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serve pas dans tous les corps, n'a point pour caufe l'Attraction générale qui affecte indifféremment tous les corps, qui les preffe tous également vers certains centres communs felon certaines Loix; mais qui, en vertu de ces mêmes Loix, ne doit point les rendre adhérens les uns aux autres d'une maniere fenfible.

II°. Nous venons d'obferver que l'Impulfion ou la Preffion d'une matiere quelconque, ne rend pas plus heureusement raifon du grand phénomene de la Solidité des Corps.

De quelle caufe peut donc dépendre ce phénomene, fi ce n'eft de l'Attraction Spéciale, ou de la Loi d'af finité puifque tous les phénomenes de la Nature, paroiffent avoir pour caufe, ou la Loi d'impulfion, ou la Loi d'attraction générale, ou la Loi d'affinité ?

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221. Le grand phénomene de la Solidité & de la Fluidité des Corps, paroît être une dépendance de la Loi d'Affinité.

EXPLICATION. 1°. Soit un Corps quelconque, 'dont les élémens foient analogues, dont les élémens aient des furfaces propres à acquérir un grand & intime contact.

L'Attraction spéciale entre ces élémens, fera dans fa plus grande force (123); & l'effet de cette Attraction, fera une très-grande adhérence entre ces élémens; & par-là même, une grande dureté dans ce corps.

Ĉe Corps ne pourra être divifé que par une force fupérieure à la fomme de toutes les attractions qui produifent l'adhéfion dans les élémens qu'on voudroit féparer. Ce corps fera un Corps folide, un corps de la plus grande dureté.

I. Soit un autre Corps quelconque, dont les élé

mens ne foient point analogues, ou dont les élémens analogues & homogenes ne puiffent fe toucher que dans d'infiniment petites portions de leurs furfaces, tels que font des Globules.

L'Attraction spéciale, qui feule peut opérer efficacement le phénomene de la Dureté, n'aura point prife fur ces élémens: foit à raison du défaut d'affinité, foit à raifon du défaut de contiguité.

Le Corps compofé d'élémens fans affinité, fans analogie, fera liquide ou fluide: parce que fes élémens n'ont point l'affinité requise pour s'attirer réciproquement & pour adhérer entre eux avec une force fenfible.

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Le Corps compofé d'élémens homogenes de figure fphérique, fera fluide ou liquide: parce que fes élémens, quoique analogues, ne fe toucheront que dans une infiniment petite portion de leurs furfaces; & que peu d'attraction qu'ils pourroient acquérir par la contiguité de quelques points de leurs furfaces fera facilement détruite & anéantie par l'action de la Matiere ignée, qui a un mouvement très-rapide & toujours permanant entre ces élemens contigus.

III°. Soit encore un Corps quelconque, compofé ou d'élémens médiocrement analogues, ou d'élémens très-analogues, mais propres à fe toucher par des furfaces médiocrement grandes,

Ce Corps aura une Dureté médiocre, qui tiendra une espece de milieu entre les corps les plus durs, tel que le diamant; & les corps privés de toute dureté, tels que l'air, l'eau, les huiles.

IV. Soit enfin un Liquide homogene, tel que l'Eau, qui dans un grand froid, foit pénétré d'une immense quantité de Particules frigorifiques, voiturées par les vents & les frimats, propres à s'unir & à adhérer à fes molécules.

Les molécules de ce Liquide, par l'échappement du

Fluide igné qui fe diffipe, par leur union avec les particules frigorifiques qui s'infinuent dans leurs Vides comme autant de petits coins, acquierent un contact plus grand & plus intime; donnent prife à la Loi d'affinité, qui ne manquoit fon effet que faute d'une contiguité fuffifante.

Ce Liquide fe change donc en Corps folide, en Glace: jufqu'à ce que le Fluide igné, rentrant en abondance dans cette Glace, vienne expulser à son tour ces Corpufcules frigorifiques; & rendre aux molécules du Liquide, leurs vides, leur défunion, leur peu de contiguité. (615 & 616).

222. APPLICATION. Pour donner un nouveau jour à toute cette théorie; nous allons l'appliquer à divers phénomenes que nous préfente la Nature, relativement à la Solidité & à la Fluidité des Corps.

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1o. Les Colles fervent à unir & à lier enfemble, ou des corps analogues qui manquent de contiguité; ou des corps hétérogenes & fans analogie, qui manquant d'affinité entre eux, en ont réciproquement avec les colles.

Interpofées entre ces corps, les Colles s'appliquent intimement à leurs concavités qu'elles empliffent; & auxquelles elles adherent avec plus ou moins de force, felon le plus ou moins grand degré de leur affinité & de leur contiguité.

Les Colles les plus fortes & les plus adhérentes, font communément celles qui font le moins acceffibles à l'eau, à l'air, à la matiere fubtile.

II°. Le Feu rend fluides les Métaux : parce que la matiere ignée, élancée en torrens d'une inconcevable viteffe dans l'intérieur de ces fubftances, en écarté les élémens avec une force fupérieure à la force d'attraction ou d'affinité, qui les uniffoit & les rendoit adhérens entre eux,

L'action

L'action du feu ceffe-t-elle ? La force d'affinité n'eft plus détruite par une force oppofée : elle produit donc de nouveau fon effet, & les Métaux redevien nent folides.

III°. Certains Corps en poudre, tels que la farine & le gypfe, acquierent de la confiftance, par leur mélange avec l'eau: parce qu'en s'infinuant dans leurs molécules, l'eau les dilatte & leur donne un plus grand volume, qui facilite leur contact; & que l'Attraction de l'eau, eft d'ailleurs propre à fervir de lien commun à toutes ces molécules défunies: la plupart des corps retenant avec une très-grande force, les dernieres parties de l'eau à laquelle ils font unis. (125).

IV°. Les Corps mous, tels que le mortier, la terre graffe, le plâtre délayé dans l'eau, fe durciffent à l'air: parce que la partie aqueufe, interpofée entre la partie terreufe, s'évapore; & que les élémens du mortier de la terre graffe, du plâtre, fe rapprochent & acquierent un plus grand & plus intime contact, à mefure que l'eau furabondante fe retire & fe diffipe.

vo. Le Fer fe durcit fur l'enclume & fous les mar teaux parce que les fecouffes qu'il éprouve dans l'état d'incandefcence où l'on le bat, forcent fes par◄ ties homogenes & ductiles à s'unir plus immédiatement entr'elles; tandis que fes parties hétérogenes jailliffent en petites fufées hors de fon fein.

OBJECTIONS A RÉFUTER.

223. OBJECTION I. Dans l'hypothese même du Vide & des grands Vides de Newton, l'Air & la Matiere fubtile femblent fuffire pour opérer la Preffion d'où Descartes & Malebranche font dépendre la Soli dité des corps donc la chûte du fyftême des Tour billons, fyftême aujourd'hui abandonné de prefque tous les Phyficiens, n'entraîne point la ruine de l'opi Tome I.

R

nion de Descartes & de Malebranche, fur la folidité des Corps.

REPONSE. L'Air & la Matiere fubtile font deux Agens dont l'action influe infiniment dans une foule de phénomenes; mais dont l'influence eft nulle, ou comme nulle, dans le phénomene de la Solidité des corps.

1o. Il eft certain que l'Air environnant preffe par fon reffort toutes les parties d'un Globe de marbre ou de bois, vers le centre de ce globe.

Mais l'expérience nous apprend que cette preffion de l'Air environnant, n'influe qu'infiniment peu dans la dureté ou dans la folidité des corps: puifque les Corps durs & folides confervent fenfiblement la même dureté, ou la même résistance à leur divifion, foit qu'on les divise en plein air, foit qu'on les divife dans le Vide opéré par le moyen de la Machine pneumatique. (Fig. 72).

Un fil de foie, un crin de cheval, qui n'ont que la force fuffifante pour foutenir un poids déterminé en plein air, foutiennent encore le même poids dans le Vide: donc ce fil de foie, ce fil de chanvre, ce crin de cheval, ne doivent point leur folidité à la preffion de l'air.

On peut dire la même chofe de tous les autres Corps folides. Un petit morceau de bois, par exemple, eft fenfiblement auffi difficile à couper, à fendre, à divifer d'une maniere quelconque, dans le Vide, qu'en plein air.

II. Il eft certain qu'il y a dans la Nature, une Matiere fubtile, différente de celle de Defcartes. Cette Matiere fubtile, dont l'existence eft démontrée, dont les effets fe font fentir dans une infinité de phénomenes, eft un Fluide compofé de molécules d'une infinie petiteffe, mu en divers fens avec une vîteffe inconce

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