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33.

Meteorol. I. XP. 13.

d'Ambigat, roi des Bituriges, remontent jusqu'au tems du regne de Tarquin-l'ancien à Rome, felon le témoiLib. V, fett. 34. gnage de Tite-Live, ce qui devance l'Ere Chrétienne d'environ 600 ans. Hérodote, qui eft poftérieur de plus d'un fiècle, a connu le nom des Celtes, que l'on fçait avoir été celui que les Gaulois fe donnoient eux-mêmes. Mais, cette connoiffance étoit très-fuperficielle, à en juger par ce qui fournit à cet ancien hiftorien l'ocEuterpe, mem. cafion de citer les Celtes, qui eft de dire que l'lfter; ou le Danube, prend fa fource dans leur pays, près d'une ville du nom de Pyrene, qui eft plutôt une montagne, comme le dit Ariftote. Scymnus de Chios, dont on ne fçauroit déterminer le tems, parle de la Celtique comme d'un pays fitué fur la mer qui renferme la Sardeigne, & dont la nation eft la plus puiffante vers le couchant. La mention qui eft faite des Celtes dans le Périple, qui porte le nom de Scylax de Caryande, lesplace en Italie vers la mer Adriatique, ce qui ne peut convenir qu'à une portion tranfplantée de la nation : & dans cet ouvrage fort fuccint, c'eft aux Ligures qu'appartient le rivage de la Gaule, depuis la frontière de I'Ibérie, fur la mer Intérieure, ou Méditerranée. Les Marseillois, établis fur cette côte, avoient pu faire connoître les Celtes aux Grecs. Car, les Celtes proprement dits, & diftingués des Aquitains comme des Belges, renfermés également dans la Gaule, s'étenLib. IV, p. 177. doient jufque dans cette partie maritime, Strabon leur

Comment. I.

In Atticis.

attribuant Narbone & Marfeille jufqu'aux Alpes. Nous
ignorons ce qui a fait donner aux Celtes le nom de
Gaulois par les Romains: qui ipforum linguâ, Celta,
noftrá, Galli appellantur, dit Céfar. Plufieurs hiftoriens/
Grecs, Polybe, Diodore de Sicile, défignent les Gau--
lois
par le nom de Galates. Paufanias reconnoît que ce
nom est moins propre à la nation que celui de Celtes
& lui eft poftérieur. Ptolémée réunit ces dénominations,
en appliquant aux diverfes parties de la Gaule le nom.

de Celto-Galatie. Strabon eft conftant à donner au pays le nom de κελτική.

On commence à voir les noms de plufieurs nations Gauloifes en particulier, dans ce que l'hiftoire rapporte de leurs migrations en Italie & en Germanie. Le paffage d'Annibal par la Gaule, en fortant de l'Efpagne, pour arriver aux Alpes, fait connoître quelques autres nations. Mais, ce font les conquêtes des Romains, qui ont étendu la connoiffance du pays à la totalité de ce qu'il renferme. L'alliance de Marfeille, & celle des Edui, avec Rome, fut pour les Romains un prétexte de porter leurs armes dans la Gaule, & donna lieu aux commencemens de la domination qu'ils y établirent; ayant vaincu les Salyes, énemis de Marfeille, les Allobroges & les Arverni, dont les Edui avoient eu à fe plaindre, felon le rapport de Florus. Ces premiers Lib. III, cap. z avantages des Romains dans la Gaule Tranfalpine, comme ils l'appelloient, ne font guère antérieurs que de fix-vingt ans à l'époque de l'Ere Chrétienne, & ne précèdent que de foixante & quelques années l'entrée de Céfar dans fon gouvernement de la Gaule.

Ce que les Romains poffédoient alors en Gaule, ý étoit diftingué fimplement par le nom de Provincia: Céfar dit quelquefois, Provincia noftra, ou Gallia provincia. L'ufage d'un vétement, appellé Bracca, qui habilloit les cuiffes, lui fit auffi donner d'abord le nom de Gallia Braccata: & à cette dénomination fuccéda celle de Narbonenfis. Méla fait voir une distinction de tems dans l'ufage de ces noms pars (Galliæ) noftro Lib. II, cap. 5. mari appofita, fuit aliquandò Braccata, nunc Narbonenfis. Pline: Narbonenfis provincia... Braccata antea Lib. III, cap. 4. dida. Quoique l'établiffement d'une colonie Romaine à Narbone ait devancé l'Ere Chrétienne d'environ centseize ans, il eft vraisemblable que le nom de Narbonoise n'a eu lieu que fous l'empire d'Augufte, & en même tems que la Celtique a été défignée d'une même ma

Ubi fuprà.

nière par le nom de Lionoife. Cette partie de la Gaule s'étant, plutôt qu'aucune autre, façonnée aux manières des Romains, & à leur gouvernement, Pline en parle dans les termes les plus avantageux: agrorum cultu, virorum, morumque dignatione, amplitudine opum, nulli provinciarum poftferenda, breviterque Italia veriùs, quam provincia. Les principaux peuples de cette province entre le Rhône & les Alpes, étoient les Salyes & Albiaci, les Cavares, les Vocontii, & les Allobroges, qui s'étendoient le long du Rhône depuis l'Isère, en remontant jufqu'au lac Léman. Ces peuples étoient foumis, avant que plufieurs autres qu'ils avoient derrière eux dans les Alpes, & dont les plus confidérables étoient les Centrones & les Caturiges, fuffent dans la même déComment. III. pendance. Céfar témoigne de ceux qui occupoient la vallée Pennine, qu'ils voyoient les Romains dans le deffein de s'emparer des lieux les plus élevés dans les Alpes, pour les joindre à leur province : ea loca finitima provincia adjungere. Ce fut Augufte, qui réduifit un grand nombre de petits peuples renfermés dans les montagnes, & qui avoient confervé leur liberté. Une partie de ces peuples demeura même fous le gouverne❤ ment d'un prince particulier, nommé Cottius, qui rechercha les bonnes-graces d'Augufte, & dont l'Etat ne fut réuni à l'Empire que fous Néron. Lorfque PtoléLib. III. cap. 1. mée, qui vivoit fous les Antonins, comprend dans l'Italie des pofitions qui ont fait partie de la Gaule, il peut n'être répréhenfible qu'en ce qu'il les croit enveloppées par les Alpes, & fituées au delà à notre égard. L'autre partie de la province Romaine entre le Rhône & les Pyrénées, contenoit les Helvii, les Volca Arecomici, que le mont Cebenna féparoit du reste de la Gaule en général, & des Ruteni en particulier. Un démembrement des Ruteni, que l'on doit eftimer répon→ dre à l'Albigeois, étoit annexé à la Province. Les Volca Tedofages, aux environs de la Garonne, remontoient

vers les Pyrénées. Les Sardones étoient au pied des montagnes près de la mer : & il y a encore lieu de croire que les Conforanni, qui ont été rangés dans l'Aquitaine, étoient antérieurement enveloppés dans la province Romaine, vu que l'emplacement que Pompée donna aux Convena, à fon retour de la guerre d'Espagne, les y renferme.

Il étoit réfervé à Céfar de faire connoître la Gaule entière jufqu'à l'Océan, & jufqu'au Rhin vers fes embouchures. Cette grande partie de la Gaule, où les armes Romaines n'avoient point pénétré avant lui, étoit diftinguée par le nom de Comata, parceque les peuples y portoient leur chevelure dans toute fa longueur. Cicéron faifant parler Antoine: Galliam, inquit, Togatam Philipp. VIIL remitto, Comatam poftulo. Céfar trouva la Gaule partagée en trois nations principales ; les Celtes, les Belges, & les Aquitains: on fçait que c'eft par cette divifion qu'il débute dans fes Commentaires. Ces nations différoient entr'elles par le langage, comme par la manière de vivre & de fe gouverner: hi omnes, lingua, Comment. inftitutis, legibus, inter fe differunt. Les Belges, dans le nord de la Gaule, paroiffent tenir des Germains leurs voisins, & dont ils font la plupart fortis: reperie- Comment. II bat, dit Céfar, en parlant de lui-même, plerofque Belgas effe ortos à Germanis. Ils tiroient vanité de cette origine, comme Tacite le rapporte des Treveri en particulier, & des Nervii. Les Aquitains pouvoient avoir Sec. 37• quelque affinité avec les nations Ibériennes ou Efpagnoles, auxquelles Strabon remarque qu'ils reffembloient, & dont ils n'étoient féparés que par les Pyrénées. Ainsi, les Celtes étoient en quelque manière plus Gaulois que les autres; & Céfar leur applique plus particulièrement le nom de Galli, en parlant de ce qu'ils occupoient de pays féparément des autres: eorum una pars, quam Gallos obtinere dictum eft. Cette partie de la Gaule prévaloit en même tems par fon étendue

Lib. de Germ

Lib. IV, p. 189+

Comment.

Les Celtes atteignoient d'un côté le bord de la Garonne, qui les féparoit des Aquitains; de l'autre, la Seine & la Comment. I. Marne, fur la frontière des Belges : Gallos ab Aquitanis Garumna flumen, à Belgis Matrona & Sequana dividit. Ce qu'ils embraffoient de pays tenoit au Rhône, initium capit à flumine Rhodano: & touchoit pareillement au Rhin, attingit à Sequanis & Helvetiis flumen Rhenum. Si par deffus cela on fe rappelle, que l'étendue de la province Romaine étoit un démembrement de ce qui avoit été compris fous le nom des Celtes, on voit leur grande fupériorité fur les autres nations dont ils font diftingués dans la Gaule.

Augufte, qui tint les Etats de la Gaule à Narbone l'an 27 avant l'Ere Chrétienne, paroît avoir apporté une attention particulière au gouvernement du pays, dont il fit faire un cens ou dénombrement, felon l'ancien ufage des Romains. Il dut donc connoître qu'il y avoit une grande inégalité entre les provinces qui partageoient la Gaule. Céfar n'avoit point connu l'Aquitaine par lui-même, comme la Celtique & la Belgique : & ce n'eft que fur le rapport du jeune Craffus, fon lieuComment. III. tenant, qu'il a pu dire, quæ pars, & regionum latitu dine, & multitudine hominum, ex tertiâ parte Galliæ eft aftimanda. Les Aquitains, qu'une expédition paffagère fous le gouvernement de Céfar n'avoit pas accoutumés à l'obéiffance, ne furent réduits que fous l'empire d'Augufte, par Meffala. Leur pays refferré entre la Garonne, les Pyrénées, & l'Océan; à Garumná flumine ad Pyrenæos montes, & eam partem Oceani quæ ad Hifpaniam pertinet, ne paroiffant pas d'une étendue comparable aux autres parties de la Gaule, & fur-tout à la Celtique; Augufte enleva à celle-ci de quoi aggrandir l'Aquitaine, qui fut ainfi prolongée depuis la Garonne Lib. IV, p. 189. jufqu'à la Loire. Selon Strabon, quatorze peuples. furent détachés de la Celtique, pour être incorporés à l'Aquitaine. On a peine à retrouver précisément ce

Comment. 1.

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