Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dialité, même entre voifins, le courage,

la dignité dans les mœurs, les préve nances & foins obligeants dans les occafions, telles font fes vertus: bien de la perte de temps, & un peu

ambitieufe, d'où fuit le peu

d'oftentation

d'ordre dans

les affaires & les défauts qui réfultent de ce genre d'incommodité : voilà fes imperfections.

A ces différentes nuances de caracte res nationaux & territoriaux du pays, il faut joindre les airconftances phyfiques du climat dur, & des débouchés difficiles, qui font que tout le terroir ef en dépaître, en bois & châtaigners, & que le labourage qui, dans cette partie, n'eft qu'acceffoire aux pâturages, eft exploité par la plus chétive & lente cul ture des métayers, &c.

La culture des métayers eft, comme l'on fait, une forte de renoncement volontaire de tout intérêt au fonds de terre

de la part du propriétaire & de celle du

cultivateur. Le propriétaire cede fa métairie & tout ce qu'il faut de beftiaux pour la mettre en culture, à un homme qui arrive avec fes bras & fa famille dénuée de tout, & qui moyennant quelques avances pour la faire subsister, lui & les beftiaux, fe charge de labourer la terre & de foigner le bétail, fous la conlition de partager à la récolte le produit de l'une, & à la vente le croît de l'autre. En cet état, le propriétaire ne fonge qu'à tirer le plus qu'il peur de fon métayer; d'abord il le charge de l'impôt, fouvent de la totalité de la femence; s'il y a beaucoup de châtaigniers fur la métairie, il voudra partager fur ce produit fpontané: en un mot, il tire tout le plus qu'il peut, & dans tous les cas le regardant lui & fes boeufs comme bêtes domestiques, il les charge de voi. tures, & s'en fert dans tous les temps. pour tous voyages, charrois, tranf

fonge qu'à vivre avec le moins de travail poffible, à mettre le plus qu'il peut de terrein en dépaître ou pacages, attendu que le profit provenant du croît du bétail, ne lui coûte aucun travail ; le peu qu'il laboure, c'eft pour femer des denrées de vil prix, propres à fa nourriture, le bled noir, les raves, &c. il n'a de joniffance que fa pareffe & fa lenteur, d'espérance qu'en une bonne année de châtaignes, & d'occupation volontaire que celle d'engendrer.

ni

En effet, comme de pareils entrepreneurs de culture n'ont ni la volonté, le pouvoir de payer des gages, ni des falaires, ils ne fauroient être aidés dans leurs travaux que par leur propre famille, qui devient pour eux, finon une richeffe, du moins un befoin absolu. Le refte du peuple, pauvres manœuvres, rarement employés, & prefque toujours pour leur nourriture, confifte en quelques familles qui ont quelques petits

fonds, & un plus grand nombre qui vit fur le fpontané, & du lait de quelques chevres qui dévorent les haies, les brouffailles, les clôtures & les bois. On peut à ce tableau juger de l'affaitement dans lequel vit tout ce pauvre peuple, & de l'état d'abjection dans lequel il eft tenu par des hommes qui ne font rien moins qu'inhumains, mais dont le préjugé, fur tout parmi la Nobleffe, eft que le payfan n'eft pas de la même efpece que nous. On le fecourt, on le protege, rarement même lui fait-on tort; mais on le dédaigne, on l'affujettit s'il eft bon & facile; on l'aigrit, on l'irrite, s'il eft méchant.

Le nouveau Seigneur avoit vu fous fa belle- mere, ce peuple venir lui porter fes plaintes, & foumettre fes affaires; mais elle étoit fille de leurs anciens Seigneurs, elle étoit née & avoit eré élevée parmi eux elle entendoit &

[ocr errors]

peu

n'avoit aucun de ces avantages, & cependant il les vit accourir de toutes parts, non feulement chargés, en une année difetteufe, de présents qu'on lui dit qu'il falloit accepter fans indemnité quelconque, fous peine de les affliger, mais encore lui apporter leurs papiers, lui foumettre leurs affaires, & fur tout trembler, mouvement fi fait pour l'homme, pour cette excellente créature fi chere à la divinité, & qui, fi on lui laiffoit tout l'effor naturel à fon exiftence, verroit fans trembler la terre même s'ouvrir fous fes pas & l'appeller dans fes abîmes, puifque le fein de la terre eft le lit da repos de l'homme juste, comme fa furface eft la table de l'homme, convive de l'Auteur de tous les biens En voyant cela, fa confcience, notre feul juge redoutable, lui dit : Ceri ne te fut pas donné Jeulement pour vivre, mais le vive te fut donné pour agir, & l'action pour faire le bien, comme la

volonté

« AnteriorContinuar »