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fuivant; Lothaire crut avoir trouvé une occasion de rendre un fervice important au nouveau Pape, & de fe le rendre favorable. Lorfque l'Empereur Lothaire, fon père, dépeuploit l'Italie pour dévafter la France, les Sarafins, qui depuis long-temps infeftoient toutes les mers dont l'Italie eft baignée, & qui s'étant déjà établis dans plufieurs des Ifles dont elle eft entourée, ne ceffoient de menacer cette contrée, y furent introduits par les Ducs de Bénévent & de Capoue, qui fe faifoient la guerre en Italie, tandis que l'Empereur Lothaire la faifoit à fes frères en France. L'un appela les Sarafins d'Espagne, l'autre ceux d'entre eux qui poffédoient déjà la Sardaigne; & ces deux hordes de Sarafins entrèrent, pour fe combattre l'une l'autre, dans le pays dont elles vouloient faire la conquête. Une fois introduits, ils s'étendirent, ils

s'agrandirent, & firent à peu près dans l'Italie les mêmes ravages que les Normands faifoient alors en France; ils allèrent piller Rome & le tombeau de Saint Pierre. Le Pape, au lieu de menacer les Rois & de vouloir règler leurs amours, auroit dû tâcher de les réunir contre ces Barbares, que l'efprit de guerre & de conquête n'abandonnoit ja mais, & qui, battus tant de fois par Charles Martel & par Charle magne, ne ceffoient de menacer à la fois la France & l'Italie. Mais de tout temps les petites paffions ont fait perdre de vue les grands intérêts. Lothaire imagina d'aller offrir au Pape fes fervices & fes fecours contre les Sarafins; il crut qu'un tel bienfait lui tiendroit lieu de la foumiffion qu'avoit fi impérieufement exigée Nicolas ; il fut accueilli en effet avec toutes les démonstrations de la reconnoiffance ; la

geft. Roma.

t. 2.

confiance & l'amitié parurent régner entre Adrien & lui. Lothaire, dans Lothar. Reg. un jour de folennité, voulut com- Concil. Gall. munier de la main du Pape avec tous les Seigneurs François de fa fuite, fans foupçonner le piége où le Pape l'attendoit. Aussi-tôt qu'ils eurent reçu la Communion, le Pape les força de jurer avec le Roi fur l'Euchariftie, qu'il avoit en effet. obéi au Pape Nicolas fon prédéceffeur, & que fa rupture avec Val- 8. drade étoit fincère & fans retour. Le ferment fur l'Euchariftie étoit alors au nombre des épreuves ou jugemens de Dieu en vertu des paroles de Saint Paul Que celui 1. Corinth. qui reçoit indignement le corps & le fang de Jéfus-Chrift, mange & boit fon jugement. On croyoit en conféquence que quiconque ofoit fe parjurer fur l'Euchariflie, mouroit infailliblement dans l'année. Lothaire & fes François, furpris, effrayés,

C. 2.

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mais trop avancés pour pouvoir reculer fans une extrême confufion bégayèrent en tremblant le ferment redoutable qu'on exigeoit d'eux &, fi nous en croyons les Historiens de ce fiècle, ils moururent tous peu de temps après, comme fi le glaive de l'Ange exterminateur les eût frappés. Ce qui eft certain, c'eft que Lothaire tomba dans une maladie de langueur, dont il mourut à Plaisance lorfqu'il retournoit dans fes Etats.

Charles, Roi de Provence, fon frère puîné, qui n'avoit point fubi comme lui l'épreuve de l'Euchariftie, mourut affez tôt pour n'avoir pas le temps d'hériter de lui.

Leur feul héritier légitime étoit l'Empereur Louis, leur frère; & l'état de la famille de Charlemagne fe trouvoit alors le même qu'au moment de la mort de Louis le Débonnaire; il n'y avoit de changé

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ro'. Calv. Ti

que la perfonne de l'Empereur; au
lieu de Lothaire, c'étoit Louis fon
fils. Charles le Chauve, au mépris Capitul. Ca
des droits de fon neveu, s'emparatul. de Divi
fione regni
de la Lorraine fans titre ni pré-Lothar.
texte que celui de bienféance.
Louis le Germanique arracha aussi
quelques lambeaux de l'héritage de
fon neveu. Les moeurs de la pre-
mière Race reprenoient le deffus
ou plutôt les moeurs de la première
& de la feconde, à quelque degré
d'atrocité près, font les mêmes ;
celles de la barbarie, celles de la
guerre, qu'on voit feulement s'adou-
cir un inftant par la Législation de
Charlemagne, & reprendre leur
férocité fous fes fils par les difcordes
civiles & l'habitude de la violence.

Louis, ainfi dépouillé, eut re-
cours à l'autorité du Saint Siége,
& lui qui, à titre d'Empereur, de-
voit être le protecteur du Pape,
en devint le protégé. Adrien prit

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