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DÉMONSTRATION. L'expérience nous apprend que la Fumée, les Vapeurs, la Flamme, que le Vulgaire regarde comme des Corps légers, ont une Pefanteur naturelle; qui les fait tendre vers le centre de la Terre, quand une force étrangere ne les emporte pas dans un fens oppofé. Pour le démontrer :

I. Sous la cloche d'une Machine pneumatique placez un bout de Chandelle éteinte & fumante: la fumée, plus légere que l'air, monte & fe répand dans toute la Cloche de verre.

Pompez l'air : la fumée, livrée à elle-même, defcend & fe précipite fur la plaque & dans la pompe de cuivre. Donc, cette fumée a une pefanteur propre, qui la follicite à defcendre, quand l'air pompé ceffe de l'élever.

On voit arriver la même chofe, fi on fait brûler du fucre, ou de l'encens, ou tel autre corps qui s'exhale en vapeurs vifibles, fous la même Cloche.

II. Si au lieu d'une chandelle éteinte & fumante on met une Chandelle allumée fous la Cloche de verre: la flamme, moins pefante què l'air, monte & s'éleve perpendiculairement.

Mais, que l'on pompe l'air! La flamme, livrée à elle-même, defcend & fe précipite vers la plaque de cuivre : preuve évidente qu'elle a une gravité ou une pefanteur propre, qui la follicite à tendre naturellement vers le centre de la Terre, quand l'air ceffe de l'en éloigner par fon excès de pefanteur. C. Q. F. D.

244. Remarque. C'est une Loi générale pour tous les Liquides & pour tous les Fluides, que les plus pefans prennent le deffous; & les moins pe ans, le deffus.

Quoique l'huile & l'eau foient des corps pefans: fi on acheve d'emplir d'eau, un Vafe à demi empli d'huile: l'eau, par fon excès de pefanteur fur l'huile, ira

fe placer au fond du vafe, & forcera l'huile à monter dans la partie fupérieure du même vafe. Que l'on foutire l'eau ! L'huile, par fa pefanteur naturelle quittera le haut du vafe & feprécipitera au fond.

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C'est l'image du phénomene que nous venons d'expofer. L'Air eft un corps pefant; & nous démontrerons ailleurs (687), par des expériences fenfibles & décifives, fa pefanteur propre. L'air étant plus pefant que la flamme, que la fumée, que certaines vapeurs: il force ces Fluides, malgré leur pefanteur propre, à s'élever & à prendre le haut. Vient-on à pomper & à foutirer l'air? La flamme, la fumée, les vapeurs, tombent par leur propre poids au fond de la Machicomme l'huile au fond du Vafe.

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245. Quand rien ne s'oppose à leur chûte, tous les Corps, placés à égale distance du centre de la Terre, tombent avec une égale viteffe:

D'où il s'enfuit que la Force accélératrice qui follicite los Corps à defcendre, eft la même dans tous les corps, quand leur diftance du centre de la Terre eft égale. (Fig. 11).

DÉMONSTRATION. Soit un très-long Tube de verre A B, dont on ait exactement pompé l'air ; & dans lequel on ait mis auparavant une petite maffe de plomb, une petite maffe de liége, un petit brin de duvet, ou tels autres petits corps qu'on voudra.

Le petit Cylindre R, qui porte la petite Plaque D, eft ajusté au Tube A B, de telle façon qu'il peut tourner fur lui-même & mouvoir la plaque deffinée à foutenir & à laiffer tomber les corps; fans donner paffage à l'air extérieur.

I°. Si on fait tomber perpendiculairement ces différens Corps, enforte qu'ils partent tous au même inftant, de la plaque qui les foutient: on les voit par

courir ensemble & avec une même vîteffe l'efpace DB; & arriver tous au même instant en B, malgré la différence de leur nature & de leur denfité.

Donc ces différens Corps, donc tels autres corps qu'on voudra mettre à leur place, quoique-d'inégale denfité, quoique de différente nature, ont tous une même Force accélératrice, qui les emporte ou qui tend à les emporter avec une égale vîteffe vers le centre de la Terre. C.Q.F. D.

246. COROLLAIRE. La Pefanteur & le Poids ne font point deux termes fynonymes: la Pefanteur eft la même dans tous les corps également éloignés du centre de la Terre: le Poids de ces corps, eft proportionnel à leurs maffes.

EXPLICATION. Io. La Pefanteur d'un corps, eft la force active qui le fait tendre vers le centre de la Terre: quel que foit le nombre de fes parties.

Cette force eft la même pour tous les Corps: puifqu'elle y produit toujours & par-tout une chûte également rapide & dans fon commencement & dans fes progrès, quand ces corps font également éloignés du centre de la Terre; quelles que foient leur densité & leur maffe.

II°. Le Poids d'un corps, eft la fomme des parties qui fe meuvent ou qui tendent à se mouvoir en vertu de leur pefanteur propre. Dans les Graves, la pefanteur doit être regardée comme caufe; & le poids', comme effet de cette caufe.

Un globe de plomb d'une livre, a feize fois plus de poids, qu'un globe de plomb d'une once, mais i n'a pas plus de pefanteur: parce que la force active qui follicite les parties du premier à defcendre, eft précisément la même force qui follicite à defcendre les parties du fecond.

III°. On penfoit autrefois que la Pefanteur & le Poids étoient une même choíe: qu'un corps con.

pofé de quatre parties, tendoit & devoit tendre davantage au terme de la Pefanteur, qu'un corps compofé d'une ou de deux parties: que la Pefanteur étoit & devoit être proportionnelle aux maffes,

Galilée confronta cette Opinion avec l'expérience; & trouva que dans la chûte des corps, la différence des vîteffes ne répondoit pas à la différence des maffes. Il prit donc une autre idée de la Pefanteur; & au lieu de penfer, comme on avoit fait jufqu'alors, qu'il y avoit plus de pefanteur dans le Plomb que dans le Liége, par exemple, il imagina que cette force étoit égale dans ces deux corps: qu'elle leur imprimoit une égale tendance vers le centre de la Terre; & que la différence de leurs vîteffes dans leur chûte en plein air, ne venoit que de la réfiftance du Milieu où ils fe mouvoient; résistance qui détruifoit une plus grande quantité de cette force active & accélératrice, ou plutôt de fon effet, dans le liége que dans le plomb.

L'expérience a démontré que l'idée de Galilée, au fujet de la Pefanteur, étoit jufte & conforme à la nature des choses.

247. REMARQUE I. On doit confidérer dans la Pefanteur, ainfi que dans toute autre Force motrice, la direction qu'elle fuit, la viteffe qu'elle imprime, la quantité de matiere qu'elle meut.

I. La direction qui fuit la Pefanteur dans les Corps terreftres, eft la direction même du rayon de la Terre: en prenant ce rayon NT ou RT ou ST ou MT ou PT, au Point fur lequel porte ou vers lequel eft dirigée la Pefanteur. (Fig. 71).

Car c'eft un Fait certain, un Fait établi & conftaté par une infinité d'expériences & d'obfervations faites avec le plus grand foin, dans toutes les contrées de la Terre, au nord & au midi, au levant & au Couchant , que dans les Corps terreftres, la Ligne

de gravitation, eft toujours & partout perpendiculaire à Horifon fenfible; ou à la Tangente du point quelconque de la furface terreftre, folide ou liquide, vers lequel tendent ces Corps en vertu de leur feule Pefanteur.

II. La viteffe qu'imprime la Pefanteur, quand rien ne détruit fon effet, eft la même dans tous les Corps également éloignés du centre de la Terre.

Mais cette viteffe imprimée aux corps par la Pefanteur, varie à mefure que les corps font notablement plus près ou plus loin du centre de la Terre: comme nous le démontrerons bientôt.

III. La quantité de matiere que meut la Pefanteur avec une égale vîteffe, produit dans les Corps en qui elle exifte, une différence de poids, une différence de percuffion, une différence de force motrice.

Une Balle de plomb, dans le Vide, produit une percuffion plus forte, qu'une balle de liége d'égal volume: parce que dans la balle de plomb, il y a une beaucoup plus grande quantité de matiere mue par la pefanteur, que dans la balle de liége.

248. REMARQUE II. Il eft démontré par les différentes obfervations que l'on a faites avec la plus fcrupuleuse exactitude, en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne, qu'auprès de la furface terrefire, pendant la premiere Seconde de leur chûte perpendiculaire, les Corps parcourent dans le Vide, environ 15 pieds de France: qui font environ 16 pieds d'Angleterre.

Ce qu'ils parcourent de moins dans leur chûte en plein air, doit être attribué à la réfiftance de l'air : réfiftance qui occafionne une plus grande diminution de vîteffe, dans les corps moins denfes ; une plus petite diminution de vîteffe, dans les corps plus denfes,

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