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Cet Auteur s'eft encore exercé dans l'Héroïde où fes fuccès ont été médiocres. On peut pardonner au Public de ne pas toujours bien accueillir ce genre de Poéfie lugubre, fruit ordinaire des vapeurs & très-propre à en donner.

GEDOYN, [ Nicolas ] Abbé de Notre-Dame de Beaugenci, de l'Académie Françoise & de celle des Infcriptions, né à Orléans en 1667 mort en 1744.

La Préface qu'il a mise à la tête de fon excellente Traduction de Quintilien, prouve qu'il étoit en état de produire par lui-même. Il y présente avec capacité les plus beaux traits de l'éloquence, en découvrant en même tems les caufes de fa corruption chez les Romains. Dans le cours de l'ouvrage on remarque partout un Traducteur habile qui fans être efclave de fon original, en offre le véritable fens embelli par les graces d'un efprit auffi élégant qu'éclairé; ce qui en rendra toujours la lecture utile aux jeunes gens qui voudront fe former des idées faines fur l'éloquence & connoître les vrais principes du bon goût.

GENEST, [Charles-Claude ] Abbé de St. Vilmer, de l'Académie Françoise, né à Paris en 1635, mort en 1719, étoit un des beaux Ef

prits de le Cour de Madame la Ducheffe du Maine. Ses vers pouvoient être agréables pour la Société qui en avoit fourni le fujet, mais on n'auroit pas dû les rendre publics; on n'en peut foutenir la lecture. Sa Tragédie de Pénélope eft aujourd'hui le feul de fes ouvrages dont on con ferve le fouvenir. Cette Pièce fut jouée pour la premiere fois en 1684 fur le Théâtre de Guénégaud & eut huit représentations. Elle eut plus de fuccès à la reprise en 1703; elle fut encore mieux accueillie, quand on la redonna en 1722; & en 1745 elle eut un fuccès plus grand que tous ceux qu'elle avoit déjà eu, ce qui feroit croire qu'il eft beaucoup de Pièces qu'on ne joue plus qui auroient peut-être auffi du fuccès, furtout à préfent où la difette fait tout accueillir avec tant d'indulgence.

Nous remarquerons au fujet de cette Tragédie que M. Boffuet qui, comme tout le monde fait, a écrit contre le Théâtre, la trouvoit fi remplie de fentimens de vertu, qu'il témoigna qu'il ne balanceroit pas d'approuver lui-même le fpectacle, fi l'on y donnoit toujours des Pièces auffi épurées. L'illuftre évêque de Meaux n'avoit certainement en vue que le fonds du fujer & les mœurs des perfonnages, car il étoit trop connoiffeur l'admirer du côté du ftyle qui eft par tout foible & profaïque.

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GENNES, [Pierre DE ] Avocat au Parlement de Paris, mort en 1759.

On voit par la lecture de fes Mémoires qu'il avoit la pénétration nécessaire pour faifir tous les points d'une affaire & l'art plus nécessaire encore de les réduire à un feul fans obscurité. Son style tantôt noble, tantôt badin est toujours analogue au fujet; fa diction eft naturelle, exacte, élégante. On peut juger, par ce que cet Avocat nous a laiffé, qu'il avoit du goût & s'étoit formé fur de bons modeles, mérite qui manque à plufieurs de fes confreres dont les talens auroient befoin d'un peu plus de correction.

GEOFFROY, [ Jean-Baptifte ] ci-devant Jéfuite, ancien Profeffeur de Rhétorique au Collége de Louis le Grand, de l'Académie de Caen, né à Charoles en Bourgogne en 1706.

Les productions qu'on a de cet Auteur, pour être relatives aux devoirs de la place qu'il a occu pée, n'en font pas moins propres à être goûtées de tous les fages Littérateurs, par la chaleur & l'éloquence qu'il a fu y répandre. Il a furtout un Difcours latin très-bien pensé & très-bien écrit où il examine dans quelle claffe de Citoyens on doit placer un Homme de Lettres, & où il

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décide ainfi très-fagement la queftion: S'il est honnête homme, parmi les meilleurs ; s'il eft corrompu, parmi les plus dangereux. L'Oraison funèbre de M. le Dauphin qu'il publia en Province, nous a paru l'emporter fur prefque toutes celles qu'on a débitées à Paris, par le caractèere bien choifi de fon Héros, caractère présenté avec un intérêt qui semble ne rien devoir aux fentimens de toute la France, pour l'augufte Prince dont elle a reffenti fi vivement la

perte.

1. GERVAISE, [ Nicolas ] Abbé, né à Paris, mort en 1749.

A l'âge de vingt-deux ans il publia l'Hiftoire naturelle & politique du Royaume de Siam qu'il compofa à Siam même, où il avoit été conduit fort jeune par des Miffionnaires de la Congrégation de St. Vincent de Paule. Quelques années après on vit paroître la Relation historique du Royaume de Macacar. Ces deux Ouvrages renferment des chofes curieufes & qui paroiffent exactes, mais le ftyle en eft foible & incorrect. La meilleure production de l'Abbé Gervaise est l'Hiftoire de Boëce, Sénateur Romain, avec l'Analyfe des Ecrits qui nous reftent de ce Philofophe. On y remarque une critique faine & judicieuse qui fait honneur à fes lumieres & à fon goût.

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2. GERVAISE, [ Dom-Armand-François ] frere du précédent, Carme Dechauffé puis Abbé de la Trappe, mort enfuite fimple Religieux à l'Abbaye de Notre-Dame de Reclus dans le Diocèfe de Troyes, où il avoit été enfermé par ordre de la Cour.

Sa plume ne s'eft exercée que fur des Ouvra ges de Biographie écrits avec chaleur, mais qui péchent par le défaut de jufteffe & la fingularité des idées. Il a écrit dans ce goût la vie de St. Cyprien, de St. Irenée, de St. Paul, de St. Paulin, de Rufin, de St. Epiphane, d'Abailard, de l'Abbé Suger, de l'Abbé Joachim & de plufieurs autres. Ce qu'il y a de fingulier, c'est que ce Moine qui avoit, dit-on, des mœurs fi aufteres, qu'il fe rendoit infupportable à tout ce qui l'en vironnoit, & qu'il fut obligé de fe démettre de fon Abbaye, ait traduit en François les Lettres d'Abailard & d'Héloïfe d'une maniere plus libre

que fon état, fon caractère & le texte même, ne devoient le lui permettre.

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GESSÉE ou JESSÉE, [Jean DE LA] Secretaire 'du Duc d'Anjou depuis Henri III, né à Mau→ vaifin dans la Gafcogne en 1551, mort vers 1593; Poëte auffi médiocre que fécond. Son

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