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avoit travaillé à la Princeffe de Cléves, fans fonà s'en faire honneur, n'étoit pas capable ger d'adopter un ouvrage au préjudice d'une femme dont il fe plaifoit à seconder les talens. On fait encore qu'il étoit peu jaloux de fes productions. Ses fuccès dans l'Eglogue où il est jusqu'à présent le feul qui ait fçu conferver la douceur & la fimplicité qui conviennent à ce genre de poéfie, flattoient peu fon amour-propre poétique; il n'attacha jamais aucun mérite à fes Nouvelles Françoifes, où l'on reconnoît la même trempe d'efprit & la même touche que dans Zaïde. Comment imaginer après cela qu'il eût eu la mal adresse de fe donner pour l'Auteur d'un Ouvrage qu'il n'avoit pas fait, & fur-tout d'un Ouvrage compofé par une femme dont le nom avoit paru à la tête d'autres Productions moins eftimées & moins eftimables, telles que la Princeffe de Montpenfier, les Mémoires de la Cour de France, & Henriette d'Angleterre. D'ailleurs il étoit trèsfacile à Mad. de la Fayette d'envoyer les feuilles du manufcrit à M. Huet à mesure qu'on les compofoit Ségrais étoit alors logé chez elle & cette Dame n'avoit que la peine d'écrire ou de tranfcrire.

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Sans prétendre néanmoins décider la question, nous nous contenterons de dire que Zaïde eft un

de nos meilleurs Romans. Le plan en est bien concerté, les paffions en font fages, les détails agréables, le dénoûment très-heureux. Ce feroit toujours beaucoup pour l'honneur de l'efprit de Mad. de la Fayette d'y avoir mis le coloris, après que Ségrais en eut tracé le deffein.

1. FEBVRE, [Philippe LE] Préfident Honoraire du Bureau des Finances de la Généralité de Rouen, fa patrie, né en 1705.

Plufieurs de fes petites Brochures, accueillies dans leur tems, annoncent en général un genre d'efprit qui n'est point étranger à la Littérature; ce font des Lettres fur différentes Pièces de Théâtre, des Songes romanefques & d'autres bagatelles. On ne doit pas s'attendre à vivre longtems, quand on fe borne à des Pamphlets; quelque agréables qu'ils foient ce ne font que les enfans du moment ; un autre moment les méconnoît les tue, & les fait oublier.

M. le Febvre a donné encore une Hiftoire abregée de la Vie d'Augufte. Ce petit morceau historique fe fait lire avec plaifir & prouve que fes autres Ouvrages ne doivent l'oubli actuel où ils font qu'au choix des fujets. Quiconque avec des talens veut travailler pour l'immortalité, doit s'attacher à des objets immortels.

2. FEBVRE DE ST.. MARC, [ CharlesHugues LE] né à Paris en 1698, mort en 17...

Il a donné de nouvelles Editions de plufieurs bons Auteurs modernes, auxquelles il a joint des notes & des reflexions tirées de fon propre fonds; il auroit dû fe difpenfer d'inférer dans celles des Œuvres de Chapelle, de Bachaumont, de Chaulieu, de Pavillon, des Pièces qui n'appartiennent point à ces Poëtes ou qu'ils avoient rejettées euxmêmes. Cette fureur de groffir indifcrettement les volumes fous prétexte de les enrichir, eft commune à prefque tous les Editeurs, & cependant point de moyen plus sûr de nuire au goût & à la gloire des Auteurs; on croit leur donner de la parure & de l'embonpoint; on ne leur rend que de vieux vêtemens réformés, & on ne leur donne qu'une enflûre hydropique qui les défigure.

FELIBIEN, [André] également connu fous le nom des Avaux, Hiftoriographe du Roi & de fes Bâtimens, des Arts & des Manufactures de France, de l'Académie des Infcriptions, né à Chartres en 1619, mort à Paris en 1695. Perfonne n'a tant écrit que lui fur la Peinture, la Sculpture & l'Architecture. Son meilleur Ou

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vrage eft celui qui a pour titre, Entretiens fur les Vies & les Ouvrages des Peintres anciens & modernes, dont la meilleure Edition eft celle de Trévoux, 6 vol. in-12. 1725. On y remarque un jugement folide, un goût exquis, une méthode claire, un tour ingénieux, mais le style en eft quelquefois diffus & peu châtié. Sa maniere d'écrire eft la meilleure qu'on put employer dans un Ouvrage de cette nature. Les principes y font expofés avec netteté & les faits racontés avec intérêt. Il est facile de juger que l'Auteur a vu de ses propres yeux, qu'il a examiné & réfléchi avec foin fur la plupart des objets qu'il préfente au Lecteur. Félibien étoit ami du fameux Pouffin qui ne contribua pas peu à perfectionner fon goût pour les Arts. Son Livre eft à la portée des Artiftes, des Amateurs, de ceux même qui ne feroient ni l'un ni l'autre, c'est un ouvrage tout à la fois le plus agréable & le plus inftructif que nous ayons en ce genre.

Jean-François Félibien, fon fils, Hiftoriographe des Bâtimens du Roi, Membre de l'Académie des Infcriptions, mort en 1733, eft Auteur d'un Recueil hiftorique de la Vie & des Ouvrages des plus célébres Architectes, qui eft eftimé des Artistes.

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1. FÉNÉLON, [ François DE SALIGNAC DE LA MOTTE] Archevêque de Cambrai, Précepteur des Enfans de France, de l'Académie Françoise, né en Quercy en 1651, mort en 1715; Homme qui a peut-être eu le privilége unique de réunir les plus beaux & les plus heureux dons du génie, aux fentimens de l'ame la plus élevée, la plus fenfible & la plus vertueufe.

N'eût-il fait que le Télémaque, les premiers rangs de la gloire lui feroient affurés dans la poftérité; il a ajouté à l'éclat des grands talens le mérite des plus hautes vertus : c'est plus qu'il pour confacrer fon nom à l'amour & au refpect, autant qu'à l'immortalité.

n'en faut

Avant lui notre Nation étoit réduite à admirer chez les Anciens ou les Etrangers les beautés du Poëme épique; Fénélon parut, & nous lui dûmes la gloire de pouvoir offrir en ce genre un chefd'œuvre propre à furpaffer peut-être, ou du moins à balancer ceux qui l'avoient précédé.

Quelques-uns de nos Littérateurs modernes ont prétendu & foutiennent encore que le Télémaque n'étoit pas un Poëme. Ont-ils cru aveugler les Efprits au point de leur faire méconnoître les principes & la vérité? Pour nous, nous ne crai gnons pas d'affurer que cet Ouvrage eft non

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