Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Et les vœux criminels qui s'offrent en ces

lieux,

Offenfent la nature en reverant les Dieux.

Là du fang des humains on yoit fuer les marbres

[ocr errors]

On voit fumer la terre, on voit rougir les arbres;

Tout y parle d'horreur & même les Oifeaux

Ne fe perchent jamais fur ces triftes ra

meaux.

Les fangliers, les Lions, les bêtes les plus

fieres

N'ofent pas y chercher leurs bauges,ou leurs tanieres.

La foudre accoutumée à punir leurs for

faits,

Craint ce lieu fi coupable & n'y tombe jamais;

Là de cent Dieux divers les groffieres ima

ges,

Impriment l'épouvante & forcent les hom mages.

La mouffe & la pâleur de leurs membres. hideux

Semblent mieux attirer les refpects & les

vœux :

Sous un air plus connu, la divinité peinte, Trouveroit moins d'encens & feroit moins de crainte

;

Tant aux foibles mortels, il eft bon d'igno

rer

Les Dieux qu'il leur faut craindre & qu'il faut adorer.

Là d'une obfcure fource, il coule une onde obfcure,

Qui femble du Cocyte emprunter la tein

ture;

Souvent un bruit confus trouble ce noir féjour

Et l'on entend mugir les roches d'alçn

tour,

Souvent du trifte éclat d'une flame enfouffrée

La foreft eft couverte, & n'eft pas devorée Et l'on a vû cent fois les troncs entortil lez

De Ceraftes hideux & de Dragons aîlez. Les voifins de ce bois fi fauvage & fi fom

bre

Lalffent

Laiffent à fes Demons fon horreur & fon ombre,

Et le Druide craint en abordant ces lieux; D'y voir ce qu'il adore, & d'y trouver fes Dieux.

Il n'eft rien de facré pour des mains sacrileges,

Les Dieux, même les Dieux.n'ont point de Privileges

Cefar veut qu'à l'inftant leurs droits foient violez

Les Arbres abbatus, les Autels dépouillez Et de tous les Soldats les ames étonnées ¿ Craignant de voir contre eax retourner leurs coignées,

Il querelle leur crainte, il fremit de cour

roux

Et le fer à la main porte les premiers coups. Quittez, quittez,dit il, l'effroi qui vous maîtrife,

Seul j'offense aujourd'hui le respect de ces lieux,

Et feul je prens fur moi tout le courtoux

des Dieux.

K

A ces mots, tous les fiens cédant à leur

contrainte,

Dépouillent le refpect fans dépouiller la

crainte :

Les Dieux parlent encore à ces cœurs agi

tez;

Mais quand Jule commande ils font malécoutez :

Alors on voit tomber fous un fer témérai

re,

Des Chênes & des Ifs auffi vieux que leur

Mere,

Des Pins & des Cyprez dont les feuillages verds,

Confervent le Printems au milieu des Hy.

vers.

A ces forfaits nouveaux tous les peuples. fremiffent,

A ce fier attentat tous les Prètres gemif fent.

Marseille feulement qui le voit de fes

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Elle croit que les Dieux d'un éclat de

tonnerre

Vont foudroyer Cefar & terminer la guerre.

J'avoue que toute la Pharfale n'eft pas comparable à la Jeru falem délivrée: mais au moins cet endroit particulier fait voir combien la vraie grandeur d'un Heros réel eft au deffus de celle d'un Heros imaginaire, & com+ bien les penfées fortes & folides furpaffent ces inventions qu'on appelle.des beautez poëtiques & que les perfonnes de bon fens regardent comme des contes infipides, propres à amufer les enfans.

On a difputé long-tems en Italie, & on difpute encore fur la prééminence de l'Ariofte &. du Taffe; mais dans tous les aur

« AnteriorContinuar »