Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1156. que puiflante raifon d'exclufion contre la perfone

epift.

2.

éluë.

A ces conditions le roi promit de faire homage au pape du royaume de Sicile, du duché de Poüille, de la principauté de Capoue & de toutes leurs dépendances; & de payer le tribut annuel comme fes predeccffeurs, & en donna fa bulle d'or dattée devant Benevent au mois de Juin 1156. indiction quatriéme. Le pape Adrien donna fa bulle de la même date, par laquelle il déclare qu'il a fait ce traité étant à Benevent en fûreté & en liberté, & y donne fon confentement. Ensuite le roi vint à l'église de S. Marcien prés de Benevent, où il fe profterna aux pieds du pape & lui fit hommage lige en presence de plufieurs évêques, cardinaux, comtes, barons & autres. Ce fut Otton Frangipane qui fit le ferment pour le roi, que le pape reçût au baifer de paix ; & ce prince fit de grands presens au pape, aux cardinaux & à toute la cour Romaine, en or, en argent, & en draps de foye. Le pape & le roi fe feparerent Epift. ap. Rad. 11. contens: mais les cardinaux attachez à l'empereur Frideric furent mal fatisfaits de ce traité, comme lui étant préjudiciable & honteux à l'église Romaine.

c. 52.

[blocks in formation]

Pendant que le pape étoit en Poüille il fut vifité par Jean de Sarifberi fon compatriote & fon ami particulier, alors chapelain de Thibaud archevêque de Cantorberi. Jean de Sarifberi demeura avec le pape à Benevent environ trois mois ; & le pape lui ouvrant fon cœur, lui avoua qu'il avoit trouvé tant de miferes dans le S. fiége, que toutes les peines qu'il avoit fouffertes auparavant lui fem

bloient en comparaifon une douceur & une felicité. AN. 1156. Qu'il auroit mieux aimé n'être jamais forti d'Angleterre, ou être demeuré perpetuellement caché dans le cloître de S. Ruf, que de s'être jetté dans de tels embarras mais qu'il n'avoit ofé resister à la providence, Pour montrer qu'en s'élevant par degrés il n'étoit pas devenu plus heureux, il disoit: Le feigneur m'a toûjours fait croître entre l'enclume & le marteau; & maintenant il mettra, s'il lui plaît, fa main fous le fardeau dont il m'a chargé, car il m'cft infuportable.

p. 386.

Il demanda un jour à Jean de Sarisberi ce que Ibid. vI. c. 246 l'on difoit de lui & de l'églife Romaine. Jean lui" répondit avec liberté : On dit que l'églife Romaine ne se montre pas tant la mere de toutes églife que Matth. xx111.4. la marâtre. On y void des scribes & des pharifiens, qui mettent fur les épaules des autres des fardeaux exceffifs, où ils ne touchent pas du bout du doigt. 1. Petr. . 3• Ils dominent fur le clergé fans fe rendre l'exemple du troupeau : ils amaffent des meubles précieux & chargent leurs tables d'or & d'argent, & toutefois ils font avares pour cux-mêmes. Ils ne donnent point d'accès aux pauvres, fi-non quelquefois par vanité. Ils font des concuffions fur les églifes ils excitent des procès & commettent enfemble le clergé & le peuple, & croient que toute la religion confifte à s'enrichir. Tout y eft venal, la justice même ; & ils imitent les démons, en ce qu'ils semblent faire du bien quand ils ceffent de nuire. J'en excepte quelque peu qui font leur devoir. Le pape même eft à charge à tout le monde & presque

[ocr errors]

AN. 1156.

infuportable. On fe plaint qu'il bâtit des palais, tan-
dis que les églifes tombent en ruïne, & qu'il mar-
che orné d'or & de
les autels
pourpre, tandis que
font negligez. Et vous, dit le pape, qu'en pensez-
vous ? Je fuis bien embaraffé, répondit Jean de Sa-
rifberi. Je crains de paffer pour flateur, fi je m'op-
pofe feul à la voix publique ; & de l'autre côté je
crains de manquer au refpect. Toutefois puifque
Gui Clement cardinal de fainte Potentiene parle
comme le public, je n'ofe le contredire. Car il fou-
tient qu'il y a dans l'église Romaine un fonds de
duplicité & d'avarice qui eft la fource de tous les
maux,& il le dit un jour publiquement dans l'affem-
blée des cardinaux, où préfidoit le faint pape Eu-
gene. Je dirai toutefois hardiment & felon ma con-
fcience, que je n'ai vû nulle part des ecclefiaftiques
plus vertueux, & plus ennemis de l'avarice que dans
l'églife Romaine. Qui n'admirera le mépris des ri-
cheffes en Bernard de Rennes, cardinal diacre de
faint Cofme & de faint Damien ? Celui dont il a
reçû quelque prefent eft encore à naître. Qui n'ad-
mirera le fcrupule de l'évêque de Preneste, qui
s'abftenoit même de ce qu'on reçoit en commun?
Plufieurs ont la gravité & la moderation de Fabri-
cius avec l'avantage de la véritable religion.

Puis donc que vous me preffez, je déclare que l'on doit faire ce que vous enfeignez, quoi qu'il ne faille pas imiter en tout ce que vous faites. Tout le monde vous applaudit & vous flatte, on vous nomme pere & feigneur. Si vous êtes pere, pourquoi attendez-vous des prefens de vos enfans? Si

vous êtes feigneur, pourquoi ne vous faites-vous AN. 1156. pas craindre des Romains vos fujets ? Mais vous voulez conserver Rome à l'église par vos présens : eft-ce ainsi que S. Silveftre l'a acquife? vous êtes, S. pere, hors du droit chemin. Donnez gratuitement ce que vous avez reçû gratuitement. Le pa-· pe fe prit à rire, & loüa Jean de Sarisberi de la liberté avec laquelle il lui parloit: lui ordonnant de lui rapporter auffi-tôt, ce qu'il entendroit dire de mal de lui. Puis pour justifier les contributions que l'église Romaine recevoit de toute la chrétienté, il allegua la fable de l'eftomac & des membres, qui fe plaignoient qu'il profitoit feul de leur travail; & trouverent par experience qu'ils ne pouvoient subsister sans lui. Mais pour faire l'application jufte, ́il eut fallu que l'église Romaine cut répandu sur toutes les autres des biens de même nature que ceux qu'elle en recevoit.

XVI. Le pape donne d'Angleterre.

Irlande au R.
Matth. Parif.

An. 1155.
Sup. n. 3.

Jean de Sarisberi n'étoit pas allé à Rome de fon feul mouvement: il y avoit été envoyé par le roi 1 d'Angleterre, & il fut apparemment le porteur de la lettre que ce prince lui écrivit fur fon avenement au pontificat. Il envoyoit Jean demander au pape la permiffion d'entrer en Irlande, & de s'en rendre le maître pour y rétablir le Chriftianisme dans fa pureté ; & cette demande étoit fondée sur le prétendu droit de l'église Romaine en toutes les sup. liv. LXIY. A ifles, que l'on fupofoit comme nous avons vû dès fo. Sarisb. xv. le tems d'Urbain II. Le pape Adrien accorda à la Metag.log.c.ult. priere de Jean de Sarifberi, ce que le roi d'Angle- Ep. 1. 10. x. cone. terre demandoit, comme il paroît par fa bulle où 1144. il dit : On ne doute pas, & yous le connoiffez vous

8.

& ibi. Coffart. p.

An. 1156

XVII.

Biens des évêques decedez.

Marca. Concord.

[ocr errors]

Ibid.

même, que l'Irlande & toutes les ifles qui ont reçû la foi Chrêtienne n'appartiennent à l'église Romaine : or vous nous avez fait entendre, que vous voulez entrer dans cette isle, pour en soûmettre le peuple aux loix & en extirper les vices : faire païer à S. Pierre un denier par an de chaque maison, & conferver en leur entier les droits de l'église. Ce que nous vous accordons avec plaifir pour l'accroiffement de la religion Chrétienne. Avec cette bulle le pape envoya au roi d'Angleterre un anneau d'or orné d'une émeraude en figne d'investiture, & cet anneau fut gardé dans les archives.

La même année 1156. le pape Adrien confirma la renonciation de la vicomteffe de Narbone à la mauvaise coûtume de prendre les biens des évê1. VIII. c. 18. n, ques morts. C'étoit un ancien abus, & fouvent condamné comme nous avons vû par les conciles des Gaules; & dans la même province RaiAdd. Baluz. mond comte de Barcelone y avoit déja renoncé par une charte de l'année 1150. où il difoit : Etant prêt à faire le voyage d'Almerie, j'ai promis à Dieu entre les mains de l'archevêque de Tarragone & des évêques de Barcelone, de Girone & d'Aufone qui étoient prefens, d'abolir la détestable coûtume qui avoit lieu dans les églifes cathédrales de mes états : favoir qu'à la mort des évêques les baillifs & les vicomtes de mon pere, & de mes predeceffeurs, pilloicnt & enlevoient les biens des prélats, c'est-à-dire ce qu'ils trouvoient dans leurs palais, leurs châteaux & leurs terres, ce que je reconois être contraire aux loix divines & humaines. C'eft pourquoi j'y renonce en la meil

« AnteriorContinuar »