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Comment. III.

gau

admettant les nombres, que la route s'écartoit de la direction immédiate, pour communiquer à quelque lieu de confidération. En-effet, je trouve qu'à partir de Bourdeaux, cette déviation d'un alignement direct de Bourdeaux à Aqs, eft indiquée par la position que prend Sa lomacum, dont la dénomination eft confervée dans le nom actuel de Sales. On découvre même un veftige du passage de l'ancienne voie romaine qui conduifoit à Sales, en rencontrant fur la route un lieu appellé Seftas dont l'éloignement de Bourdeaux eft très-convenable à cette dénomination de Seftas, qui dénote fix lieues loifes. Et pour qu'il n'y ait aucun moyen de douter que Sales ne foit Salomacum, je trouve par un rapport de pofition avec des points fixés en rigueur géométrique dans les environs, que la diftance à l'égard de Bourdeaux s'évalue à 21000 toifes, ce qui répond à peu près aux 18 lieues marquées dans l'Itinéraire, & dont le calcul eft ftrictement de 21412 toifes. On peut juger que c'eft pour conduire à la ville d'un des peuples qui partageoient l'Aquitaine, les Cocofates, que la route de Bourdeaux à Sales ne tend pas directement à Aqs. J'avoue que le lieu marqué dans l'Itinéraire fous le nom de Tellonum, entre Salomacum & Caquofa, ou pour lire correctement Cocofa, ne m'eft point connu. Mais, en m'attachant aux 30 lieues I'Itinéraire fait compter depuis Salomacum, la diftance porte à l'entrée du canton, appellé aujourd'hui Marenfin; & je trouve que ce qui refte enfuite de distance en tendant vers Aqs directement, peut convenir à l'indication de l'Itinéraire entre Aqua Tarbellica & Cocofa, cette distance tenant lieu de 16 lieues gauloises.

que

45°, 17°.

COCOSATES. Il en eft mention dans Céfar, entre plufieurs autres peuples de l'Aquitaine. Dans Pline Cocoffates Sexfignani. La pofition de Cocofa nous indique le canton qu'ils occupoient. L'opinion de Sanfon,

que les Cocofates font un même peuple que les Datii mentionnés dans Ptolémée, n'eft autorifée d'aucune preuve folide.

51°, 25°.

COLONIA AGRIPPINA. Elle porte le nom d'Agrippine, fille de Germanicus, & femme de Claude fous lequel cette colonie fut fondée. Tacite : Agrippina... in oppidum Ubiorum, in quo genita erat, vetera nos, coloniamque deduci impetrat, cui nomen inditum eft ex vocabulo ipfius. Elle eft auffi appellée Agrippinenfis, & quelquefois fans le nom de Colonia, fpécialement dans Ptolémée. Les Alemans difent actuellement Coln, au lieu de Cologne. Cette ville prit le rang de métropole dans la Germanie inférieure ou feconde : metropo lis (Germaniæ fecunda) civitas Agrippinenfium, felon la Notice des provinces de la Gaule.

47°, 25°.

cette Spon p. 167;

COLONIA EQUESTRIS NOIODUNUM. Pline eft le premier qui en faffe mention, & après lui Ptolémée. Dans l'Itinéraire d'Antonin, & dans la Table Théodofienne, cette ville n'a point d'autre nom que celui d'Equeftris, de même que dans les auteurs précédens. Quelques inferiptions font connoître que cette colonie étoit appellée Julia. Mais, la Notice des provinces de la Gaule nous apprend, qu'indépendamment d'un nom purement Romain, que l'établiffement d'une colonie avoit fait donner à cette ville, elle fe nominoît Noiodunum. Dans cette Notice, civitas Equeftrium Noiodunus fuit immédiatement la métropole de la grande Séquanoise, ou Befançon. Ce nom propre & Celtitique s'eft confervé dans celui de Nion : mais, felon un

P. 8.

titre de l'an 1011, rapporté par Guichenon, le canton Hift. de Savoie, des environs a été appellé pagus Equestricus; & Spon Hit. de Genève, a remarqué, que ce pays, le long du lac Léman, con- T. II. ferve chez les habitans le nom d'Enqueftre. L'Itinéraire d'Antonin marque XVII entre Cenava, ou Genèye, &

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Equeftribus; la Table, xII. Une colomne milliaire nu mérotée vIII a été trouvée à Versoi fur le bord du lac, entre Nion & Genève; & c'eft la distance qui convient en milles romains entre Nion & Verfoi. De Versoi jufqu'à Genève la diftance paroît l'équivalent d'environ 5 milles. Donc, entre Genève & Nion le nombre xvii qu'on voit dans l'Itinéraire tient lieu de XIII; & ce nombre xin donne une diftance plus complette que l'indication de xii dans la Table.

52°, 24°.

COLONIA TRAJANA. L'Itinéraire d'Antonin, & la Table Théodofienne, font les feuls monumens qui en faffent mention. Car, l'opinion de plusieurs fçavans; & de M. de Valois entr'autres, que Colonia Trajana & Tricefima, dont parle Ammien-Marcellin, font le même lieu, ne peut se foutenir contre les preuves qui établiffent le pofte de la légion appellée Tricefima Ulpia auprès de Vetera. On connoît l'emplacement de la Colonie Trajane, à environ un mille de Clève, vers l'orient d'été, fous le nom de Koln ou Keln.

48°, 17°.

COMBARISTUM. La Table Théodofienne trace une voie de communication entre Rennes & Angers: Condate XVI Sipia xvi Conbariftum xvi Juliomago. En partant de Juliomagus, ou d'Angers, pour reconnoître la position qui eft immédiate à l'égard de cette ville, on rencontre fur la direction de la voie, un lieu dont le nom de Combrée conferve trop d'analogie avec le nom de Conbariftum, ou, felon une meilleure orthographe Combariftum, pour n'y pas fixer cette pofition. Mais, la diftance que marque la Table paroît trop courte pour ce qu'il y a d'efpace réel entre Combrée & Angers. Car, on peut l'eftimer de 23000 toifes en droite-ligne; & comme il eft naturel que la mefure itinéraire furpaffe la mefure directe, elle peut fe faire égale à 21 lieues gauloises, dont le calcul eft de 23814

toifes. Ainfi, la Table doit être corrigée de la manière la plus fimple qu'on puiffe employer à la réformer; & pour fubftituer XXI à XVI, il fuffit d'allonger par en bas pour les jambages du v, ou de les croifer. Cette correction eft indispensable, & elle ne répand point de doute fur l'identité du lieu de Combariftum & de Combrée, que la dénomination & le paffage de la route indiquent au premier coup-d'œil. Les opérations trigométriques faites en France, donnent au moins 57000 toifes de diftance entre Rennes & Angers, ce qui paffe l'évaluation de 50 lieues gauloifes en droite-ligne, indépendamment de l'excédent qu'il convient d'accorder à la mesure itinéraire. La Table, qui ne fait compter que 48, doit donc renfermer quelque erreur dans ce compte, & cette erreur fe manifefte entre Combariftum & Juliomagus. Ce qui le confirme, c'eft que du point où je crois pouvoir eftimer que. fe place Combrée, dans l'intervalle des pofitions déterminées de Rennes & d'Angers, en me portant fur Rennes, l'efpace me paroît de 34000 toifes; & on peut bien fuppofer qu'en cet espace la mesure itinéraire approche fort des 32 lieues gauloifes marquées par la Table. Ainfi, ce n'eft pas fur cette partie de la voie que la Table eft en défaut ; c'est donc fur celle de Combariftum à Juliomagus.

43°, 21°.

COMBUSTA. Ce lieu eft marqué dans l'Itinéraire d'Antonin, fur la voie qui conduit de Narbone au paffage des Pyrénées ; & la distance à l'égard du lieu nommé ad Vigefimum eft marquée XIIII, & de Combusta à Rufcino vi. La pofition de Vigefimum doit être placée, en conféquence de fa dénomination, à compter de Narbone ; & on connoît Rufcino pour avoir été fitué près de la Tet, un peu plus bas que n'eft aujourd'hui Perpignan. Ce qu'il y a d'efpace direct entre le point qui paroît convenir à Vigefimum & Rufcino, s'eftime au moins de 14000 toises, ce qui équivaut à près de 19

* Gg

Tib. I, cap. 11.

milles romains, indépendamment de ce que la mefure itinéraire doit avoir de plus que la mesure directe. M. Mare Hifpan. de Marca place Combufta à Rives-altes, par la raison vraisemblablement qui détermine souvent le choix, en voyant qu'un lieu figure actuellement plus que d'autres dans le canton où l'on fe croit tranfporté. Mais, Rives-altes s'écarte fenfiblement fur la droite de la direction de la voie, & d'autant plus que cette voie tend à Rufcino, & non pas à Perpignan. La distance de Rives-altes à l'égard de Vigefimum étant de 11 à 12000 toifes en droite-ligne, paffe d'environ 1000 toifes le calcul de la mesure itinéraire de 14 milles romains. D'ailleurs, pourquoi le nom de Rives-altes dans l'Itinéraire ne feroit-il pas Ripa-alta, comme on connoît Alta-ripa, Altrip, fur le bord du Rhin? Cette dénomination n'eft pas moins Romaine que celle de Combufta. Il faut donc s'en tenir à placer Combufta fur la voie qui tendoit à Rufcino, dans une diftance refpective de Vigefimum & de Rufcino, qui foit analogue à ce qu'indique l'Itinéraire, fans entreprendre de défigner un lieu actuel qui y réponde.

P. 319

44, 24°.

COMMONI. C'eft un peuple de la Narbonoife, fe lon Ptolémée, qui range fous ce nom Marseille & plufieurs autres lieux le long de la côte, jusqu'à Fréjus inclusivement. Il n'eft point connu d'ailleurs. M. de Valois aimeroit mieux que Ptolémée eût nommé en cette place les Cenomani, que Caton le Cenfeur, au Lib. III, cap. 19. rapport de Pline, difoit avoir habité propè Maffiliam, Lib. V, fedt. 34. in Volcis. On fçait par Tite-live, que les Phocéens qui fonderent Marseille, furent fecourus contre les Sa lyes, habitans du pays, par les Gaulois, que Bellovèfe conduifoit en Italie. L'hiftorien nomme parmi eux les Aulerci, ce qui peut défigner des Cenomani, dont quelque détachement aura pris le parti de s'établir dans le même canton que venoient occuper des étrangers.

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