation.

Pour rapporter idéalement l'une à l'autre, cette double Graduation; il fuffira de fe rappeller que le Point de la Congélation eft zéro dans, la premiere, & 32. dans la feconde; & que chaque degré de la premiere, vaut deux degrés & un quart dans la feconde.

PHENOMENES DU PYROMETRE.

216. DESCRIPTION. Le Pyrometre est un inftrument deftiné à mesurer la quantité de Feu qui pénetre un Corps; ou à faire connoître la quantité de Dilatation que le feu produit dans ce corps. (Fig. 15).

1o. foit une Baguette de fer AB; qui, fixe & immobile au point A, aboutiffe par le point D à une Roue dentée DN; en telle forte que fi la baguette s'alongeoit d'une ou deux lignes, elle fit faire un tour entier à la roue DN, laquelle s'engraine avec une autre roue M,

II°. Si on place plufieurs petites bougies allumées fous la baguette AB: cette baguette, dilatée par la chaleur, s'étendra & s'alongera en D; fera tourner la roue dentée DN, laquelle, par une feule révolution, fait faire une foule de révolutions à la roue M.

Par cette communication de mouvemens, une Aiguille mobile RS tourne avec une grande rapidité, tant que la chaleur des bougies, augmente la chaleur & la dilatation de la baguette A B; & quand on ôte les bougies, l'Aiguille tourne en un fens contraire, à mefure que la baguette de fer AB, perdant fa chaleur & fa dilatation, revient à fon premier état de condensation. (209).

PARAGRAPHE

SECOND.

SOLIDITÉ ET FLUIDITÉ DES CORPS.

LES Corps fenfibles font

217. OBSERVATION. formés d'un nombre immenfe d'élémens d'une ténuité inconcevable; élémens adhérens entre eux, dans les Corps durs ou folides; inadhérens entre eux, dans les Corps liquides & fluides. Quelle eft la caufe de cette adhérence dans les uns, de ce défaut d'adhérence dans les autres? Tel eft le grand problême que nous allons tâcher de réfoudre problême qui, par fon univerfalité, ne s'étend à rien moins, comme on voit, qu'à toutes les Subftances matérielles qui forment l'Univers,

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