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En multipliant les lieues par 2000 toifes, les toifes par 6 pieds, les pieds par 12 pouces, les pouces par 200 parties que l'œil difcerne aifément dans la longueur d'un pouce vous aurez donc une once d'Or, étendue & divifée en 888,000 toifes; en 5,328,000 pieds; en 63,936,000 pouces; en 12,787,200,000 parties vifibles.

VII. Mais fi l'on fait attention que la petite lame d'or qui couvre de part & d'autre la Lame d'argent, n'eft vue que dans fa Surface extérieure ; & qu'elle pourroit être vue également dans fa furface intérieure, qui eft appliquée fur l'argent: on conçoit que le nombre précédent de parties vifibles que donne cette once d'or, pourroit être encore augmenté de moitié: comme le nombre de parties vifibles d'une feuille d'or battu, devient double à raison de fa double furface.

25. COROLLAIRE. Si les Artiftes humains, armés de leurs inftrumens groffiers, peuvent opérer une fi prodigieufe divifion dans la Matiere: à quelle divifion ne pourra pas la porter l'Artifte fuprême; qui, pour agir, n'a qu'à vouloir; à qui tout ce qui ne répugne pas, est aisfément poffible!

26. REMARQUE. Le même Mécanisme qui convertit en feuilles & en fil l'or & l'argent, convertit également en fil & en feuilles le fer & le cuivre.

L'Or, l'Argent, & le Cuivre, font les trois métaux qu'on emploie pour la Dorure, dont nous allons donner une fuccincte idée.

27. DÉFINITION. La Dorure eft l'art d'appliquer une couche d'Or, extrêmement mince, à la furface de différens corps: pour leur donner toutes les apparences extérieures de ce précieux métal. L'Or destiné à la dorure, doit être réduit, ou en feuilles, ou en Farties très-fines.

VRAIE DORURE.

28. DESCRIPTION. La vraie Dorure fe fait, ou avec des feuilles d'or, ou avec de la poudre d'or, que l'on applique en différentes manieres, fur la furface des Corps auxquels on veut donner l'éclat & la beauté de ce métal. Voici quelques-unes de ces manieres de donner la Dorure.

I°. L'Or s'unit très-bien par le fimple contact, avec certaines fubftances métalliques, qui font ductiles comme lui, & avec lefquelles il a une grande affinité. On l'applique en feuilles fur la furface bien polie & bien nétoyée du métal qu'on veut dorer, par exemple, de l'argent ou du cuivre ; & à l'aide d'un certain degré de chaleur, & du frottement qu'on fait avec une Pierre hématique qu'on nomme Pierre fanguine, on fait adhérer parfaitement l'or à la furface du métal.

Cette parfaite adhérence vient de ce que les Parties réciproques de ces deux fubftances ductiles, en vertu de leur affinité, & par le moyen de la chaleur & de la preffion, s'infinuent facilement dans leurs pores refpectifs; & fe lient les unes aux autres, comme par une infinité de petits clous imperceptibles, que le refroidiffement & la ductilité des deux fubftances, applique intimement aux petites concavités qui les hapent, & qui fe referment fur ce qu'elles ont faifi.

II°. Comme l'Or en poudre, s'attache & adhere au Mercure, & s'amalgame avec lui; on fait de ce mélange, ou de cet Amalgame d'or & de mercure, une pâte dont on enduit le métal qu'on veut dorer: on chauffe enfuite le métal, affez pour faire évaporer le mercure.

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L'Or s'attache & adhere au métal ; & on le brunit, en le frottant ou le poliffant avec la Pierre fanguine. III°. On fait diffoudre une petite quantité d'or dans de l'Eau régale : on imbibe des linges, de cette diffo

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lution d'or : on fait brûler ces linges, & on en garde la cendre, qui est toute noire. Cette cendre, frottée avec de l'eau à la furface d'une Lame ou d'une Feuille d'argent, par le moyen d'un chiffon, ou même avec les doigts, y laiffe les molécules d'or qu'elle contient, & qui y adherent très-bien..

On lave la Lame ou la Feuille d'argent, pour ôter. la partie terreufe de la cendre; & en la poliffant avec la Pierre fanguine, on lui donne facilement & à trèspeu de frais, une fort belle couleur d'or. Telle eft la. dorure d'une foule de Bijoux de grande apparence & de peu de valeur.

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IV. On applique auffi l'Or en feuilles, mais avec. beaucoup moins d'ahérence, fur des cryftaux, fur des porcelaines, fur d'autres matieres vitrifiées & bien. polies, que l'on expofe auparavant à un certain degré de chaleur, & que l'on brunit enfuite légére ment, pour leur donner leur éclat..

Dans ces opérations, la chaleur ouvre & dilate les pores des furfaces polies auxquelles la feuille d'or eft appliquée; & la petite preffion de la dent qui les polit, fait que la feuille d'or, en vertu de fa ductilité, s'infinue dans les pores de ces fubftances, comme. par une infinité de petits coins; s'y fixe & s'y attache, à mefure que la chaleur ceffe & que les pores. fe refferrent.

L'adhérence de l'or à ces Subftances vitrifiées, eft incomparablement moins grande, que l'adhérence de l'or aux Subftances métalliques: foit parce que la preffion qui unit l'or aux fubftances vitrifiées, eft néceffairement beaucoup plus foible; foit parce que la. ductilité qui doit cimenter cette union, n'étant pas réciproque, les fubftances vitrifiées ne s'étendent pas pour faifir & envelopper les petits clous d'or qui pénetrent dans leurs concavités; foit enfin & principa lement parce que l'or n'a pas avec ces fubftances vi

trifiées, l'affinité néceffaire pour l'unir & l'attacher intimement à elles.

V°. Comme l'Or ne s'unit pas par le fimple con

tact, aux Subftances non métalliques ; & que nature,

par

que plufieurs de ces fubftances, fort hétérogenes dans leur nature, ne peuvent jamais prendre des furfaces bien polies & d'une folidité bien égale, capable de réfifter tout uniformément à la preffion de la dent; fans quoi la feuille d'or fe déchire, au lieu de s'étendre: pour appliquer l'Or à ces fortes de fubftances, par exemple, à la pierre & au bois, on eft obligé d'en enduire la furface de plufieurs couches de quelque fubftance tenace & collante, qui happe & qui retienne l'or.

On donne à ces fortes de,fubftances tenaces & collantes, le nom général de Mordans. C'eft fur ces Mordans , que l'on applique l'or en feuille ou en poudre ; & quand le tout eft affez fec, on le polit avec une dent de loup, ce qui s'appelle, le brunir.

FAUSSE DORURE.

29. DESCRIPTION. La fauffe Dorure eft celle dans laquelle on n'emploie pas réellement de l'Or; ou dans la compofition de laquelle l'Or n'entre pour rien.

1o. Telle est la couleur d'or, que l'on donne au Cuivre jaune & à l'Argent: en appliquant fur ces métaux, un Vernis jaune-doré, lequel étant transparent, laiffe appercevoir tout leur brillant. On fait beaucoup d'ornemens de cuivre, vernis de cette maniere; & qu'on appelle en Couleur d'or, pour les diftinguer de ceux qui font véritablement dorés.

II. Ce qui paroît feuille d'or fur presque tous les Cuirs dorés, n'eft que feuille d'argent, à laquelle on donne la couleur de l'or, par le moyen du Vernis jaune-doré dont on vient de parler.

III. Les Papiers dorés doivent leur apparente do

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rure à des feuilles de cuivre battu, qu'on leur rend adhérentes par le moyen de certaines Colles qui happent ce cuivre & l'uniffent au papier.

30. REMARQUE. L'Art, en filant les Métaux comme on vient de l'expliquer, imite la Nature, fans s'en appercevoir.

Le Ver à foie a une filiere naturelle, par laquelle il moule ce fil précieux dont il fait fa coque. Ce fil eft d'une telle fineffe, que trois cens aunes qui en furent mefurées, ne peferent que deux grains & demi: de forte qu'il n'en faut rien moins que 69,120 aunes pour faire le poids d'une once..

Le fil de l'Araignée, dont on eft venu à bout de faire des gands affez folides & très-moëlleux, fe forme par un femblable mécanifme: il excede incomparablement en fineffe, le fil du Ver à foie.

L'un & l'autre, en fortant de la filiere de l'animal n'eft qu'un fuc vifqueux, qui fe durcit à l'air, ainfi que le mortier & la terre graffe, par la diffipation des parties humides qui s'évaporent, & par l'union plus intime des parties folides qui fe rapprochent. SECONDE DÉMONSTRATION:

LA DIFFUSION DES ODeurs.

31. EXPÉRIENCE. Soit une petite Caffolette de verre ABD, en partie pleine d'une liqueur odorante; par exemple, d'eau de fleur d'oranges, ou d'efprit de vin chargé de lavande. Pofez cette Caffolette, ou fur quelques petits charbons ardens, ou fur une petite lampe allumée. (Fig. 2).

Quand la liqueur s'échauffe & commence à bouillir, on voit fortir par le bec D de la Caffolette, une Vapeur abondante, qui fe fait fentir dans tous les points d'une chambre : fans qu'il paroiffe aucune diminution fenfible dans le volume de la liqueur, lorsque l'expérience ceffe après deux ou trois minutes.

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