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249. REMARQUE III. Le Savant Defaguillers, profitant de la grande élévation du dôme de faint Paul de Londres, fit fur la chûte des Corps en plein air, en présence de Meffieurs Newton & Halley, les plus belles expériences que nous ayons en ce genre. D'une hauteur de 272 pieds d'Angleterre, il fit tomber plufieurs corps de différens poids & de différens volumes. Delà, entre autres chofes, les deux Obfervations fuivantes.

1o. On obferva d'abord, qu'une Boule de plomb, d'environ deux pouces de diamettre, tomboit de cette hauteur de 272 pieds, dans quatre fecondes & un quart.

Le texte des Transactions philofophiques, où eft confignée cette obfervation, porte quatre fecondes & demie. Mais il en faut ôter un quart, comme le remarque l'Abbé Nollet: parce que l'on comptoit l'inftant de la chûte, par le coup que l'on entendoit d'un lieu élevé de 272 pieds ; & que le Son emploie un quart de Seconde, pour faire ce trajet. (760).

Cette Boule auroit parcouru dans le Vide, pendant ce même tems de chûte, un efpace de 289 pieds d'Angleterre, dont il s'agit ici: la réfiftance de l'Air, lui occafionna donc un ralentiffement de vîteffe, égal à 17 pieds.

II. On obferva enfuite, que deux Boules hétérogenes, d'environ cinq pouces & demi de diametre, & qui pefoient l'une 2610 grains, l'autre 137 grains & demi, employoient des tems fort différens, à tomber de toute cette hauteur. Car la plus pefante acheva fa chûte en fix fecondes & demie: la chûte de l'autre, dura près de 19 fecondes.

La refiftance de l'Air, occafionne donc un plus grand retardement aux corps moins denfes & moins pefans; un plus petit retardement, aux corps plus. denfes & plus pefans.

250. REMARQUE IV. Une livre d'eau, & une livre de plomb, produiroient une égale percuffion dans le Vide, fi tout étoit égal d'ailleurs dans ces deux corps: puifqu'ils auroient & une même maffe & une même viteffe, qui donnent un même produit de force

motrice.

1o. Mais il y a une différence bien fenfible & bien remarquable entre ces deux percuffions; & tel corps fragile, qui fera caffé dans le Vide par la chûte d'une livre de plomb, ne fera pas caffé par la chûte d'une livre d'eau.

La raison en eft, que le plomb, à caufe de l'union & de l'adhérence de fes parties qui gravitent toutes conjointement, porte un effort plus réuni contre un même point du corps fragile au lieu que l'eau, à caufe de la défunion de fes parties qui gravitent féparément les unes des autres, porte un effort divifé contre différens points du corps fragile. Un corps fragile, qui cede à l'effort réuni de toutes les parties d'une force motrice, peut donc réfister à l'effort divifé d'une égale force motrice.

II°. La différence de Percuffion, dans une livre d'eau & dans une livre de plomb, eft encore bien plus marquée, quand ces deux corps tombent en plein

air.

La Livre de plomb, dans fa chûte, ne change point de volume; & ne déplace toujours qu'une colonne d'air, égale à fa largeur.

La Livre d'eau au contraire, fe divife fans ceffe dans fa chûte, par la résistance de l'air; & à mefure que la divifion augmente, elle prend plus de furface, elle déplace un plus grand volume d'air; elle éprouve une réfiftance plus confidérable, elle perd plus de fa force accélératrice.

III°. Pour donner un nouveau jour à cette théorie: foit un affez long & affez large Tubé de verre A B

vide d'air, & empli d'eau dans environ le tiers de fa capacité. (Fig. 81).

Si on incline ce Tube, pour réunir toute l'eau dans fa partie fupérieure TA; & qu'on donne enfuite fubitement à ce même Tube, une direction perpendiculaire à l'horifon : l'eau tombe au fond en colonne ; & frappe ce fond avec un bruit affez femblable à celui qu'y produiroit la percuffion d'une petite colonne de marbre ou d'un petit coup de marteau: c'eft ce qu'on appelle le Marteau d'eau.

La chûte de l'eau, ne produit ni une percuffion femblable, ni un femblable éclat, dans un Tube égal, dont on n'a point extrait l'air : parce que la Colonne d'air TB, interpofée entre l'eau & le fond du tube, s'éleve à mefure que l'eau defcend; divife ce' Liquide en une foule de parties en retarde inégalement la chûte; l'empêche de tomber réuni en colonne, & d'imprimer au fond du tube une Secouffe inftantanée, réfultante du mouvement accéléré & non interrompu de toutes fes parties gravitantes.

PHÉNOMENE III.

251. La Pefanteur ou la Force accélératrice qui follicite les Corps à defcendre, n'eft pas égale dans toute les contrées de la Terre: plus grande fous les Poles qu'en France, elle eft plus grande en France que fous l'Equateur.

EXPLICATION. La démonftration de ce phénomene, eft fondée fur une Découverte finguliere, qui a été faite depuis environ un fiecle; favoir, qu'un même Pendule à fecondes, met plus de tems à faire ses vibrations ou fes ofcillations, vers l'Equateur, qu'en France; en France, que vers les Poles. (Fig. 12).

Un Pendule à fecondes, eft une pefante Lentille P qui tient à une verge plate de cuivre FP, dans laquelle un Rouage exact & régulier placé en F, entre

tient un petit mouvement uniforme qu'on donne à la lentille P, en la laiffant tomber de l'extrêmité D de fon arc. On hauffe ou on abaiffe la Lentille P: jufqu'à ce qu'elle parcoure exactement & avec précifion fon arc DD, ou mm, ou n n, en une Seconde de tems perfévéramment. C'eft cet Inftrument qui a fait découvrir, vers la fin du dernier fiecle, que les Corps pefent plus en France, que vers l'Equateur. (*).

I°. Le célebre Académicien Richer s'étant tranfporté en Cayenne, par ordre du Roi, en 1672, obferva le premier, avec étonnement, que fon Pendule à fecondes, qui étoit de trois pieds huit lignes & trois cinquiemes de ligne, & qui faifoit exactement à Paris fes ofcillations en une Seconde de tems, n'étoit plus exact dans l'Ifle de Cayenne, où chaque ofcillation duroit un peu plus d'une Seconde.

Il lui fallut raccourcir fon Pendule de plus d'une ligne & un quart, dans cette Ifle fituée à environ cinq degrés de latitude: pour le rendre exact comme il étoit à Paris à quarante-huit degrés & cinquante minutes de latitude.

Le même phénomene a été obfervé enfuite dans l'Ile de Gorée, de Saint-Chriftophe, de SaintDomingue, par Meffieurs Varin & Deshayes; dans l'Ile de la Martinique, par M. Feuillée; dans l'ifle de la Martinique, par M. Camphel; à Panama, par Meffieurs Bouguer & de la Condamine, envoyés au Pérou pour y mefurer un degré du Méridien terref tre, vers l'an 1738.

II°. Les Académiciens François, qui vers le même

(*) NOTE, On peut voir dans la troifieme & derniere Edition de notre Cours complet de Mathématiques élémentaires, (fous le Numéro 5, pages 36 & 40), un plus grand développement, au fujet du Pendule à fecondes, fimple & compoft.

tems s'étoient tranfportés en Laponie pour y mefurer un degré du Méridien terreftre fous le Cercle polaire, obferverent que leur Pendule à fecondes, qui faifoit à Paris exactement une ofcillation par feconde, mettoit un peu moins d'une, feconde fous le Cercle polaire, pour y faire une ofcillation: il leur fallut donc allonger leur Pendule P, pour en rendre les ofcillations égales à une Seconde.

,

III°. Selon Meffieurs Richer, Varin, Deshayes de Mairan, Picard, de Maupertuis, un Pendule à fecondes P, doit avoir 440 lignes & demie de longueur à très-peu près à Paris: pour y parcourir exactement l'arc DD en une feconde de tems.

Ce même Pendule, en Cayenne, doit être raccourci au moins d'une ligne & quart, felon Richer; ou même d'environ deux lignes, felon Deshayes: pour y parcourir exactement en une feconde l'arc mm, un peu moins long que l'are D D.

Ce même Pendule, fous le Cercle polaire, doit être alongé d'une petite quantité: pour y parcourir exactement en une feconde l'arc nn, un peu plus long que l'arc D D.

On peut voir, fi l'on veut, toutes ces obfervations comparées entr'elles, à la fin du quatrieme volume des Œuvres de M. de Maupertuis, Edition de 1756.7

Ívo. Voilà donc toujours, felon toutes les Obfervations qui ont été faites fur cet objet, & qui s'accordent toutes à établir & à démontrer le même Phénomene; celui d'un même Pendule P, qui fous une même longueur FP, fait fes Vibrations DD dans une Seconde précise en France, dans moins d'une Seconde fous le Cercle polaire, dans plus d'une Seconde vers l'Equateur. Delà, découle & réfulte la démonstration du troisieme Phénomene que nous

venons

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