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violence: parce que toutes les molécules écartées & féparées par la tenfion, tendent par leur attraction mutuelle, à fe rapprocher les unes des autres, avec un mouvement qui les fait rétrograder vers les Points fixes qui les captivoient.

Quand on courbe un Arc ou un Fleuret: il y a & tenfion & preffion; tenfion dans la partie extérieure, preffion dans la partie intérieure de la courbure. De-là, l'élasticité de ce Corps. (Fig. 7 & 75).

OBJECTIONS A REFUTER.

239. OBJECTION I. Si l'Attraction fpéciale influe comme caufe phyfique, dans le phénomène de l'Elaftícité: pourquoi ne pas lui donner tout l'honneur de cet effet? Pourquoi lui affocier l'action d'une Matiere fubtile, dont elle n'a pas befoin? Pourquoi admettre deux caufes phyfiques, là où une feule eft fuffifante?

D'ailleurs, comment la Matiere fubtile, qui s'intinue avec tant de facilité dans les corps, peut-elle y rencontrer des obftacles, propres à occafionner fon impulfion contre ces corps; propres à la retenir & à l'emprisonner dans les concavités de ces corps? Comment la Matiere fubtile, qui eft d'une ténuité comme infiniment petite, peut-elle produire dans ces corps, un effet auffi puiffant que celui de leur élasticité ?

RÉPONSE. Dans la Phyfique, le nombre des Caufes, ne dépend pas du caprice du Phyficien qui ea obferve l'influence. Nous admettons une double Caufe; pour expliquer le phénomene de l'Elafticité : parce que ces deux Caufes paroiffent concourir enfemble dans la production de ce phénomene. L'Attraction spéciale ou Affinité, eft la principale caufe de l'élasticité : mais rien ne prouve que ce foit la feule caufe de ce phénomene, & qu'il faille en exclure abfolument l'action des divers Fluides dont nous avons fait mention.

1o. On peut confidérer la Matiere fubtile, comme formant des torrens plus ou moins denfes ; & les pores des Corps comprimés, comme formant des canaux en entonnoir.

Dans cette idée fi fimple & fi naturelle, il eft facile de concevoir comment un torrent d'une matiere infi→ niment rapide, heurtant contre le grand orifice des pores coniques d'un Corps, doit rencontrer des obftacles dans fon paffage à travers ce corps; & imprimer une vraie impulfion, aux parties folides & impénétrables qu'elle heurte.

II. Quelque inconcevable petiteffe que l'on fuppofe à la Matiere fubtile : fes molécules ont une masse déterminée, laquelle peut être captivée & emprifonnée dans des concavités dont les pores feroient moins grands que ces molécules.

On peut donc, fans heurter la vraisemblance, fuppofer des Fluides retenus & tourbillonnans dans l'intérieur des corps.

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III. La force des hommes & des animaux, n'eftelle pas très-vraisemblablement l'effet des Efprits vitaux, qui ne font autre chofe qu'une matière trèsfubtile, lancée en invifibles torrens dans les nerfs & dans les mufcles, qui la captivent & qui dirigent fa marche. (Met, 1247 & 1250).

Il n'eft donc point improbable, qu'une Matiere fubtile, malgré fon inconcevable ténuité, produife des effets fenfibles dans les corps.

IV. Mais les effets de l'Elafticité, n'ont ni pour caufe unique, ni pour caufe principale, l'action de la Matiere fubtile.

Ces effets dépendent principalement de la Force dattradion ou d'affinité comme nous l'avons déjà obfervé. Ce feroit donc exagérer l'action de la Matiere fubtile, que de lui attribuer tout l'effet de l'élafticité,

240. OBJECTION II. L'Air a une élasticité parfaite : l'air devra-t-il cette élasticité à l'adhérence de fes parties & à l'action des Fluides qui heurtent fes pores ou qui tourbillonnent dans fes pores?

La Lumiere eft élastique & parfaitement élastique : admettra-t-on encore & une adhérence de parties & un choc de fluides dans la Lumiere, qui paroît être un affemblage d'élémens infiniment petits, infiniment fimples?

RÉPONSE. I°. Pourquoi la maffe élastique de l'Air, devroit-elle fon élasticité à une caufe différente de celle qui produit ce phénomene dans le refte de la Nature?

Comme la figure des molécules aériennes, échappe néceffairement à toutes les obfervations de la Phyfique: on fe repréfente communément ces molécules, fous l'image d'une infinité de petits filamens de peu de longueur & d'une épaiffeur très-petite; ou fous l'image d'une infinité de petits refforts infléchis, affez femblables à ceux qui meuvent les Montres.

Pourquoi les molécules qui forment ou ces petits filamens ou ces petits refforts aériens, ne pourroientelles pas avoir une adhérence réfultante de leur affinité mutuelle ? Pourquoi ces filamens ou ces refforts aériens ne pourroient-ils pas être en prise à l'action d'une matiere plus fubtile, capable de contribuer par fon impulfion ou par fon expanfion, à leur faire reprendre la figure naturelle que la preffion leur auroit fait perdre?

Les refforts ou les filamens de l'air, de la laine, du crin, de l'éponge, doivent être confidérés, relativement à leur élafticité, comme tout autant de petites Baguettes flexibles, femblables en petit à la Branche d'ofier dont nous avons précédemment expliqué le mécanisme élastique. (230),

II. Il eft certain, d'après les belles expériences de Newton fur la Lumiere, que le plus petit Balon lumineux qu'on puiffe obferver, est toujours compofé de fept efpeces différentes de molécules, fource des fept couleurs primitives. (866).

Donc, tout rayon ou balon de Lumiere, eft compofé de plufieurs molécules qui peuvent avoir & qui ont réellement une adhérence entre elles.

Pourquoi ces molécules, qui forment un rayon ou un balon de Lumiere, ne pourroient-elles pas avoir entre elles une affinité, une attraction, femblable à celle qu'ont les autres corps élastiques?

Quoique nous ne puiffions pas obferver en ellesmêmes les infiniment petites maffes de la Lumiere; on peut leur fuppofer avec affez de vraisemblance une figure fphérique. Dans cette fuppofition, le mécanifme qui produit & qui met en jeu l'élasticité dans la Lumiere, revient au même mécanisme qui produit & qui met en jeu l'élasticité dans une Boule d'ivoireou de marbre.. (235).

PARAGRAPHE QUATRIEME.
LA GRAVITÉ DES CORPS.

LA
241. OBSERVATION. A Caufe de la gravité, les
Phénomenes de la gravité, tel eft le double objet que
préfente naturellement cette queffion.

Mais la nature des chofes & l'enchaînement des matieres, exigent que nous faffions ici abstraction de la Caufe de la gravité pour nous borner à en établir l'existence, à en obferver les furprenans phé

nomenes.

Nous ferons voir ailleurs que la Gravité des Corps, eft une dépendance de la Loi général d'Attraction; ou

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que la Pefanteur des corps, a pour cause physique leur Attraction réciproque, qui les fait tendre perfévéramment vers certains Centres communs. (1440).

242. DÉFINITION. On nomme Gravité, ou Pefanteur, ou Force accélératrice, dans les Corps, la Force qui les fait tendre vers certains Centres communs, Par exemple, (Fig. 71):

Tous les Corps terreftres tendent vers le centre de la Terre, avec une force qui eft leur pefanteur,

Toutes les Planetes & toutes les Cometes tendent vers le centre du Soleil, avec une force qui eft leur pefanteur.

Nous ne parlerons ici que de la Pefanteur des Corps terreftres, ou de la Force qui les follicite perfévéramment à s'approcher du centre de la Terre; & en vertu de laquelle ils s'en approchent fans ceffe, quand aucun obstacle infurmontable ne s'oppose à leur mouvement.

Ariftote avoit divifé les différentes efpeces de corps, en Corps pefans, qui tendoient naturellement à s'approcher du centre de la Terre ; & en Corps légers, qui tendoient naturellement à s'en éloigner, Ariftote fe trompa; & l'expérience a démontré qu'il n'y a point de Corps légers par leur nature, ou que tous les Corps ont une pefanteur réelle,

Nous fuppoferons dans cette queftion, que l'on connoît, du moins en gros, & le mécanisme de la Machine pneumatique, & l'eftimation des Forces motrices objets qui feront pleinement développés dans les Traités fuivans. (696 & 268).

PHENOMENE I.

243. Les Corps que l'on regarde comme légers, ont une Pefanteur réelle, ou une tendance naturelle vers le centre de la Terre. (Fig. 71 & 72),

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