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paroît dominante; paffez enfuite aux pofitions de moindre confidération, dont le plus grand nombre étant attaché aux voies romaines, suivez-en la trace en partant des villes principales. Comme il pourroit arriver, qu'à l'ouverture du livre, il fe préfentât quelque article, dont on eût la curiofité de voir l'objet fixé dans la carte ; j'ai fongé à un moyen propre à faire trouver facilement des pofitions réparties dans des efpaces affez peu étendus, pour qu'il n'y ait pas beaucoup à chercher en jettant les yeux fur la carte. C'est ce qui m'a fait mettre au-deffus de chaque article le degré de latitude, & celui de longitude, où le fujet dont il eft question se trouve renfermé, du moins en partie, fi c'est un territoire, ou le cours d'une rivière, plutôt qu'une fimple position de lieu.

On peut dire, que ce n'est pas fur la Gaule qu'on eft le plus fatisfait des Géographes de l'antiquité. Strabon est à la vérité sur ce sujet, comme fur tout autre, celui de tous les anciens auteurs de Géographie dont la lecture a le plus d'agrément, étant moins féche dans une defcription accompagnée de circonstances historiques. Mais, il n'eft pas exempt de fautes, & il copie en divers endroits Céfar fur des points, qui avoient éprouvé du changement depuis la conquête de la Gaule. On connoît la briéveté de Méla: deux chapitres affez refferrés, & écartés l'un de l'autre en deux livres différens, renferment un grand

pays; & il faut pourtant avouer qu'il y a dans le détail quelques articles particuliers qu'on ne doit qu'à lui. La Géographie dans Pline ne préfente le plus fouvent qu'un catalogue, & Pline ne s'étoit pas propofé d'en traiter autrement: locorum nuda Lib. III, ineunte. nomina, felon qu'il s'en explique, & quantâ dabitur brevitate, ponentur. Mais, on ne peut fe difpenfer de dire, fur ce qui concerne la Gaule en particulier, que Pline y eft extrêmement inégal. Abondant par fa nomenclature dans la Narbonoife, on eft furpris dans d'autres parties de n'y point voir des lieux de la plus grande confidération; comme Auguftodunum chez les Edui, Avaricum chez les Bituriges, Durocortorum chez les Remi, Augufta chez les Treveri; pour n'en pas citer un plus grand nombre, qui méritoient bien qu'on en fit mention, fans fupprimer ailleurs les noms de quelques peuples affez obscurs, & dont plufeurs n'ont laiffé aucune trace de leur existence. Auffi trouveroit-on, qu'une carte de la Gaule dreffée pour représenter Pline uniquement, seroit d'une étrange difproportion dans le détail.

Ce qui diftingue & fait le mérite particulier de Ptolémée fur la Gaule, c'eft d'avoir affigné une ville principale, & quelquefois plus d'une, à chaque peuple; fans quoi il faut convenir que les noms propres des capitales nous feroient moins connus, par la raison qu'aux noms primitifs de ces villes, ceux des peuples où elles étoient domi

nantes ont fuccédé depuis Ptolémée. Mais, en confidérant le défordre qui fe trouve dans les pofitions données par Ptolémée, défordre que la connoiffance positive du local actuel nous rend évident; on fent avec déplaifir le rifque qu'il y a de ne voir les objets de l'ancienne Géographie que d'une manière imparfaite, fi l'on eft dépourvu d'une pareille connoiffance, & qu'on feroit mal inftruit fur la Gaule, fi la Gaule n'étoit pas la France.

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Quant aux hiftoriens qui fourniffent quelque détail fur la Gaule; après avoir nommé César, qui fur ce fujet eft fummus auctorum, felon l'expreffion de Tacite; on peut citer Tacite lui-mêDion-Caffius, Ammien-Marcellin. Les lettres & les poéfies d'Aufone, de Sidoine-Apollinaire, la defcription du rivage de la Méditerranée par Feftus-Avienus, quelques infcriptions trouvées fur les lieux, ajoutent quelques articles à ce que donnent les géographes & les histoFiens. Ce que l'on trouve au furplus dans la Notice des Dignités de l'Empire, que l'on juge avoir été dreffée vers la fin du quatrième siècle, paroît d'autant plus intéreffant, que l'on voit divers départemens établis pour la fûreté des frontières & du pays maritime, & une énumération des places dans ces départemens. Le partage de la Gaule en dix-fept provinces, le nom des villes qui dans chacune de ces provinces tient la place des an

ciennes

ciennes cités ou des peuples, font renfermés dans une Notice rendue publique par le P. Sirmond, & qui eft exempte des altérations ou interpolations, que plufieurs autres pareilles Notices paroiffent avoir fouffert dans un fiècle postérieur à la domination romaine.

Mais, ce qui enrichit particulièrement l'ancienne Géographie, ce font les Itinéraires Romains. Celui qui porte le nom d'Antonin, & la Table qu'on nomme Théodofienne, pénétrent dans toutes les parties de la Gaule. Une route décrite plus en détail qu'aucune autre dans l'Itinéraire de Bourdeaux à Jérufalem, traverse les provinces méridionales jufqu'aux Alpes. Par le grand nombre d'articles que la Notice de la Gaule ne doit qu'à ces Itinéraires, on peut juger combien l'étude de ces monumens eft importante, pour remplir l'objet de cette Notice. Dans la recherche des pofitions que donnent les anciens Itinéraires, les distances qui y font marquées paroiffent fouvent d'accord avec un rapport dans la dénomination des lieux, ou avec d'autres notions particulières.

L'ufage établi par les Romains dans toutes les provinces de l'Empire, de fixer les distances & de les compter, par des colomnes élevées fur les voies principales & militaires, n'eft, je pense, ignoré de perfonne. Il est également conftant, que dans la partie des Gaules qui fut la première

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foumife à la domination romaine, & diftinguée par le nom de Provincia, la mefure du Mille qui étoit propre au peuple dominant fut employée dans les diftances itinéraires. C'est par une forte de complaifance pour une nation puissante, & long-tems la plus redoutée des Romains, que ce qui étoit hors des limites de cette Province, & dont la conquête fembloit réservée à Céfar, conferva l'ufage d'une mesure établie chez la nation, & défignée par le terme de Leuca, ou de Lieue.

La connoiffance du Mille romain dans une juste évaluation de fa longueur, eft trop utile à la Géographie, en ce qu'elle peut fuppléer au défaut de quelque autre détermination pofitive fur bien des espaces, pour que cette connoissance n'ait pas été pour moi l'objet d'une étude particulière & fcrupuleufe. Dans un Mémoire donné à l'Académie au mois de Février 1755, j'ai rafsemblé divers moyens également propres à fixer le terme convenable au Mille romain. Plufieurs efpaces plus ou moins étendus, & mefurés fur des voies romaines en Italie, entre des positions déterminées la plûpart en rigueur géométrique, ont donné lieu d'évaluer le Mille par des réfultats particuliers, depuis 752 jufqu'à 757 toifes. Le total de ces différens efpaces renfermant jufqu'à 249 milles, & répondant à environ 188250 toifes par la mefure actuelle du local; il réfulte d'une fomme de milles affez confidérable pour que les variétés en plus

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