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Lionoises en deux, qui de deux en a fait quatre. C'eft auffi dans cet état de quatre provinces Lionoifes qu'il faut donner le détail de ce qui les compofoit, d'après la Notice des Provinces.

La Lionoife première fous fa métropole Lugdunum, qui devoit cette dignité de métropole à Augufte, lorf que la Lionoife formoit une des quatre grandes parties de la Gaule, contient la cité des Edui, ou Auguftodunum, celle des Lingones, reprise fur la Belgique, felon ce que j'ai antérieurement obfervé ; & les villes de Cabillonum & de Matifco, qui ne font point qualifiées du titre de civitas, mais fimplement de caftrum. La Lionoife feconde renferme fous Rotomagus fa métropole, les cités des Bajocaffes, Abrincatui, Ebroici ou Ebarovices, Sagii, Lexovii, & celle de Conftantia, qui repréfente les Unelli. La Lionoife troisième, ayant Turones pour métropole, contient les cités des Cenomani, Redones, Andes ou Andecavi, Namnetes, Cori Sopiti, Veneti, Ofifmii, & Diablintes. Enfin, la Lionoife quatrième, qui de Senones fa métropole a été appellée Senonia, a compris la cité des Carnutes, d'Aureliani & d'Autiffiodurum, des Parifii, & des Meldi. Cette province a fouffert un démembrement comme province Eccléfiaftique, lorsque Paris eft devenu une métropole en 1622, & lui a enlevé Chartres, Orléans, & Meaux.

Il fuffira de dire fur la Belgique première, qu'on la retrouve dans la province Eccléfiaftique de Trèves, ou d'Augufta Treverorum fa métropole, comprenant les cités des Mediomatrici, Leuci, & Verodunenfes. La Bel gique feconde, ayant la capitale des Remi pour métropole, renferme un plus grand nombre de cités; fçavoir, des Sueffiones, Catalauni, Veromandui, & Atrebates de Camaracum & Turnacum, qui repréfentent la nation des Nervii; enfin, celles des Bellovaci, Silvanectes, Ambiani, Morini, & Bononia. L'érection de Cambrai

& de Malines en métropoles l'an 1559, a enlevé à la province Eccléfiaftique de Reims une grande partie de ce qui compofoit la feconde Belgique. Car, elle y a perdu les diocèfes de Cambrai & de Tournay, d'Arras, ceux de S. Omer & d'Ipre, qui font du territoire des anciens Morini, ceux de Bruges & de Gand, fur lefquels les Nervii ont autrefois dominé, & qui étoient fous la jurisdiction des évêques de Tournai, avant que ces évêchés, & celui d'Ipre, fuffent rangés fous la métropole de Malines.

La Germanie première renferme fous Mogontiacum fa métropole, les Vangiones, les Nemetes, & les Triboci, le territoire de ceux-ci étant désigné par la cité d'Argentoratum dans la Notice des Provinces. Celle des Dignités de l'Empire fait mention même dans cette province d'un diftrict particulier fous le nom de Tradus Argentoratenfis. Le détail qu'elle donne des poftes établis le long du Rhin fous le commandement d'un Géné ral réfidant à Maïence, fub difpofitione viri fpectabilis Ducis Mogontiacenfis, fait connoître que ce département s'étendoit depuis Saletio, ou Seltz, inclufivement, jufque & compris Antunnacum, ou Andernach: & Ptolémée fépare les deux Germanies par une rivière qu'il appelle Obringa. La Notice des Provinces ne donne d'autre détail de la feconde Germanie, que d'y nommer la métropole Agrippina, & la cité des Tungri. Mais, les dépendances de cette cité contribuent beaucoup à donner de l'extension à la province dont elle fait partie. C'eft ce que les anciennes limites de la jurif diction fpirituelle des évêques de Liège, dont le fiége eft celui de Tongres, nous indiquent. Car, cette jurifdiction s'est étendue jufque fur Malines; & on fçait que le diocèse de Namur n'eft féparé de celui de Liége que depuis environ 200 ans. Il faut fe rappeller que la Belgique commence à l'Efcaut, à Scalde, felon Pline; qui

dit encore ailleurs, que les nations Germaniques s'éLib. IV, cp. 13. tendent jufqu'à cette rivière : ad Scaldim ufque fluvium Germanica accolunt gentes.

à

Il ne nous refte de province que Maxima Sequanorum, dont Vefontio, capitale des Sequani, étoit la métropole. La Notice y fait mention de trois cités, Noiodunum ou Equeftris, Aventicum des Helvetii, & Bafilia, celle-ci ayant fuccédé à la dignité d'Augufta des Rauraci, qui ne paroît dans cette Notice qu'en la même qualité de caftrum, que Vindoniffa & Ebredunum ; & le caftrum Rauracenfe y eft fuivi de Portus Abucini. Il eft remarquer, que quoique le Rhin foit désigné en général comme fervant de limite à la Gaule; cependant ce n'eft pas précisément dans cette partie de fon cours qui tient à fes fources, que les dépendances de la Séquanoife ont bordé étroitement la rive du Rhin. Les nations Rhétiques l'occupoient; & de leur nombre eft celle des Sarunetes, dont on connoît la ville principale en deçà du Rhin à l'égard de la Gaule. Une pofition de Fines; placée fur une voie Romaine en defcendant plus bas, défigne indubitablement la féparation de la Séquanoise

d'avec la Rhétie.

On trouve vers la fin du quatrième siècle, & le commencement du cinquième, que dans la Gaule il y avoit des provinces qui étoient diftinguées par le nom de Gallia, féparément de plufieurs autres, qui font défignées par leur nombre de quinque provincia, ou bien de feptem provincia. La première notion qu'on ait de cette distinction entre les Gaules & les cinq provinces, eft dans la lettre fynodique du concile tenu à Valence en 374. Elle est répétée en d'autres actes; & je me borne à dire qu'elle fubfifte dans la Notice des Dignités de l'Empire, qui paroît poftérieure, & où les officiers chargés de la direction des finances dans chacun des deux départemens, font appellés Rationales fummarum,

autrement,

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Prim. de l'Egl.

704

De Prim. Lugd. n. 65.

Not. Galliar.

P. 301.

autrement, rei privatæ, ou du domaine, l'un per Gallias, l'autre per quinque provincias. Les fçavans font fort partagés fur le choix des cinq provinces. Blondel, M. de Marca, & M. de Valois, les reftraignent aux deux Narbonoises, à la Viennoife, & aux Alpes Maritimes & Gréques. Mais, on doit remarquer, qu'il n'y auroit eu aucune proportion entre un département borné à cette partie de la Gaule, & ce que la Gaule occupoit d'étendue dans le refte de fes provinces. Cette remarque mérite d'autant plus de confidération, qu'on ne voit pas le même défaut dans la diftinction formelle que fait la Notice des Provinces, de celles qui y font appellées Gallicana, d'avec les feptem provincia. Les premières au nombre de dix, font, les quatre quatre Lionoifes, les deux Belgiques, les deux Germanies, la Séquanoife, & les Alpes Gréques. Les feptem provincia, en ne comprenant point cette dernière, trouvent dans les deux Aquitaines & la Novempopulane, une acceffion confidérable aux deux Narbonoifes, à la Viennoife, & aux Alpes Maritimes: de forte que l'on voit la balance plus égale dans le partage de la Gaule. Auffi plufieurs fçavans font-ils dans l'opinion, que ce qui eft appellé les cinq provinces eft le même département que celui des fept provinces. Le P. Lacarri paroît le premier qu'on doive citer, & il faut y joindre M. de la Præf. Præt.p.20. Barre, & D. Bouquet dans la préface du premier tome de la collection des historiens François. On doit croire que l'Aquitaine avoit part aux cinq provinces, fur ce que Philaftre parlant de l'héréfie des Prifcillianiftes comme s'étant introduite dans les cinq provinces, Sulpice-Sévère, fon contemporain, témoigne, qu'elle avoit infecté interiorem Aquitaniam, & fur tout Elufanam plebem, dans la Novempopulane. Il faut fe fouvenir que l'Aquitaine & la Narbonoife font citées comme étant uniques, peu avant qu'on les voie divifées cha

* D

Hift. Gall. fub

cune en deux provinces; & la formule établie alors de dire les cinq provinces, a pu être employée par une continuité d'ufage, lors même que le nombre étoit Lb. II. cap. 63. monté à fept. Pancirol, qui a commenté la Notice de l'Empire, eft tombé dans une étrange méprife, en prenant ce que défignent les feptem provincia pour Liv. III. ch. 38. Îa Gaule entière; & il a entraîné Bergier dans fon opinion. Scaliger, qui croit que le nom de Septimanie dont on n'a connoiffance qu'après un tems

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écoulé dans le cinquième siècle, peut dériver des fept provinces, confond des chofes très-différentes & fort Ep. I, libri III. difproportionnées. Quand Sidoine-Apollinaire dit que les Gots, Septimaniam fuam faftidiunt, cela peut s'entendre de quelques diftricts, dont la jouiffance leur avoit d'abord été accordée, & qui depuis Toulouse s'étendoient dans la feconde Aquitaine jufqu'à l'Océan, felon les chroniques d'Idace & de Profper, fous l'an 419, & felon Ifidore de Séville. Ainfi, ce feroit par tranflation que le nom de Septimanie s'eft renfermé depuis dans la Narbonoise, qui étant demeurée aux Visigots d'Espagne, a porté le nom de Gothie en même tems que celui de Septimanie. Mais, cette Septimanie, dans laquelle fous le regne de Reccarède, vers la fin du fixième siècle, on diftingue le nombre de fept cités fous la métropole de Narbone, est postérieure à la domination Romaine dans la Gaule.

Je crois avoir rempli l'objet que je m'étois propofé 'dans ce préliminaire, de faire connoître les provinces qui ont partagé la Gaule, depuis les premières notions qu'on a eues de cette grande & célèbre contrée, jusqu'à la chute de l'Empire Romain en Occident. Ce que l'invafion des nations étrangeres y a apporté de changement n'eft point de mon fujet. On fçait que la Gaule étoit d'ancienneté divifée en beaucoup de peuples, indépendans généralement parlant les uns des

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