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du précédent, équivaut à un centime & demi. Son nom femble venir d'une des dynafties arabes: les Almoravides.

26. Monnaie d'or dont la première fut frappée en 1497. Jufqu'en 1796 le doublon a valu 21 francs 64 centimes. On en diftingue aujourd'hui de plufieurs espèces.

27. Apprenez-moi, je vous prie, dit l'Ecolier, ce qu'a fait aujourd'huy certain homme que je vois. Ce grand perfonnage fec & décharné qui Je promene dans une petite chambre, les bras croifez; je juge qu'il a la tête embarassee. Vous n'en jugez point mal, répondit le Démon. C'est un Auteur Dramatique. Comme il entend la Langue Françoise, il s'eft donné la peine de traduire le Milantrope, l'une des meilleures Comedies de Molière, fameux Auteur François. Il l'a fait représenter aujourd'huy fur le Théâtre de Madrid, & elle a été très-mal reçeûë. Les Espagnols l'ont trouvée plate & ennuyeuse. C'est cette pièce qui fait dans le Caffe le fujet de la difpute dont vous avez entendu le bruit. (Voir la note 5.)

Eh pourquoy, reprit Dom Cleofas, cette Comedie a-t-elle eu en Espagne ce malheureux fort? C'eft, répondit le Diable, que les Espagnols n'aiment que les pièces d'intrigues; de même que les François ne veulent que des Comédies de caractere. Sur ce pied-ld, repliqua l'Ecolier, fi l'on traduifoit auffi en France nos plus belles pièccs, elles n'y réuffiroient pas. Sans doute, dit Afmodée. Il n'y a pas long-tems qu'un Auteur de ce païs-là en a fait la trifle expérience. (Allusion à Le Sage lui-même.) Comme les Espagnols font capables d'une extrême attention, ils font bien aife qu'on les jette dans un embaras agréable. Ils fuivent fans peine l'action la plus compofee. Les François, au contraire, n'aiment pas qu'on les occupe. Leur efprit fe plaît à Je détacher. Et ils prennent plaifir à voir tourner leur prochain en ridicule, parce que cela flatte leur humeur fatyrique. Enfin le goût des Nations eft different.

Mais quelle forte de Comédie eft la meilleure, repliqua Dom Cléofas, d'une pièce d'intrigue ou de caractère? C'est une chofe fort problematique, repartit le Diable. Il n'en faut pas croire Id-deffus les Espagnols ni les François. Puifqu'ils font partie

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en cette affaire, ils n'en fçauroient être juges. Je ne la dois pas juger non plus, moy: parce qu'étant le Démon de la luxure, je protege également tous les Theatres.

28. Seigneur mendiant.

29. Maifon des fous.

30. Immédiatement après Zanubio, continua le Diable, eft un Marchand que la nouvelle d'un nauffrage a rendu fou. Dans la loge fuivante eft renfermé un Soldat qui n'a pû réfifler à la douleur d'avoir perdu fa grand'mère. Et le jeune homme qui fuit ce bon Soldat, dit Dom Cléofas, quel eft le genre de fa folie. Oh, pour celui-là, répondit Afmodée, c'eft un pauvre garçon né imbecille. C'est le fils d'une Hollandoife & dun gros Commis de la Doüanne.

31. L'hiftoire des folles commence ainfi : La première, reprit Afmodée, eft une vieille marquife qui aimoit un jeune Officier qui fervoit en Flandres. Elle luy avoit donné une groffe fomme pour faire fa Campagne. Elle s'avifa de confulter une Devinereffe pour fçavoir ce qu'il faifoit éloigné d'elle. La Marquife le vit aux genoux d'une jeune Flamande & elle en a perdu l'esprit.

32. Proprement: Correcteur. C'est le premier magistrat d'une ville ou d'une province dans laquelle ne siege pas un gouverneur. Ses attributions font plus étendues que celles de l'alcade.

33. La troisième est une Procureufe qui preffoit fon mari de lui acheter une croix de diamans de dix mille ducats. Il n'en a voulu rien faire. Elle en eft devenuë folle. Après la Procureufe eft une Coquette à qui la tête a tourné de dépit d'avoir manqué un grand Seigneur, dont elle avoit médité la ruine. Dans ces deux petites loges au-deffous de ces Dames, il y a deux Servantes qui ont perdu l'efprit. L'une de douleur de n'être pas fur le Teftament d'un vieux garçon qu'elle a fervi : & l'autre de

joye en apprenant la mort d'un riche Tréforier dont elle eft unique héritière.

34. Quelques auteurs font dériver ce mot du latin germanitas: confrérie. C'était une association d'officiers de police chargés de veiller à la fûreté des routes. Elle fut inftituée en 1486 dans le royaume de Caftille. Tolède, Ciudad-Rodrigo & Talavera étaient fes principales résidences.

35. Voir Boïardo: Roland amoureux, l'Ariofte: Roland furieux.

36. L'un est un avanturier qui va tous les jours aux audiences des grands Seigneurs. Il eft affez fou pour croire qu'un quart d'heure après qu'il leur a parlé ils fe fouviennent encore de ce qu'il leur a dit.

37. Je découvre dans le voisinage de ce Licencié un des meilleurs Auteurs que vous ayez. C'est un excellent efprit. Ses ouvrages font pleins de fel attique. Ils font parfemez de penfees fines & brillantes. Il a des tours neufs; des expreffions hardies & toujours heureuses. Passons à fon voifin... Eh! n'allez pas fi vite! interrompit avec précipitation Dom Cléofas. Vous ne dites du bien de cet Auteur, & vous me le montrez avec des foux. Ah! il eft vrai, reprit le Diable, j'oubliois fon défaut. Quand il lit fes pièces, il s'arrête à tous les endroits qui lui paroissent mériter des applaudiffemens, pour laiffer à fes auditeurs le tems de luy en donner, & pour en favourer luy-même toute la douceur.

que

38. Il demeure chez ce bachelier un Auteur qui réuffit dans un genre d'écrire fort ferieux. Il n'eft propre qu'à ce qu'il fait. Cependant il fe croit propre à tout; & il ne veut point faire de Comedies, parce que fon Comique feroit, dit-il, trop fin pour affeller le Parterre. S'il difoit trop froid, je me garderois bien de mettre parmi les foux un homme fi raisonnable.

On trouve encore quelques lignes plus loin cette autre

anecdote, fupprimée avant 1726, lors des réimpreffions de la première édition :

Mais avant que de quitter le lieu où nous fommes, il faut que je vous parle encore d'un certain Auteur que je viens d'apercevoir. C'est un homme qui poffède tous les Auteurs Grecs &Latins. Il emprunte d'eux toutes les penfees qu'il met dans Jes ouvrages. Cependant il fe croit original, & il ne traite de plagiaires que les Auteurs qui pillent Lope ou Calderon.

39. Cette anecdote eft un trait de la vie de Charles Rivière Dufresny, defcendant de la Belle Jardinière du château d'Anet, courtisée par Henri IV. Dufrefny eft connu comme auteur dramatique. Il collabora avec Regnard. Ce dernier ufurpa à fon collaborateur la pièce du Joueur, la retoucha & la fit jouer en fon nom. (V. Cailhava : l'Art de la Comédie, édition de 1786, tome I, page 142).

40. L'hiftoire des tombeaux débutait ainsi dans la première édition :

Le premier de ces huit tombeaux que vous apercevez à main droite, renferme le corps d'un jeune Amant mort de chagrin de n'avoir pas remporté le prix d'une courfe de bague. Dans le fecond eft un avare qui s'eft laisse mourir de faim: & dans le troisième, fon héritier mort deux ans après lui pour avoir fait trop bonne chere.

Il y a dans le quatrième un pere qui n'a pû furvivre à l'enlèvement de fa fille unique. Dans le fuivant eft un jeune homme emporté par une pluréfie pour avoir pris des remèdes rafraîchiffans.

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41. Le feptième cache une vieille fille de qualité laide peu riche que la trifteffe & l'ennui ont confumée; & dans le dernier repofe la femme d'un Tréforier, morte de dépit d'avoir été obligée dans une ruë étroite, de faire reculer fon caroffe pour laiffer paffer celui d'une duchesse. Cette dernière historiette n'eft pas à proprement parler fupprimée de l'édition de 1726, nous la retrouvons, à quelque chofe près, au chapitre des fous. (Voir à la page 163 du préfent volume.)

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42. Auprès de cet imprudent Chanoine eft une belle Dame immolée aux ‹ foupçons de fon mari jaloux. Dans le quatrième eft un devot qui a perdu la vie pour s'être promene dans fon jardin une demy-heure fans parafol; & dans le dernier une devote pour s'être fait faigner trop fouvent par précaution.

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43. Icy git un Comedien que le déplaifir d'aller à pied, pendant qu'il voyoit la plupart de fes camarades en équipage, confumé peu à peu.

44. Et près d'elle repose un Auteur dramatique qui mourut fubitement d'envie, au bruit des applaudissemens du Parterre, à la première représentation d'une pièce d'un de ses amis. Cette anecdote fait prefque double emploi avec celle de la comédienne, page 212, ligne 20.

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