de Senlis, qui defcendoient de mâle en mâle de Charlemagne, par Bernard, Roi d'Italie, dont la bâtardise est pour le moins très-équivoque, n'étoient pas au moins réputés Princes du Sang, eux dont les branches avoient le droit d'aînesse sur toutes les branches iffues de Louis le Débonnaire. Nous concevons mieux comment ils étoient rejetés par ceux qui, defcendant de Charlemagne par femmes feulement prétendoient être préférés aux Princes Carlovingiens, dont la bâtardise étoit ou prouvée ou alléguée. Ainfi donc Bérenger, Duc de Frioul, & Guy, Duc de Spolète, tous deux iffus de Charlemagne par des femmes, fe difputoient l'Italie & l'Empire, & même la France; car Guy, Duc de Spolète, étant venu à Rome à main armée, s'y fit couronner Empereur & Roi de France. 2 Le bâtard Arnoul fils de Carloman le Germanique, prétendoit, de fon côté, à toute la fucceffion de Charlemagne, parce qu'il étoit, le feul mâle iffu de mâle en mâle de Charlemagne, & qui ne fût pas un enfant car on comptoit toujours pour rien les defcendans de Bernard. difoit-il de Arnoul avoit bien voulu reconnoître pour Roi de France le Comte Eudes, qui lui avoit fait des foumiffions; mais il ne vouloit pas même céder l'Empire aux nouveaux concurrens qui cherchoient à l'usurper. Il paffe en Italie, il arrive aux portes de Rome, & s'empare de cette ville par un hafard bien fin896. gulier. Ses troupes étoient excédées de fatigue; mais les Soldats étoient pleins d'ardeur : les Chefs infiftoient pour qu'on donnât aux troupes quelques jours de repos; les Soldats crioient gaiement qu'un 1.6, c. 8. affaut les délafferoit. Pendant ce débat, un lièvre fort du milieu du camp; les Soldats le pourfuivent Luitprand, avec de grands cris du côté de la ville. Les Romains de ce temps, qu'il eft prefque ridicule d'appeler d'un tel nom, perfuadés que l'armée d'Arnoul court à l'affaut, s'effraient, abandonnent la garde des portes & des murailles. Les Germains ne trouvant point d'obftacle, escaladent les murailles, enfoncent les portes, prennent la ville. Arnoul eft couronné Empereur par le Pape Formofe; mais les prétentions des Papes faifoient toujours quelque progrès. Formofe, en faifant prêter ferment de fidélité par les Romains au nouvel Empereur, changea la formule ordinaire & introduifit une reftriction qui foumettoit entièrement l'autorité impériale à l'autorité pontificale. Voici quelle étoit cette nouvelle formule: » que, » Je jure, par les faints Mystères, fauf mon honneur, ma loi, & la fidélité que je dois au Pape → Formofe mon Seigneur, je ferai » fidèle à l'Empereur Arnoul (1) «. Ce Prince mourut, peu d'années après, de la maladie pédiculaire, & l'Empire fortit pour toujours de la Race de Charlemagne, tant légitime que bâtarde. Le dernier Empereur defcendu de Charlemagne, dans la ligne maf culine & légitime, fut, comme nous l'avons dit, Charles le Gras; le dernier Empereur de la même (1) L'ancien ferment, tel qu'il fut prêté, en 824, à Lou's le Débonnaire & à Lothaire fon fils, contient bien une foible réserve de la fidélité jurée au Pape, Salvâ fide quam repromifi Domino Apoftolico; mais il exprime Pengagement le plus fort & le plus étendu à Pégard de l'Empereur, & affujettit formellemont l'élection des Papes à la confirmation de l'Empereur. Cap. t. 1, p. 647 & 648. ligne, mais bâtard, fut Arnoul; & le dernier Prince descendu de Charlemagne par les femmes, qui ait régné dans une partie de l'Italie, en afpirant à l'Empire, fut Bérenger, Duc de Frioul. Vers le même temps, le fceptre de la Germanie fut auffi enlevé à la Race de Charlemagne, par le choix que fit cette Nation de Conrad Duc de Franconie, pour la gouverner. Dans la fuite, après bien des viciffitudes & des violences, après des flots de fang verfés comme à F'ordinaire, l'Empire a paffé à des Princes Germains, & s'eft fixé en Germanie avec tous les titres faftueux de l'ancien Empire Romain, & avec des prétentions fur l'Italie. fource de difcordes éternelles. Dans cette inftitution fingulière, à trả vers la fubverfion de tous les droits, on reconnoît encore l'influence de Charlemagne; on voit l'effet de fa |