quelque trait à l'introduction des arts & de tous les genres d'induftrie dans un Etat, ce ne fera jamais par la privation que l'on rendra les hommes modestes & retenus. 2°. Ros NY qui avoit toute l'adresse de la vérité, qui en vaut bien un autre, fut mal adroit néanmoins en cette occafion. Quel Prince vouloit il renvoyer aux temps de Louis XI, de Charles VIII & de Louis XII? La ré ponse prompte, vive & délicieufe du Roi dit tout à cet égard. Mais pourquoi ne répondrois-je pas moi-même à HENRI IV? Je fuis fûr que ce grand Prince m'eût écouté. SIRE, Votre Majesté veut pro. curer de belles chofes à fon Royau» me, après lui en avoir procuré de » meilleures, à favoir la paix, l'abondance & la fureté. Mais accoutu "mée à tout concevoir & tout exécu » ter avec la vivacité de fon génie, eleoublie ici, ce temb e, que dans » les chofes humaines, ainfi que dans » les chofes naturelles auxquelles nous » fommes aflujettis, tout à sa naislance, » fa croiffance & fa maturité. Votre Majefté veut avoir les ouvriers avant la foie, & la foie avant les mûriers. » Et c'est pourquoi cette création vous » conftituera en de grandes dépenfes » d'établiffement, fans compter un رو رو grand fubfide annuel pour maintenir » ces ouvriers jufqu'au temps où leur » travail les fera vivre; temps que les " ouvriers ne provoqueront pas avec plus d'inftance que ne feroient les » chevaux de vos écuries la permiflion d'aller paître à leurs dépens. Or pourquoi ferez-vous cette dépenfe? ce » n'est pas pour vous procurer à vous ces gentilleffes; vous avez affez d'argent رو » pour les faire venir de dehors à bien » : meilleur marché ce n'eft pas non plus la grande néceffité d'en fournir 93 vaquer aux chofes qu'ils vous de» mandent, fans vous mettre en fouci » de leur procurer celles qu'ils ne vous demandent pas. C'eft, vous dit-on, éviter que pour 33 බ leur argent n'aille au dehors en chercher. Mais prenez leur garde qu'il vaut bien mieux que » argent aille chercher des étoffes, que » des ouvriers qu'il faut nourrir, loger, » eux, leurs outils & engins, & toute » leur fequelle. Or tout l'argent que » vous donnez pour cela, eft l'argent du peuple; vous n'en n'avez pas d'au»tre, vous le favez bien. » Cette dépenfe, quoi qu'elle me » coute, ne vous paroît pas d'efpece à »nuire aux amas néceffaires à vos grands » desseins: auffi ne vous les objecterai je pas de front; je vous demanderai » feulement à laquelle de vos dépenfes en menus plaifirs vous voulez fubfti» tuer celle-ci : font-ce vos bâtiments, vos maitrefles, ou votre jeu ? Rien de tour » tout cela fans doute ; c'est donc une " وو fuperfluité de plus, & une fuperfluité qui a mille branches, une fuperfluité qui doublera en décorations futiles & périffables la dépenfe de vos bâti»ments; une fuperfluité qui eft de droit l'apanage de vos maîtreffes, & qui » les rendra plus avides, plus fantafques, plus coûteufes & de plus mauvaise hu» meur; une fuperfluiré qui rendra vos joueurs plus âpres à vous voler; car, quand je n'en aurois pas d'autres preu» ves, je ne faurois croire qu'un jeu si confidérable puiffe fe foutenir qu'aux dépens de la bourse commune, & que » Votre Majefté; si heureuse & si digne » de l'être en toute autre chofe, foit naturellement & conftamment malheu» reuse au jeu. Voilà donc toutes vos dépenfes groffies par une feule, & votre coffre » diminué d'autant : & moi je verrois fubfiter tous les impôts que Votre Majefté ne conferve que pour fe mettre en état d'affurer un jour, par une grande & glorieuse révolution, la paix » de l'Europe entiere, & profiter en fuite de cette paix pour abolir ce tas » de furcharges; je les verrois, dis-je, » fubfifter & prolonger par la diffipation de vos deniers! رو » Mais laiflons là vos grands deffeins. Qui vous preffe de mêler à des apprêts de guerre & de politique, des dépenses de pure oftentation? C'est fans doute le defir de faire fleurir " votre Royaume. Eh! Sire, V. M. a » trop de fagefle pour ignorer que les » fleurs prématurées nuifent à la récolte des fruits. Q'avez-vous fait jusques ici » pour la prospérité de votre Royaume? Tour, fans doute, Vous y avez confacré vos jours & vos nuits. Mais en, fin tant de travaux incroyables, vos dangers, vos foins, vos veilles, vos دو رو " voyages, vos correfpondances, vos |