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dans le roïaume, jufques à la premiere occasion de AN. 1160, repaffer, à laquelle il feroit obligé de partir. Le roi difoit pour fon avis: Le fchifme eft nouveau, & le monde ne connoît pas encore quelle eft la meilleure caufe: il eft dangereux de fe déterminer dans une affaire douteufe. D'ailleurs on n'a pas befoin d'un legat dans ce roïaume, pour être à charge par fa dépense aux églises & aux monafteres & les appauvrir par ses exactions. C'étoit l'avis du roi, & quoi qu'il parût plus utile, l'avis de ceux qui vouloient que le légat fut reçû, prévalut. Il fut donc appellé & vint dans le roïaume, où dans la fuite il fut incommode à plusicurs qui s'étoient réjouis de fon arrivée. Ce font les paroles de Guillaume archevêque de Tyr.

Le patriarche Amauri écrivit en fon nom & au noms de fes fuffragans la lettre fynodale, adreffée au pape Alexandre, où il dit : Nous avons reçû vôtre lettre avec le refpect convenable, & l'avons luë en prefence des archevêques de Nazareth & de Tyr & de nos autres freres. Et voïant que vôtre élection a été faite par la volonté unanime des évêques & des autres cardinaux, avec le confentement du clergé & du peuple, nous l'avons loüéc & approuvéc;nous avons excommunié les fchifmatiques, favoir Octavien avec les deux cardinaux Jean & Gui & leurs fauteurs ; & nous vous avons élû & reçû unanimement pour feigneur temporel & pere fpirituel. Ce titre de feigneur temporel donné au pape eft d'autant plus remarquable, que le roi de Jerufalem & les feigneurs étoient presens à ce concile.

8

AN. 1160.

LI.

C. 10.

1

Il y avoit trois ans qu'Amauri étoit patriarche de Jerufalem: car Foucher fon prédeceffeur mourut le vingtiéme Novembre 1157. la douziéme an-Amauri patriarnée de fon pontificat. Les prélats s'étant assemblez che de Jerufalem. à Jerufalem pour lui donner un fucceffeur, on élût Tyr. xvII. c. 19. Amauri contre les regles, par le credit de deux princeffes fœurs du roi Melifende & Sibile comtesse de Flandres. Il étoit François natif de Neêle dans le diocefe de Noïon, & alors prieur du saint sepulcre: c'étoit un homme affez lettré, mais trop fimple & peu capable de remplir une fi grande place; & il y fut mis nonobftant l'oppofition d'Hernefe archevêque de Cefarée & de Raoul évêque de Bethléhem, qui même en appellerent à Rome. Amauri y envoïa Frideric évêque d'Acre: qui en l'absence de fes adverfaires obtint du pape Adrien, & à ce que l'on difoit par de grands presens, la confirmation du patriarche, & lui aporta le pallium. Amauri fut le huitiéme patriarche latin de Jerufalem & en tint le fiége vingt-deux ans. De fon tems le roïaume changea de maître. Le roi Baudouin G. Tyr. xvII. c. III. mourut l'onzième jour de Février 1162. la vingtiéme année de fon regne & la trente-troifiéme de fon âge. Comme il ne laiffoit point d'enfans fon frere Amauri lui fucceda. Il fut couronné dans l'églife du S. fepulcre huit jours après la mort de Baudouin & regna douze ans & demi.

ult. xIx. c. I.

LII.
Milon II. évêque

En France le bienheureux Milon évêque de Teroüane mourut le feiziéme de Juillet 1158. après de Teroitane, avoir tenu ce fiége vingt-fept ans. Son nevcu. nommé Milon comme lui, chanoine regulier &

Bilb. Pramonf

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Gall. Chr. to. 2. fol. 430.

archidiacre de la même église fut élû pour lui fucAn. 1160 ceder: mais comme Samfon archevêque de Reims le vouloit facrer, le clergé de Bologne s'y oppofa & appella au S. fiége, prétendant qu'ils devoient avoir un évêque particulier, comme ils en avoient autrefois, & que Milon ne devoit être facré que pour Teroüane. En effet Hincmar nommoit Boulogne entre les villes épiscopales de la province de Opufc. 33. c. 1. Reims. Milon ne fe rebuta point pour cette oppoin fi. cp. 54. n.19⋅ fition, & alla à Rome foûtenir son droit, qui fut recommandé au pape Alexandre par Jean de Sarifberi, & il traitoit d'ambition la prétention du clerJ. Sar. ep. 41. gé de Bologne. Ce clergé envoïà aussi à Rome; & le pape aïant oui les deux parties, jugea que l'églife de Bologne devoit demeurer en l'état où elle avoit été jufques alors, & facra Milon II. évêque de Teroüane, fauf le droit de la métropole. C'est ce qui paroît par la bulle d'Alexandre adreffée à Samfon archevêque de Reims, & dattée d'Anagni le dixep. Marlot. to. feptiéme de Janvier 1161. Bologne n'a été érigée en évêché que quatre cens ans après, lorfque Teroüane cut été ruïnée.

2.p.371.

Chr. Rem. to. I.

Samfon archevêque de Reims mourut la même N. B. Lab. p. 361. année 1161. le vingt-uniéme de Septembre après avoir pris l'habit monaftique à Igni abbaïe de Citeaux fondée par fon prédeceffeur; & il y fut enterré. Son fucceffeur fut Henri, frere du roi Louis le jeune déja évêque de Beauvais après avoir été moine de Citeaux. Il fut élu unanimement par le clergé & le peuple de Reims pour remplir ce fiége, où il fut transferé le quatorziéme de Janvier 1162. & le tint treize ans.

Sup. liv. LXIX.

44.

AN. 1161.

Peu de temps après la confirmation de l'évêque de Terouane, le pape Alexandre accorda à la pricre du roi & de l'églife dAngleterre la canonifation du roi S. Edouard, mort quatre-vingt quinze ans auparavant. C'est ce qui paroît par la bulle adressée Sup. liv.1x1.n.18. aux évêques & aux autres prelats d'Angleterre, & dattée d'Anagni le feptiéme de Février 1161. où le Alex. ep. z. pape remarque que les affaires de cette importance ne fe décidoient ordinairement que dans les con

ciles folemnels. S. Edouard eft honoré comme con- Martyr. R. s feffeur le cinquième de Janvier.

Le

Janv.

LIII.
S Pierre de Ta-

lexandre.

n.

Boll. tom. 13 P.

pape Alexandre étant informé du zele avec lequel S. Pierre archevêque de Tarantaife s'étoit rantaife pour Adéclaré contre les fchifmatiques, le fit venir auprès de lui. Mais avant que de paffer outre, il faut reprendre la fuite des actions du S. prelat. Affligé sup. li. LXVIII. & épouvanté de la veneration que lui attiroit la 273 3. multitude de ses miracles, il fe retira fecrettement 329. & de nuit avec un feul compagnon, par des chemins difficiles & des lieux inacceffibles, & après avoir changé plufieurs fois de guides, il arriva feul dans un monaftere de l'ordre de Citeaux en Allemagne, où il étoit inconnu ; n'entendoit point la langue & n'étoit point entendu. Il y fut reçû comme fimple moine, & y goûta quelque tems le repos qu'il defiroit. Cependant fes domestiques & fon peuple ne fachant ce qu'il étoit devenu étoient dans une extrême affliction: on le cherchoit de tous côtez, & enfin un jeune homme qu'il avoit élevé dès l'enfance étant arrivé au monaftere où il s'étoit caché, le vit fortir entre les freres qui alloicnt

au travail, & l'ayant reconnu l'arrêta avec un grand AN. 1161. cri. Les moines aprenant qui il étoit furent dans

un étrange étonnement, toute la communauté se jetta à fes pieds & lui demanda pardon, de ne lui avoir point rendu le respect qui lui étoit dû : tous fondoient en larmes, & lui particulierement de ne pouvoir plus jouir de la douceur de fa retraite. La nouvelle de cette merveille fe répandit dans tout le païs, & l'humble prélat fut contraint de retourner à fon troupeau defolé. A fon retour il étcignit des inimitiez implacables & inveterées : il reconcilia des feigneurs & termina des guerres qui ruinoient le païs. Il fit encore un grand nombre de miracles.

Le schisme aïant éclaté, comme il étoit dans les terres de l'empire, il fut prefque le feul archevêque qui foûtint le bon parti. Il y ramena même pluficurs fchifmatiques, allant dans les provinces voifines & prêchant avec une grande liberté. L'empereur le refpectoit tandis qu'il perfecutoit les autres catholiques ; & comme les fchifmatiques lui en faifoient des reproches & lui difoient que c'étoit ruiner fa propre cause, il leur dit : Si je resiste aux hommes qui le meritent, voulez-vous que je m'oppofe auffià Dieu ? Hebert archevêque de Befançon étoit en ces quartiers là le plus ardent des fchifmatiques: l'empereur étant venu dans cette ville, l'archevêque Pierre l'y vint trouver, & l'exhorta à ceffer la perfecution contre les catholiques, principalement les religieux; & comme le peuple de la ville & des lieux voifins vint en foule honorer le

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