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G.

GACON, [François] Prieur de Baillon, né à Lyon en 1666, mort en 1725, Verfificateur fatyrique qu'on furnomma le Poëte Sans fard, & qui auroit eu befoin d'en employer pour adoucir l'âcreté & relever la platitude de fes Satyres. Ce genre de compofition ceffe d'être excufable quand la bîle & la groffiéreté y regnent, & l'on fe rend justement odieux en difant du mal des autres, quand la maniere de le dire fournit des armes légitimes contre foi.

On peut à Defpreaux pardonner la Satyre,
Il joignit l'art de plaire au malheur de médire.
Le miel que cette Abeille avoit tiré des fleurs,
Pouvoit de fa piqûure adoucir les douleurs *.

Mais Gacon & tous fes Imitateurs ne doivent attendre que l'indignation ou pour mieux dire le mépris public. Son Homere vengé est un Quvrage pitoyable où l'on trouve beaucoup d'inju→ res & pas une penfée. Il y fait un reproche à la Mothe Houdart d'être aveugle, ce qui est une

* Difcours fur l'Envie, par M. de Voltaire.

atrocité. M. de Voltaire a fouvent reproché à ses Adverfaires leur naiffance, leur état, leur peu de fortune, comme fi on étoit fait pour avoir raifon parcequ'on fera plus riche, plus accrédité, plus noble; la Critique a fes bornes, & tout ce qui ne contribue pas à prouver la bonté d'une cause

la décrédite néceffairement. L'Homere vengé donna lieu à cette Epigramme.

Envain des fiecles triomphant,

De l'Univers entier Homere eut le fuffrage;
Le plus honteux revers l'attendoit dans notre âge,
Houdart l'attaque & Gacon le défend.

Gacon a fait auffi un Anti-Rouffeau qui ne vaut pas mieux que tout ce qu'on a écrit contre ce grand Poëte. Il eft honteux pour ceux qui ont ofé l'attaquer de fe trouver en fi mauvaife compagnie.

GAICHIEZ, [Jean] Oratorien, de l'Aca'démie de Soiffons, mort à Paris en 1731, âgé de 83 ans.

être

Cet Auteur a peu écrit, & n'a pas même mis fon nom à fes Ouvrages. Cette attention ne peut que le fruit d'une timidité exceffive ou d'une très-grande modestie. A en juger par fon Livre de Maximes fur le Miniftere de la Chaire, il pouvoit fe montrer au grand jour. On ne fauroit

trop

defirer que cet Ouvrage fût plus connu; c'est ce que nous avons de plus fenfé & de mieux écrit fur cette partie de l'Art oratoire. Dans fa naiffance on l'attribua à Maffillon, qui prouva qu'il n'en étoit pas l'Auteur par les grands éloges qu'il lui donna, éloges que cet Ouvrage obtiendra toujours, de la part d'un Lecteur judicieux, par la folidité des préceptes, la profondeur des réflexions, l'énergie & la précision du style.

GAILLARD, [Gabriel-Henri] Avocat au Parlement, de l'Académie Françoise & de celle des Inscriptions, né à Soiffons en 17..., Littérateur estimable, moins célébre que plufieurs de fes Confreres de l'Académie, quoiqu'il leur foit fupérieur par fes talens & le mérite de fes Ouvrages. Il a cultivé avec fuccès différentes branches de la Littérature, & fes productions, foit didactiques, foit hiftoriques, foit morales, annoncent en général l'Homme inftruit en état d'inftruire les autres, l'Ecrivain noble, élégant & fage, le Philofophe éclairé qui connoît les hommes & fait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur font propres. Ce n'eft à dire pour cela qu'il foit exempt de défauts, mais ceux qu'on peut lui reprocher font rachetés par plufieurs bonnes qualités qui le diftinguent

pas

avantageufement du commun des Littérateurs. Il y a des morceaux dans fes Mélanges littéraires & dans son Histoire de François I, qui feroient honneur à nos meilleurs Ecrivains. Nous ne parlerons point de få Rhétorique, ni de fa Poetique à l'ufage des Dames, Ouvrages où il s'eft montré bien audeffous de lui-même. Nous dirons feulement que fes Obfervations en matiere de littérature font en général d'un Homme de goût, mais qu'il eft à propos de ne pas en adopter toutes les idées. Quant à fes petites Poéfies, elles ne feroient pas inférieures à fa Profe, fi les apoftrophes & les exclamations n'y étoient pas trop fréquentes, fi le style en étoit auffi doux & auffi moëlleux, que la verfification en eft harmonieufe & ferrée.

GALLAND, [Antoine ] né dans la Picardie en 1646, mort en 1715.

pas.

La traduction des mille & une Nuits, eft le fruit de fa connoiffance dans les langues Orientales. Ces Contes, faits pour amufer des enfants, n'ont laiffé de faire une grande fortune par l'amour tous les hommes ont pour le merveilleux, & par les traits de fécondité qui caractérifent l'imagination arabefque. En général ils font mal écrits & infipides; & cependant la lecture n'en a pas été inutile à plufieurs Gens de

que

Lettres les uns y ont puifé le fujet d'une Comédie ou d'un Opéra comique; les autres le fujet d'une Fable, d'un Conte, d'une Nouvelle ou d'un Roman. Les Contes des deux premiers volumes commençoient tous par ces mots, Ma chere Sœur, fi vous ne dormez pas, faites-nous un de ces beaux Contes que vous favez. Des Jeunes-gens ennuyés de cette éternelle répétition, en firent une critique, où la plume n'entra pour rien & qui corrigea l'Auteur. Ils allerent une nuit d'hiver frapper à la porte de M. Galland, qui courut en chemise à la fenêtre pour favoir ce qu'on demandoit; après l'avoir laiffé fe morfondre pendant quelque tems, en lui demandant toujours s'il étoit M. Galland lui-même, Auteur des Mille & une Nuits; M. Gatland, lui dirent-ils, fi vous ne dormez pas, faites-nous un de ces beaux Contes que vous favez.

A combien de nos Auteurs ne feroit-on pas en droit de dire, dormez & ne nous faites point de Contes?

GAMACHES, [ Etienne-Simon] Chanoine Régulier de Sainte-Croix de la Bretonnerie, de l'Académie des Sciences, né à Meulan en 1672, mort à Paris en 1756. On peut lire avec fruit quelques-uns de fes ouvrages de Phyfique, de

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