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A N. 1195.
Jo. de Ceu. an.

1195.

L V.

Vita. MS.

pendre les autres, & envoya les autres en exil en Allemagne. L'empereur y revint lui-même l'année suivante 1195. emmenant Sibille & fon fils, qu'il tint l'un & l'autre en prifon perpetuelle ; & fit crever les yeux au jeune prince.

Ce qui excitoit le pape Celeftin à faire prêcher la Croifade publiée croifade, étoit la mort de Saladin arrivée à Damas le treizième jour de Mars 1193.En parlant de ce prince & de ce qui arriva de fon tems en Orient, j'ai rapporté plusieurs faits qui ne fe trouvent point dans nos auteurs Latins; & j'ai cité fa vie manufcrite compofée il y a plufieurs années par Monfieur l'abbé Renaudot fur les auteurs originaux, la plûpart Arabes & manuscrits; entre autres fur la vie de Saladin écrite par Hamad son secretaire. L'auteur n'a pas jugé à propos de donner encore au public cet ouvrage fi curieux ; mais il a bien voulu me le communiquer, en consideration de l'utilité publique & de notre ancienne amitié. Quand on eut appris en Italie la mort de Saladin & la divifion qui s'étoit élevée entre fes enfans & fon Auct Aquicinct. frere, on crut que jamais les chrétiens n'auroient une occafion plus favorable de reprendre Jerufalem & le refte de la terre fainte. Le pape envoya pour ce fujet deux cardinaux en France, où il y eut une grande multitude de croisez ; & il eft à croire qu'il écrivit aux prélats des autres royaumes comme il fit à Hubert de Cantorberi & aux évêques d'Angleterre, leur mandant de prêcher la croifade aux conditions ordinaires d'indulgence & de protec-. tion du faint siege ; & d'exhorter le roi à y envoyer

Roger. p. 717.

an. 1193.

Ann. Godefr.

mon. 195.

Epi. 10. ex Matth. I aris

p. 150.

fes

d'au

AN. 1195.

fes fujets. Et comme l'archevêque de Cantorberi avertit le pape que plufieurs croifez manquoient à leur vœeu, quoiqu'ils puffent l'executer ; & que tres ne le pouvoient, foit par pauvreté, maladie, Ep. 15. ex Reg. ou autrement : le pape lui ordonna de contraindre ceux qui le pouvoient, à accomplir leur væu, par cenfures ecclefiaftiques. Quant à ceux, ajoûte-t-il, qui font retenus par pauvreté ou maladie, vous leur permettrez de demeurer, en leur impofant une penitence convenable; à condition de partir auffitôt qu'ils le pourront. Et pour ceux à qui il eft abfolument impoffible d'y aller en perfonne, à cause de leur mauvaise santé, ils envoyeront à leurs dépens une ou plufieurs perfonnes fuivant leurs facultez ; pour faire le service de J. C. pendant une année ou plus à vôtre difcrétion. La lettre est du douziéme de Janvier 1196.

LVI. Concile de Mont

pellier.
29. Pagi. an.
95. n. 6.Rigord.

Radovic. vII. c.

P. 39.

En Espagne Alfonfe IX. roi de Castille excité par Martin archevêque de Tolede qui commandoit Les troupes, preffa tellement les Mores, qu'ils appellerent d'Afrique à leur fecours l'Emit-Almoumenin, ou prince des fideles, Jacob chef des Almohades resident à Maroc. Il paffa en Espagne avec une armée immenfe, & défit les Chrétiens à la bataille d'Alarcos vers la Sierra Morena, le dix-huitiéme de Juillet 1195. de l'ere Efpagnole 1233. de l'hegire 591. Le roi Alfonfe ne vouloit pas furvivre An. Godefr. moni à fa défaite; mais il fut fauvé malgré lui par les 95. fiens, & fe retira en France. On croit que cette

défaite fut l'occafion pour laquelle le pape Celef

tin

envoya en Espagne le docteur Michel, notaire Tome XV.

Oooo

AN. 1195. Inn. 11. 1. ep. 99.

Sup. liv. LXXII.

de l'église Romaine, en qualité de légat.

Il paffa à Montpellier, où il tint un concile avec 0.10.conc.p.1796. plufieurs prélats de la province de Narbonne, au mois de Decembre de la même année 1195. & de leur confentement y publia les reglemens fuivans. On obfervera la paix ou tréve de Dieu, felon les anciens decrets; & le légat ajoûte cette clause remarquable. Que les fujets de celui qui rompra la paix, feront abfous du ferment de fidelité qu'ils lui ont fait. On excommunie les pillards Arragonois & leurs maynades ou compagnies, avec ceux qui leur donnent retraite ou protection. On donne ce privilege à ceux qui marcheront en Espagne contre les infideles, qu'ils font déchargez eux & leurs cautions des ufures qu'ils ont promises, suivant un decret du pape Gregoire VIII. en faveur de la croifade pour Jerusalem; & ils peuvent même repeter les ufures qu'ils ont payées.

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On recommande la fûreté de toutes les perfonnes qui voyagent fans armes, particulierement des pelerins. L'église prend sous sa protection les Juifs ou autres infideles convertis, pour empêcher qu'on ne leur faffe aucun tort en leurs biens. On recommande aux clercs la modeftie en leurs habits & la frugalité dans leurs tables, pour appaiser la colere de Dieu, principalement en ce tems, dit le concile, où les Sarrafins font les maîtres de la terre fainte, & ravagent l'Espagne plus cruellement qu'à l'ordinaire. On confirme l'excommunication prononcée contre ceux qui avoient pris & rançonné

Raimond évêque de Lodeve. Et parce qu'il y avoit AN. 1196. des heretiques, c'est-à-dire, des Albigeois, en plufieurs endroits de la province; on laifle à la difcretion des évêques d'ufer des interdits comme ils jugeront à propos, de peur que les interdits generaux & de longue durée ne donnent occafion à ces heretiques de feduire les fimples. On commençoit à reconnoître l'inconvenient de ces interdits inconnus à la bonne antiquité; qui laiffant le peuple fans exercice de la vraye religion, l'expofoient à la tentation d'en prendre une fausse.

LVII.

remarie.

Rigord. p. 37.

Cependant le pape Celestin ayant appris comment le mariage du roi Philippe avec Ingebur- Le roi Philippe se ge, avoit été declaré nul; & touché des plaintes du roi de Danemarc frere de cette princeffe, envoya en France deux légats, Melior prêtre cardinal, & Cencio foûdiacre, qui étant arrivez à Paris y affemblerent un concile de tous les évêques & les abbez du royaume, pour examiner la validité de ce mariage; mais la crainte les ayant empêché d'agir avec liberté, leur légation fut fans effet. Aprés leur Ap. Radulf. Dicà retour le pape écrivit à Michel archevêque de Sens, 631. fe plaignant qu'avant que de decider une affaire de cette importance, on n'eût pas confulté le saint fiege; quoi qu'on doive lui rapporter toutes les causes majeures fuivant la maxime établie par les canons, & toûjours obfervée par l'église Gallicane. Il cite l'exemple du mariage de Lothaire & de Sup liv. x. n. 6tä Thietberge; & continuë ainfi : Nous avons exhorté le roi Philippe par le foûdiacre Cencio envoyé exprés & par nos lettres, à traiter maritaleOooo ij.

H

que

AN. 1196. ment la princeffe fon épouse, fans écouter les mauvais confeils; mais il n'a pas reçû ce legat avec la devotion convenable. C'est pourquoi ayant égard à l'acte public qui nous a été envoyé par l'archvêde Lunden & fes fuffragans, touchant la genealogie de la princeffe & la commune renommée; nous caffons & annulons de l'avis de nos freres, cette fentence de divorce rendue contre la forme de droit ; vous mandant & ordonnant, que fi le roi du vivant de cette princeffe, en vouloit épouser une autre, vous lui défendiez expressement de nôtre part. La datte eft du treiziéme de Mars 1196. mais le roi Philippe ne laiffa pas d'époufer la même année au mois de Juin Marie fille du duc de Meranie & de Boheme. Ingeburge s'en plaignit au pape Gefta Inn. 111.n. Celeftin par une lettre où elle dit, qu'il y a trois ans que Philippe l'a épousée & qu'ils la retient en prifon dans un château; mais Celestin ne fit plus de pourfuites fur ce fujet; foit qu'il se fût relâché, foit que fon grand âge & le peu qu'il vécut depuis, ne lui permiffent pas d'agir plus vigoureuse

Rigord. p. 40.

So. Ap. Balu. I.

Mifcel. p. 422.

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ment.

La même année le onzième de Septembre Maurice évêque de Paris mourut aprés avoir rempli ce fiege trente-fix ans. C'étoit le pere des pauvres, & entre les grands biens qu'il fit, il fonda quatre ababbayes dans fon diocefe; deux de chanoines reguliers Herivaux & Hermieres, deux de filles, Hiere & Gif. Il laiffa aux pauvres tout ce qu'il avoit en fonds de terres. Et comme il étoit informé que de fon tems plufieurs favans doutoient de la re

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