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autres Ouvrages de la Faille font moins connus, fans doute parcequ'ils étoient moins utiles.

FARET, [ Nicolas ] de l'Académie Françoife, né à Bourg en Breffe en 1599, mort à Paris en 1646.

Ce vers & demi de Boileau

Qu'on vit avec Faret,

Charbonner de fes vers les murs d'un cabaret.

eft le feul monument qui nous refte de fa triste célébrité; il a été cependant Poëte, Traducteur, Hiftorien, Académicien.

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FAVART, [ Charles-Simon ] né à Paris. De tous ceux qui ont travaillé pour le Théâtre de l'Opéra-comique, il eft celui qui a le mieux saist l'efprit de ce genre de spectacle. Sans le furcharger ridiculement d'un fentiment froid & puérile, fans étaler une philofophie vaporeufe propre à faire hurler la mufique ou à la dénaturer, fans le parfemer, le parfumer de ces petits riens à prétention, qui ne font accueillis qu'au défaut de quelque chofe, il a fçu y répandre de l'intérêt du naturel, de la gaieté, de la finesse & tous les agrémens dont il est susceptible; il a fçu, en un mot, y peindre le vrai caractère de la Nation

que fes Rivaux ne s'occupent qu'à abatardir & à défigurer. La Chercheufe d'efprit fera toujours la plus agréable & la plus ingénieuse de ces fortes de bagatelles qui exercent tant de Chercheurs d'efprit qui n'ont encore trouvé que le verbiage, la fadeur, & jamais le goût & la raison.

FAUQUE, [ N. Mademoiselle ] née dans le Comtat Venaiffin en 17.....

On ne peut lui refuser beaucoup d'efprit & de talent pour écrire, mais dans fes Ouvrages, qui

ne font que des Romans, elle a plus confulté

l'imagination que la nature. Ce n'eft cependant que par la vraisemblance & une noble fimplicité que ces fortes de productions peuvent plaire & se foutenir. Tout ce qui eft auffi incroyable que peu naturel, n'intéresse jamais que foiblement.

FAIDIT, [Pierre] Abbé, né à Riom en Auvergne, mort en 1709, efprit bizarre & impétueux dont on ne lit plus les Ouvrages, malgré le ton d'originalité qui y regne. On pourroit y trouver encore quelques idées juftes, fi on avoit le courage de dévorer un tas d'inepties & d'extravagances qui les fuffoquent. Le choix de tous les Ouvrages étoit dirigé par la tournure de fon efprit. Que penfer de fon jugement, quand on fait qu'il fit

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une Critique de l'immortel Télémaque & de quelques Ouvrages de l'éloquent Boffuet? Que doit-on penser de celui de tant d'autres Ecrivains qui ont cherché, depuis lui, à déprécier ces mêmes Auteurs? On peut bien compofer quelques Epigrammes contre des Hommes célébres, mais la pointe de ces Epigrammes ne blesse que celui qui l'a aiguifée; c'eft ce qui arriva à l'Abbé Faydit. Son caractère d'extravagance & de folie s'eft peint dans fes Sermons & dans fes Ecrits de Religion, comme dans fes Productions littéraires, ce qui lui valut un féjour de quelques années à S. Lazare, d'où il fortit pour aller mourir dans fa patrie de la maniere qu'il avoit vécu, c'est-à-dire, au milieu de la plaifanterie & de l'Epigramme. Il en fit plufieurs contre la Mort qui prouvoient que la Mort avoit raison de débarraffer la Société d'un mauvais plaisant qui en eft le plus terrible fléau.

FAYE, [Jean-François LERIGUET de la ] dé l'Académie Françoise, né à Vienne en Dauphiné en 1674, mort à Paris en 1731.

L'imagination, l'efprit & la délicateffe carac térifent le petit nombre de fes Poéfies. C'eft de que M. de Voltaire a dit,

lui

Il reçut deux préfens des Dieux,
Les plus charmans qu'ils puiffent faire;
L'un étoit le talent de plaire,

L'autre le fecret d'être heureux.

Le plus connu de tous fes ouvrages eft fon Ode apologétique de la Rime contre le système de M. de la Mothe en faveur de la profe, dans laquelle on trouve cette belle Strophe :

De la contrainte rigoureuse,

Où l'efprit femble refferré,
Il reçoit cette force heureufe
Qui l'éleve au plus haut degré.
Telle dans des canaux pressée,
Avec plus de force élancée
L'onde s'éleve dans les airs:
Et la regle qui femble austère,

N'eft qu'un art plus certain de plaire
Inféparable des beaux Vers.

FAYETTE, [Marie-Madelaine PIOCHE DE LA VERGNE, Comteffe DE LA] née en 1633, morte en 1693.

Avant elle, les Romans étoient l'ouvrage de l'imagination & jamais celui du fentiment; elle en a banni la premiere un héroïfme chimérique, & en a réduit la fiction à la peinture des mœurs, des caractères & des ufages de la Société. Elle a joint à ce premier mérite celui d'un ftyle naturel,

élégant & correct, tel qu'il convient à ces fortes d'ouvrages. On lit encore avec plaifir la Princesse de Cléves, tandis que mille autres Romans publiés depuis, n'ont pu fe foutenir au-delà des bornes toujours étroites de la nouveauté.

Le Roman de Zaïde qui parut d'abord fous le nom de Segrais & fut attribué, après la mort, Mad. de la Fayette, eft encore aujourd'hui la matiere d'un problême. Si l'on en croit M. Huet, Evêque d'Avranches, c'est au beau Sexe qu'il faut en attribuer l'honneur, & voici les preuves qu'il en donne » Mad. de la Fayette négligea fi fort la gloire qu'elle méritoit, qu'elle laissa sa Zaïde paroître fous le nom de Segrais; & lorfque j'eus rapporté cette Anecdote, quel»ques Amis de Segrais qui ne favoient

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pas la vérité, fe plaignirent de ce trait, comme d'un "outrage fait à fa mémoire. Mais c'étoit un

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fait dont j'avois été longtems témoin oculaire;

» & c'est ce que je fuis en état de prouver par

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plufieurs Lettres de Mad. de la Fayette & par l'original du manufcrit de Zaïde, dont elle

m'envoyoit les feuilles à mefure qu'elle les compofoit ".

Nous ferions tentés de croire que ces preuves font infuffifantes. Segrais, qui de l'aveu de tout le monde & de Mad. de la Fayette elle-même

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