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foupirs un temps qui doit être employé à l'ac

tion.

1. FERRAND, [ Louis ] Avocat au Parlement de Paris, né à Toulon en 1645, mort en 1699. Plus connu par fes Ouvrages fur l'Ecriture Sainte, que par fes Ouvrages de Jurifprudence. Il favoit les Langues orientales. C'eft apparemment chez les Orientaux qu'il puifa fa maniere d'écrire qui eft fans correction, fans méthode & toujours fubordonnée au défordre de fes idées.

2. FERRAND, [Antoine] Confeiller à la Cour des Aydes de Paris, fa patrie, mort en 1719, âgé de 42 ans.

Le naturel & la délicateffe font l'agrément du petit Recueil de fes Poéfies; elles consistent en des Chanfons mifes en mufique par Couperin, en des Madrigaux pleins de fineffe, & des Epigrammes pleines d'enjouement & de fel. Si M. Ferrand n'a pas eu la force & l'énergie pittorefque de Rouffeau, il avoit du moins autant de précifion & de grace. L.Epigramme suivante fuffira pour donner une idée de fon talent.

D'amour & de mélancolie,
Celemnus enfin confumé,
En Fontaine fut transformé,
Et qui boit de fes eaux oublie

Jufqu'au nom de l'objet aimé.
Pour mieux oublier Egerie,
J'y courus hier vainement;
A force de changer d'Amant
L'infidele l'avoit tarie.

FEUTRY, [Amé-Ambroife-Jofeph] Avocat au Parlement de Douai, né à Lille en Flandres en 1720.

Il eft connu par de petits Poëmes, des Héroïdes, des Romances & d'autres Poéfies propres à juftifier le fuccès qu'elles ont eu. Parmi fes Poëmes on doit diftinguer le Temple de la mort, & les Tombeaux. Avec une verfification en général noble, forte & élégante, ce Poëte auroit dû s'attacher à y répandre un peu plus de cette douceur, de ce moëlleux qui fans nuire à l'énergie donne, fi l'on peut s'exprimer ainfi, de l'embonpoint aux vers & les fait paroître faciles.

M. Feutry s'eft encore occupé de la Traduction de plufieurs Ouvrages Anglois, dont la plûpart font des Romans qui fe font lire avec plaifir.

FEVRE, [Tannegui LE ] Profeffeur de BellesLettres à Saumur, né à Caen en 1615, mort en 1672.

Son nom mériteroit d'être en quelque forte con

facré parmi nous pour défigner le travail & l'érudition. Perfonne ne poffédoit mieux que lui les Auteurs Grecs & Latins, & n'a plus travaillé à les commenter, à les éclaircir, à les faire paroître fur la Scène avec tout le cortège d'une Edition travaillée avec foin. Ses notes fur Lucien, Longin, Eutrope, Juftin, fur Anacréon, Lucrece, Virgile, Horace, Térence, Phédre, font d'un Editeur confommé dans l'étude & la langue de ces originaux. Il n'a pas eu le même fuccès lorsqu'il a voulu écrire en François ; fes différentes Traductions, ainsi que fes Vies des Poëtes Grecs font d'un ftyle péfant, inéxact &

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Le Fevre fut le pere & l'inftituteur de Madame Dacier, ce qui n'eft pas une médiocre recommandation dans la République des Lettres. Il ne faut pas oublier auffi qu'au mérite du favoir il joignoit le mérite, plus estimable encore, des vertus fociales. Les Gens de Lettres peuvent apprendre par fon exemple à fe refpecter mutuellement dans les fuccès & dans les malheurs. Il étoit ami de Péliffon; malgré fa difgrace, il eut le courage de lui dédier fon Commentaire fur Lucrece, pendant qu'il étoit prifonnier à la Bastille où l'on ne va pas ordinairement chercher fes Mécenes. Ce feul trait prouve l'élévation

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de fon ame & celle de fon fiecle. Le nôtre qui croit affez lourdement qu'on peut tout faire avec de l'efprit & des maximes, devroit fe rappeller que l'efprit ne peut jamais donner qu'un foible droit à l'estime, & que des volumes de belles maximes ne valent pas un acte de générofité.

FLECHIER, [Efprit ] Evêque de Nîmes de l'Académie Françoife, né à Pernes près d'Avignon en 1632, mort en 1710.

De toutes les parties des Belles-Lettres qu'il a cultivées, fi on en excepte l'Hiftoire de Théodofe le Grand, l'Eloquence de la Chaire est la feule où il ait réuffi d'une maniere diftinguée. On a comparé les Oraifons funèbres à celles de Boffuet; fans faire attention que les comparaifons deviennent ridicules ou au moins inutiles entre deux génies différens. Celui de Boffuet étoit sublime en tout; & celui de Fléchier, quoique fupérieur, ne paroît avoir eu en partage que la nobleffe des pensées & l'harmonie de l'élocution. Il est vrai qu'il poffédoit éminemment ces deux qualités de l'Orateur & que perfonne n'avoit porté auffi loin cette derniere, dont on avoit eu longtems la fimplicité de croire que notre langue étoit peu fufceptible. L'Oraifon funèbre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d'œuvre par

Tome II.

C

la maniere dont les différentes qualités du Héros font développées, par la chaleur du ftyle & la beauté des traits qui s'y fuccédent fans appareil, fans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet. Les autres Difcours qu'il a faits en ce genre fans avoir le même mérite, n'en annoncent pas moins un talent particulier d'affortir la morale & l'inftruction aux éloges des différentes perfonnes qu'il célébre. C'est là, comme dit M. Mongin dans un de fes Difcours académiques » c'est là qu'on eft étonné de voir dans un feul homme » l'ame univerfelle de plufieurs grands Hommes, » l'ame du Guerrier, l'ame du Sage, du grand Magiftrat & de l'habile Politique; là il s'élève,

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» il change, il fe multiplie & prend toutes les formes différentes du mérite & de la vertu. La » féduction eft fi forte qu'on croit voir tout ce qu'on ne fait que lire ou qu'entendre. Avec un » Livre à la main vous êtes tranfportés dans des fieges & dans des batailles, c'est l'Orateur qui vous charme & vous n'êtes occupé que du

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Héros; c'eft Fléchier qui parle & vous ne voyez

» que le grand Turenne; l'art cache l'Orateur & » ne montre que le grand Capitaine ou le grand » Magiftrat ".

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Cet éloge ne feroit point au-deffus des talens

de l'éloquent Evêque de Nîmes, fi on n'étoit

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