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leroit pas moins que leur valeur & leur adresse, si des Chevaliers étrangers, avides de gloire, vouloient entrer en Lice avec eux.

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Les Seigneurs Bannerets reçûrent les ordres pour se trouver, à jour marqué, dans cette belle Plaine qui conduit de Dijon à Nuits avec leurs Compagnies -d'Ordonnance, le nombre d'Archers & autres Gens de pied qu'ils devoient fournir pour leur contingent. Ces Chefs de la Noblesse de Bourgogne connoiffoient trop la magnificence de leur Souverain, pour négliger de paroître à ses yeux avec cette Pompe guerriere & galante, si capable de lui plaire. Rien ne fut oublié.

Dès qu'on apprit à la Cour de Philippe, la fête Militaire que Hugues préparoit, tous les jeunes Seigneurs parurent fouhai

ter de voir un spectacle nouveau pour eux, aux Tournois & Carousels près : ils en parloient à tous propos au Roi, & tâchoient de lire dans ses yeux, s'il trouveroit bon qu'on lui demandât la permiffion d'aller fatisfaire une curiofité, qu'un défir de gloire sembloit juftifier. Philippe, sans se découvrir, laiffa languir quelques jours cette grande Nobleffe, avide de se fignaler; mais enfin il déclara que pour faire honneur à fon voisin & allié, il choisiroit des perfonnes de fa Cour, capables de foutenir avec éclat la grandeur de la nation Françoise. Quelques jours après, Philippe fit tomber fon choix fur Roger, Comte de Rethel; (a) fur Raoul, Sire de Couci; fur Guillaume, Comte

(a) Il étoit de la maison de Champagne.

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des Barres; (a) & fur Alberic, Seigneur du Mez. (b) Il fouhaita que les deux premiers, chargez fans doute d'instructions secretes, partissent plutôt que les deux autres, & qu'ils se rendiffent à la Cour de Hugues, quinze jours avant l'ouverture du Camp. Ces quatre Seigneurs convinrent des Equipages qu'ils devoient avoir. Tout fut préparé avec autant de soin que de fecret; & les gens qui conduisoient ces Equipages, eurent ordre de se rendre dans des Villages fur les Frontieres de Bourgogne, pour être à portée d'arriver au Camp, le jour qui leur

(a) C'est le même que l'Histoire appelle Comte de Rochefort, & qui étoit Grand Sé néchal du Roi.

(6) Il étoit Maréchal de France, dignité alors unique, & fils de Clément, Maréchal de France, Gouverneur du Roi & fon Miniftre.

feroit indiqué. Plusieurs autres personnes de distinction crûrent que Philippe ne leur feroit pas un crime d'aller, fans fon aveu, voir par eux-mêmes, l'exécution d'un projet si singulier: ainsi, sous des prétextes ap parens, ils s'absenterent de la Cour, & fe rendirent en Bourgogne. Le Roi ne l'ignora pas; mais quand ils furent de retour, il ne leur donna aucun lieu de croire qu'il fût informé des vraïes raisons de leur abfence: il évita même de leur faire la moindre question sur ce qu'ils avoient vû; & il n'interrogea jamais à ce sujet, que les quatre Seigneurs qu'il y avoit envoïez. Le Comte de Rethel, & le Sire de Couci furent reçûs du Duc de Bourgogne avec de grandes marques d'eftime & de confideration: il sçavoit leur haute

naissance, & la Renommée l'avoit instruit de leur mérite. Hu

gues qui fe connoissoit en hommes, trouva qu'ils étoient dignes de leur réputation. Les solides & brillantes qualitez de l'un & de l'autre, l'engagerent à leur accorder une amitié marquée, malgré sa politique, qui le rendoit retenu dans ses accüeils, aux Etrangers que la curiosité attiroit à sa Cour.

Le Comte des Barres Grand Sénechal du Roi, dignité Militaire & éminente en ce temslà, & le Maréchal du Mez ne fe rendirent à Dijon que deux jours avant l'ouverture du Camp. Le Comte de Rehtel & le Sire de Couci les présenterent au Duc de Bourgogne. Ce Prince monta le lendemain à cheval, accompagné des Seigneurs Bourgui gnons & François, qui fem

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