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ques mémorables, & aux faits dignes de remarque. Cette fuite contiendra des confidérations plutôt qu'une Histoire.

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On fait quel fut le fort de la grande Monarchie des Perfes; on fait auffi quel fut celui des conquêtes d'Alexandre leur vainqueur, & fi ce fut la peine de former un fi vafte Empire pour le temps qu'il eut à en jouir, & pour l'intérêt qu'il devoit prendre aux fucceffeurs qu'il laiffa. Charlemagne laiffa, du moins fa Race fur le trône, mais il avoit rendu ce trône trop vafte pour elle; elle ne put ni le remplir ni s'y maintenir.

Les Grands Hommes, en tout genre, font très-rares, & fur-tout les grands Rois. Il faut des Etats qui puiffent être régis par des Princes médiocres. Un petit Etat a tou jours en lui-même de quoi fe gouverner, indépendamment du mérite

de fes Souverains. La routine & l'exemple fuffifent; la machine est fimple, & le jeu des refforts facile. Les rênes d'un grand Empire ne peuvent être tenues que par la main d'un Grand Homme; il falloit Charlemagne dans toute la vigueur de l'âge, dans toute l'ardeur de fon activité, pour pouvoir d'un côté défendre de l'autre gouverner fes

nombreux & vaftes Etats.

LOUIS LE DÉBONNAIRE.

la France, 1.

Louis le Débonnaire, furnom qui, 814. felon l'expreffion de Pafquier, im- Recherch de plique fous foi je ne fais quoi du fot,, chap. 45 guidé par un père plein de force liv. s, c. 3. & de grandeur, n'avoit point paru indigne de fes frères; quand il régną par lui-même, il parut ne porter fur le trône que les vertus du Cloître. C'étoit une ame douce, une conf

cience timorée, un coeur tendre & dévot, un efprit foible.

Il aimoit fingulièrement les Moines, & avoit voulu l'être. Charlemagne avoit cru devoir réprimer ce zèle inconfidéré; mais on remarqua que Louis nommoit toujours fon grand-oncle Carloman avec vénération, & en témoignant toujours quelque regret de ce qu'on l'avoit empêché de fuivre fon exemple.

Devenu Empereur & Roi de France, mais toujours Moine, il voulut d'abord purger la Cour de quelques défordres que l'indulgence de fon père y avoit laiffé fubfifter. Ses foeurs la plupart Abbeffes

avoient des Amans. Louis voulut faire arrêter ceux-ci; ils fe défendirent; il y en eut un de tué, un Egin. in Vit. autre eut les yeux crévés; les PrinVit. Ludov. ceffes furent renvoyées dans les AbPii. bayes que Charlemagne leur avoit

Carl. M.

données mais où il étoit bien

éloigné d'exiger qu'elles vécuffent, car ce bon père n'aimoit rien tant que de fe voir toujours entouré de toute fa famille. Cet acte de rigueur, qui étoit plus dans les principes de Louis que dans fon caractère, disposa d'abord la Cour peu favorablement pour lui.

Le Clergé ne lui fut pas meilleur gré de quelques réformes, à la vérité néceffaires, qu'il voulut faire dans les moeurs de ce Corps, à l'exemple de Charlemagne. Sous un Prince auffi éclairé que Charlemagne, le Clergé fentoit fa foibleffe; il fentoit fa force fous un Prince fuperftitieux, tel que Louis

le Débonnaire.

Louis fuccédoit à tous les Etats de Charlemagne, excepté au Royaume d'Italie, qui avoit été donné au jeune Bernard, fils de Pepin, frère aîné de Louis: il eft difficile & affez inutile de favoir fi Bernard

n'étoit que fils naturel de Pepin, ou s'il étoit né d'un mariage authentique & folennel. Les Auteurs, comme nous l'avons obfervé, font divifés fur ce point; les uns repréfentent Bernard comme fils d'une concubine, les autres le croient né d'une époufe légitime. Quoi qu'il en foit, nous avons dit que fous la première Race, & apparemment encore au commencement de la feconde les fils des concubines étoient réputés légitimes, & pouvoient fuccéder du consentement de leur père; il eft vrai que l'ufage con'traire a femblé prévaloir fous la feconde Race, & que les bâtards ont en général été cenfés exclus de la fucceffion au trône; mais ce nouvel ́usage ne s'est établi que peu à peu, par les exemples, fur-tout par celui de Charlemagne, dont aucun des bâtards ne fut admis au partage ; encore voyons-nous cet ufage dé

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