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qui eft bien éloigné du petit S. Bernard. On fçait que la dénomination d'Alpis Graia eft attribuée au paffage plus fabuleux qu'hiftorique d'Hercule, qui, felon la tradition que Pline rapporte, avoit établi dans ces quartiers une partie des Grecs dont il étoit fuivi. Tite-live fait connoître ce qu'il penfoit de ce paffage d'Hercule, lorfqu'en difant que les routes pour traverser les Alpes ne paroiffoient point frayées aux Gaulois, qui néanmoins pénétrerent en Italie, il ajoute, nifi de Hercule fabulis credere libet.

44°, 26°.

ALPIS MARITIMA. La Table Théodofienne marque VIII entre Cemenelium & Alpis Maritima; & l'indication eft la même dans l'Itinéraire d'Antonin entre Alpis Jumma & Cemenėlium, en fuivant la voie qui étoit appellée Aurelia. C'eft fur ce fommet de l'Alpe Maritime qu'étoient élevés les Trophées d'Augufte, & leur pofition nous eft connue dans celle qui exifte fous le nom de Turbia, qui eft une altération de la dénomination de Tropaa. Je fuis inftruit par des cartes qui ont été lewées dans le plus grand détail, & felon la plus parfaite topographie, par ordre du Roi, que ce qu'il y a d'efpace entre Cimies, ou les veftiges de Cemenelium, & Turbia, eft au moins de 5000 toifes, & répond à environ 7 milles romains. Mais, il faut croire que la mefure itinéraire fur une route dans les Alpes, doit furpaffer fenfiblement la ligne aërienne & directe ; & la topographie que j'ai fous les yeux me donne tout lieu de juger, que cette mefure ne peut guère différer de ce que l'Itinéraire & la Table indiquent également. Les cartes dont je viens de parler s'étendant jufqu'à Vintimille, l'avantage qu'on en peut tirer m'invite à reconnoître les diftances jufqu'à cette pofition. L'Itinéraire fait mention d'un lieu entre Albintimilium, ou plutôt Albium-Intemelium, & l'Alpis fumma, fous le nom de Lumone ; & on y trouve d'Albintemelium à Lumone XVI,

* H

Lib. III, cap.io
Lib. V, fett. 14

(

de

& de Lumone au fommet de l'Alpe x. La Table eft ma-
nifeftement en faute, parce qu'on n'y voit autre chose
que vIIII entre l'Alpe Maritime & Albintimilium, ce qui
pourroit être attribué à l'omiffion du lieu intermédiaire
indiqué par
l'Itinéraire. Or, je remarque, que l'espace
en droite ligne de Turbia à Vintimille n'eft donné que
୨୦୦୦ toises au plus, ce qui ne répond qu'à environ
12 milles romains: d'où il faut conclure, que quelque
peu directe & unie que foit la route, qui dans prefque
toute cette étendue borde le pied des montagnes à peu
de distance de la mer, elle ne peut cependant confumer
26 milles, comme l'Itinéraire les fait compter. En par-
tant de Vintimille, & mefurant autant qu'il est possible
les circuits de la route, je rencontre au terme de 6 mil-
les la pofition de Menton, que je vois être la feule qui
puiffe représenter celle de Lumone. Ainfi, l'indication
de l'Itinéraire, au lieu de xvi, fe réduit à vi; & le
compte
des diftances entre Vintimille & Turbia n'étant
plus que
de xvi, l'erreur de l'Itinéraire confifte à avoir
appliqué à un intervalle particulier, ce qui regarde la
distance entière de Vintimille à Turbia. Entre Menton
& Turbia, il me paroît que l'indication de vin qu'on
trouve dans la Table fuffiroit à remplir cet intervalle,

&

que celle de x par conféquent, felon l'Itinéraire, auroit quelque chofe de trop. J'ai cru qu'il falloit profiter ainfi du moyen qui m'étoit donné d'analyfer ces diftances, quoique hors des limites de la Gaule, mais qui tiennent à la position de l'Alpis Maritima.

46°, 26°.

ALPIS PENNINA. Dans l'Itinéraire d'Antonin, & dans la Table Théodofienne, le paffage que l'on nomme aujourd'hui le grand S. Bernard eft appellé fummus Penninus. Il paroît que dans la prononciation de ce nom Penn, on a fait fonner l'n, comme dans le mot Latin pinna, quoiqu'il foit écrit diverfement, & avec l'n feule, fpécialement dans l'inscription trouvée fur le mont

38.

Hift. lib. I, c. 61 & 70.

S. Bernard, DEO PENINO. On lit Penninus dans Tite-live, dans Tacite Pennina juga, Penninum iter: Lib. XXI, fett. dans la Notice des provinces de la Gaule, Alpes Pennina. Le nom de l'Apennin, qui dérive de Penn, s'écrit Apenninus. Chez les nations Celtiques, Penn défigne une élévation, la cime d'un lieu dominant. Il fubfifte dans la dénomination de quelques montagnes & promontoires, chez les Gallois de la Grande-Bretagne, & dans la Bretagne Françoife. La langue Efpagnole conferve le terme de Peña, pour fignifier une roche élevée & qui domine fur les environs. C'eft par erreur, quoique cette erreur foit ancienne, qu'on a attribué le nom de l'Alpe Pennine à celui des Pani, ou des Carthaginois, en fuppofant qu'Annibal étoit defcendu en Italie par cette montagne. Tite-live, lorfqu'il réfute cette opinion, fait voir qu'elle avoit cours, & on la trouve pareillement dans Pline, en parlant de la double gorge Lib. III, cap. 17è des Alpes, Graiarum & Peninarum faucium: his Pa nos, ajoute-t-il, Grais Herculem tranfiffe memorant. Mais, quand on fuit la marche d'Annibal, & que du canton qu'occupoient les Tricorii, on le voit defcendre chez les Taurini, qui lui avoient fervi de guides; on ne fçauroit douter qu'il n'ait traverfé les Alpes au mont Genèvre, plutôt que par-tout ailleurs. Tite-live témoigne de l'étonnement, de ce qu'on a pu imaginer que le général Carthaginois eût pris fon chemin par l'Alpe Pennine : miror ambigi, quanam Annibal Alpes tranfierit, & vulgo credere Pennino, atque indè nomen ei jugo Alpium inditum, tranfgreffum. Il ajoute, que les Veragri, habitans de la contrée, n'ont aucune connoiffance que les Pani ayent paffé par chez eux; mais qu'ils reconnoiffent, que le nom de la montagne eft celui de la divinité révérée fur le fommet de cette montagne: neque herculè montibus his ab tranfitu Panorum ullo, Veragri incolæ jugi ejus, norunt nomen inditum ; fed ab eo, quem in fummo facra tum vertice,Penninum montani adpellant. L'idole de cette

divinité ayant été renversée par S. Bernard, prêtre de l'églife d'Aoufte, & qui annonça l'Evangile aux habitans de la montagne, fon nom a pris la place de celui du dieu Penn. L'Itinéraire & la Table font d'accord à marquer xxv, entre le fummus Penninus & Octodurus, le chef-lieu des Veragri, en defcendant dans la Vallée Pen

nine.

50°, 27°.

ALTA-RIPA. Il en eft mention dans la Notice de l'Empire, comme d'un pofte établi entre Nemetes & Vangiones, c'est-à-dire Spire & Wormes, fous les ordres du général résidant à Maïence. Ce lieu conserve le nom d'Altrip, dans le fond très-refferré d'un coude que fait le Rhin, avant que de recevoir le Nekre fous Manheim.

48°, 24°.

AMAGETOBRIA. Dans quelque réserve que l'on veuille se tenir fur ce qui peut paroître trop conjectural, il y a des pofitions, que le défir de ne les point omettre, parce qu'il y a des circonftances qui les diftinguent, fait hazarder plus qu'on ne fe propofe en général de le faire. Il n'eft parlé d'Amagetobria que dans le premier livre des Commentaires de Céfar, mais par rapport à un événement dont les fuites déterminerent Céfar à faire la guerre à Ariovifte. Les querelles entre les Edui & les Sequani, ayant armé ces deux puiffantes cités l'une contre l'autre, les Sequani, voifins du Rhin & des nations Gerinaniques, appellerent à leur fecours 'Ariovifte, par qui les Adui furent défaits avec une très-grande perte: quod prælium factum fit Amagetobria, comme on lit dans les Commentaires. Chifflet (in Ve Parte I, cap. 35. fontione) croit reconnoître l'emplacement d'Amagetobria aux envitons d'un lieu nommé Broie, & la Moigte de Broie, près du confluent de la rivière d'Ognon dans la Saône, peu au-deffus de Pontalier. La tradition du pays veut qu'il ait exifté une ville en cet endroit ; &

Pierre de S. Julien, dans fes Antiquités des Bourguignons, avoit parlé de cette tradition avant Chifflet. La fituation de ce lieu paroît en-effet convenable, en ce que les Ædui allant au-devant de l'énemi pour couvrir leur pays, c'eft en remontant la Saône & dans fon voifinage qu'ils ont dû le rencontrer. J'ai donc cru, que ces probabilités pouvoient permettre de donner une place à Amagetobria dans la carte de l'ancienne Gaule. L'opinion qui tranfporte ce lieu auprès de Bingen au-deffous de Maïence, en fe fondant fur ce vers d'Aufone, in Mofellá,

Aquavit Latias ubi quondam Gallia Cannas, eft infoutenable, parce qu'il n'y a point de vraifemblance à mettre aux mains les Edui & les Sequani fi loin de leurs foyers.

48°, 19°.

AMBACIA. Sulpice-Sévere, qui écrivoit au commencement du cinquième fiècle, fait mention d'Ambacia, où les Gaulois dans le paganisme avoient élevé un temple en forme de pyramide: & Grégoire de Tours parle d'un pont de bateaux, fur lequel on traversoit la Loire à Amboife. Il eft remarquable dans l'histoire intitulée Gefta Confulum Andegavenfium, qu'elle indique un lieu dans Amboise auquel on donnoit le nom de Vetus Roma, ce qu'il faut attribuer à quelque refte d'édi fice romain fubfiftant dans le douzième fiècle.

47°, 23°.

AMBARRI. Ils étoient, felon l'expreffion de Céfar, 'dans le premier livre des Commentaires, neceffarii & confanguinei Eduorum. Céfar en fait encore mention au feptième livre, avec d'autres peuples également dépendans des Ædui. On voit diftinctement par fon expédition contre les Helvetii, qu'ils étoient établis, du moins en partie, fur la rive gauche ou ultérieure de l'Arar, ou de la Saône. Car, ils lui font porter leurs plaintes du ravage de leurs terres avant que tout le corps de la

Dial. III, 9%

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