autres, fi ce n'eft que les plus puiffants formoient des factions, entre lefquelles les autres fe partageoient. Dans Céfar, le territoire de chacun de ces peuples eft défigné par le terme de Civitas. Tacite & Pline l'emploient dans le même fens, & les infcriptions fervent à le confirmer. Les plus étendus de ces territoires pouvoient être compofés de plufieurs cantons. Je me contenterai de rapporter pour exemple ce qui concerne les Helvetii dans Céfar: omnis civitas Helvetia in qua tuor pagos divifa eft. Comme le nombre de trois ou quatre cent peuples, que quelques auteurs de l'antiquité, Plutarque, Appien, attribuent à la Gaule, est fort au-deffus de ce que nous en connoiffons de principaux, il eft à préfumer que les Pagi répondoient à des peuples fubordonnés & d'un rang inférieur. On eft prévenu, que le gouvernement civil a beaucoup influé fur l'établiffement, & fur le rang des églifes; & dans la description qui a été faite des provinces de la Gaule, on a pu obferver, que les provinces Eccléfiaftiques, dans leur état primitif, y ont un grand rapport. Indépendamment de cette confidération générale, le local fournit des indices particuliers, que les limites des anciens diocèses répondent communément à ce qui bornoit les cités, dont les provinces étoient compofées. On eft même en quelques endroits inftruit des circonftances qui y ont apporté du changement, comme on démêle dans les révolutions arrivées en quelques-unes de nos provinces, celles où la conformité des diocèfes avec les cités a dû moins fubfifter qu'ailleurs. La fuite de cet ouvrage fournira des preuves de ce qu'il fuffit ici d'expofer fommairement. Il faut remarquer, au-refte, que ce n'eft plus dans la même fignification que la Notice des Provinces fait usage du terme de Civitas. Il se réduit précisément aux villes capitales des peuples qui avoient formé les cités ; & c'est d'après cet usage pofté

Comment. I.

rieur au premier, que dans plufieurs de nos anciennes villes, le quartier principal eft diftingué par le nom de Cité. Ces capitales défignent d'une manière d'autant plus marquée les peuples qui compofoient les provinces, qu'elles en avoient la plupart pris les noms

ceffant de porter ceux qui leur étoient propres antérieurement, & felon lefquels néanmoins chacune de ces villes fera rangée dans l'ordre alphabétique des lieux que renferme notre Gaule. On verra que ces notions générales ont leur application à un très-grand nombre d'articles particuliers, dans le détail de positions qui fuccède à ce préliminaire.

A.

Dans le D. de Lat. 48, & de Long. 22.

ABALLO. L'Itinéraire d'Antonin & la Table Théodofienne en font mention entre Autiffiodurum, ou Auxerre, & Sidolocum, ou Saulieu. La diftance à l'égard d'Auliffiodurum eft marquée dans l'Itinéraire M. P. XXXIII, Leugas XXII, comme il convient à la correfpondance de ces mefures; & le même nombre xxII, qui se rapporte à des lieues gauloifes, paroît auffi dans la Table. Ce qu'il y a d'efpace entre la position actuelle d'Avalon, qui eft Aballo, & celle d'Auxerre, paroît en droite-ligne d'environ 22000 toifes: mais il m'a paru en même tems, que des détours dans la route par les replis des rivières qui s'y rencontrent, allongeoient affez la mesure itinéraire pour la faire eftimer d'environ 24000 toises, dont il réfulte plus de 21 lieues gauloifes. Une position fous le nom de Chora, dans cet intervalle d'Aballo à Autiffiodurum, & fur la même route, eft connue par d'autres endroits que par les Itinéraires, & il en eft question dans un article particulier. Mais, en se tournant vers Sidolocum, la diftance marquée par l'Itinéraire eft xxiv milles, autrement xvi lieues, & la Table indique pareillement xvi. Or, l'efpace correfpondant vaut environ 17500 toifes, conféquemment 15 à 16 lieues gauloifes, & par la topographie du pays, la voie en circulant donne au moins 19000 toifes, ce qui excède le calcul des 16 lieues gauloifes. Ainfi, par une compenfation que l'on trouve quelquefois d'un intervalle à l'autre en les rassemblant, la fomme ici donnée d'environ 43000 toifes, eft très-convenable au calcul des 38 lieues gauloifes entre Auxerre & Saulieu, en paffant par Avalon, puifque ce calcul eft en rigueur de

43092 toifes. Cependant, il eft à propos de remarquer
qu'on a découvert des veftiges d'une ancienne voie,
qui, en partant de Saulieu, tendoit plus directement
vers Auxerre, laiffant la position d'Aballo
, par la-
quelle nous conduifent les Itinéraires & celle de
Chora, à quelque distance fur la gauche. La trace de
cette voie près d'un lieu qui porte le nom de Sainte-
Maixence, fe rapporte précisément à ce que dit Erric,
moine d'Auxerre, qui écrivoit dans le neuvième siè-
cle, en parlant de cette fainte & de fes compagnes,
quæ in publico aggere nobilem accepere fepulturam. Le
terme d'agger publicus n'eft point équivoque pour défi-
gner une chauffée romaine.

49°, 17°.

ABRINCATUI. Ils font cités dans Pline comme étant de la Gaule Lionoife, & dans Ptolémée pareillement, quoiqu'il les ait étrangement déplacés, en les établissant fur la Seine, loin de la mer & de l'Avranchin. Sanfon ne rencontrant point le nom d'Abrincatui dans Céfar, croit que celui d'Ambibarii en tient la place. Mais, on peut être dans l'incertitude fur ce nom même German. lib. II. d'Ambibarii, en déférant au témoignage de Cluvier, qui dit qu'au lieu d'Ambibarii, on lit Ambiliates ou Ambialites dans les manufcrits des Commentaires. Il y a des pofitions fur lesquelles il faut convenir ingénuement que les lumières nous manquent; & les Ambiliates, de quelque manière qu'ils foient écrits, me paroiffent de ce nombre.

47°, 20°.

ACITODUNUM. La Table Théodofienne en fait mention fur la route d'Auguftoritum, ou de Limoges, à Augustonemetum, ou Clermont en Auvergne Aufrito (lifez Auguftorito) XIV, Prætorio XVIII, Acitodunum, &c. Cette pofition convient précisément à celle d'Ahun ; & je trouve que fa distance de Limoges revient en droite ligne à 31 lieues gauloifes, ou à peu

Article Crofa fl

près. La pofition intermédiaire du Prætorium doit rompre
un peu la direction, parce qu'en confidérant la Table,
on voit que ce même lieu de Prætorium eft commun à
une autre route, qui conduifoit de Bourges à Limoges
par Argenton. Au moyen de ce coude,
de ce coude, j'obferve que
les 32 lieues marquées dans la Table entre Limoges &
Ahun, fe retrouvent complettement. Il ne paroît pas
que M. de Valois ait connu Acitodunum, puifqu'il ne
parle qu'en paffant d'Ahu ou Ahun, fous le nom d'Age. P. 163.
dunum. Avant que l'ancien nom d'Acitodunum fût altéré
au point qu'on le trouve dans celui d'Ahun, il avoit
déjà fouffert quelque contraction, lorfque Bofon, comte
de la Marche, fonda en 997 une abbaye, que l'on nom-
me le Moutier d'Ahun, près de la Creufe: car, dans le
titre de fondation, le bourg d'Ahun, vicus, diftingué
de l'églife, eft nommé Agidunum.

48°, 27°.

ACRONIUS LACUS. Selon Méla, le Rhin def- Lib. III, cap. z. cendu des Alpes, forme deux lacs, Venetum & Acronium, que l'on ne connoît point fous ces noms par d'autres endroits. Voyez l'article Venetus lacus, vel Brigantinus. Il faut prendre l'Acronius pour celui, qui beaucoup moins étendu que le Boden-fée, & au-deffous de Conftance, fe nomme Unter-fée, ou le Lac inférieur.

45°, 23°.

ACUNUM. On trouve ce nom dans la Table Théodofienne, & plus diftinctement encore dans l'Itinéraire de Bourdeaux à Jérufalem, entre Araufio, ou Orange, & Valentia, Valence; pour ne point parler de quelques lieux plus obfcurs, qui y ont un rapport plus immédiat, ce qui eft difcuté dans les articles qui concernent ces lieux en particulier. Il fuffit ici de dire, que la pofition d'Acanum fe fait connoître dans celle qui conferve le nom d'Ancone. La fituation qui diftingue ce lieu fur une pointe avancée dans le Rhône, paroît nous rendre