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ont le plus illuftré fon art par fa belle manière, & l'excellence de fon jugement. Dans l'antiquité, plufieurs artistes portèrent la Sculpture au dernier degré de perfection; Donatelle seul, par la multitude de fes ouvrages, l'a fait renaître dans fon fiècle, où les précieux morceaux de la Grèce étoient enfevelis fous des ruines profondes. Ce qui acheve fon éloge, c'eft qu'outre la difficulté de l'art qu'il a vaincue, il a réuni l'invention, le deffin, le goût, la beauté des attitudes, & tout ce qu'on peut attendre du génie (9).

(9) Vafari ne parle point de plufieurs ouvrages du Donatelle, tels qu'à Saint-Pierre-le-Majeur deux tombeaux dans la chapelle Albizi, que le P. Richa a obfervés dans fes Remarques fur les églifes de Florence; deux buftes pour la Congrégation de la Doctrine-Chrétienne; un David de marbre pour la falle d'audience des feigneurs ; à la Minerve à Rome, une tête au-dessus d'un tombeau ; un faint Jean Baptiste au Baptistère de Conftantin; un bufte à Sainte-Marie - Majeure, dont parle le chanoine Titi dans fa Notice des peintures de la ville de Rome ; & une petite ftatue équestre en bronze du prince Caraffe d'Arragon, placée dans la cour de fon palais : elle fut érigée par un comte de Montaloné en mémoire des bontés dont il en avoit toujours été honoré.

Donatelle

eft

Donatelle avoit un frère nommé SIMON, qui fuivit fa manière. Le pape Eugene IV l'appela à Rome en 1431, avec Antoine Filarete, pour faire une des portes de bronze de faint Pierre, ouvrage qui l'occupa douze ans. Cette porte ornée de bas-reliefs en trois compartimens ; notre-Seigneur & la Vierge, faint Pierre & faint Paul, Eugène d'un côté couronnant l'empereur Sigifmond, & de l'autre donnant audience à diverses nations d'Europe. Simon fit de plus, dif férens ouvrages à Prato, à Rimini, à Florence, & à Arezzo. Un des principaux eft le tombeau de Martin V qu'on voit à Saint-Jean-deLatran. Après en avoir fini le modèle, il écrivit à fon frère pour le confulter, avant que de paffer à l'exécution en bronze. Donatelle ferendit à Rome, & l'aida de fes avis non-feulement dans cette occasion, mais encore dans les préparatifs de la fête destinée à l'empereur Sigifmond qui venoit recevoir la couronne des mains du pape Eugène IV. Simon mourut âgé de 55

ans.

Donatelle laiffa fes études & fes deffins à fes élèves, parmi lefquels on compte Bertolde fculpteur Florentin, Didier dà Settignano qui l'auroit peut-être furpaffé fi la mort ne l'eût

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enlevé à vingt-huit ans, vers 1485; Vellano de Padoue, Giovanni d'Antonio, dit Banco, mort avant lui, Roffellino, François Camilliani, & Michelozzo Michelozzi.

On n'a pas fait mention d'un faint Jean-Baptifte de métal placé dans le dôme de Sienne, à qui il manque l'avant-bras. Donatelle disoit qu'il s'étoit propofé de marquer, par cette imperfection, fon peu de fatisfaction du payement de cette figure.

Dans l'église de faint Antoine à Padoue, les bas-reliefs qui la décorent repréfentent J. C. mort entre deux anges; à droite est l'enfant qui, peu de jours après fa naiffance, nomma & montra du doigt, par ordre du faint, celui qui étoit véritablement fon père, fauvant par ce moyen l'honneur d'une mère injustement accufée. A gauche eft la mule qui fe met à genoux devant la fainte hoftie que faint Antoine lui montre pour convertir un hérétique. Donatelle a fait de plus quatre anges en bronze de demi-relief. Dans le chœur il a fculpté N. S. au tombeau; on admire les faintes femmes qui pleurent autour de lui.

JEAN-FRANÇOIS RUSTICI (1).

CET

ET artiste, d'une famille noble & aisée; cultiva les arts plus par goût que par intérêt. Il naquit, vers l'an 1470, à Florence, où il apprit le deffin fous André Verrochio. Dans cette école fi fameuse alors étudioit Léonard de Vinci; fa manière plut à Ruftici, il s'attacha à lui lorsqu'André fut parti pour Venise. Cet élève, par fes bonnes qualités, gagna tellement son amitié, qu'il le préféroit à fes camarades, & qu'il lui montra la perspective, la façon de travailler le marbre, la fonte en bronze, & furtout l'art de deffiner les chevaux. Par les foins de cet illuftre maître, Ruftici fe rendit un des plus ha biles hommes de l'Italie dans fa profeffion. Quoi. qu'exempt d'ambition, notre artiste ne laiffa pas

de fe faire connoître au cardinal Jean de Mé dicis, pour avoir été protégé de fon père Laurent, qui l'avoit placé chez le Verrochio. Ce cardinal se borna, pour tout bienfait, à lui faire quelques amitiés. Ruftici peu accueilli à la cour, qui d'ailleurs ne convenoit guère à fon caractère

(1) Vafari. Baldinucci. Serie degli uomini illuftri.

fincère & tranquille, fe mit à vivre en philoTophe, ami de la paix & du repos. Renfermé dans un cercle d'amis & d'artistes, il ne négligeoit pas le travail quand l'occafion s'en préfentoit.

A l'arrivée du pape Léon à Florence, en1515, quelques ftatues faites à la prière de fon ami André del Sarte, & présentées au cardinal Jules de Médicis, valurent à Ruftici les bonnes graces de cette éminence & l'entreprise d'un Mercure en bronze, nu & porté fur un globe, tout prêt à voler. Cette figure couronne la fontaine qui eft dans la grande cour du palais à Florence.

Un très-beau morceau placé fur les portes de faint Jean de la même ville, fuccéda à ce premier ouvrage. C'est faint Jean-Baptiste qui prêche, il est entre un lévite & un pharifien. Ces figures font de bronze, le nu s'y montre avec beaucoup de grace, & leurs gestes font parfaitement exprimés. Les avis feuls de Léonard conduifirent ces Sculptures, ce qui l'en fit croire l'auteur. Ruftici eut lieu d'être fatisfait des éloges que leur donnèrent les connoiffeurs, mais il ne le fut pas également de la générofité du corps des marchands qui les lui avoient commandées. Manquant d'argent, il fe vir obligé,

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