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par ce traité célebre. Le Roi de Danemarck étoit le troifieme fous le prétexte de quelques démêlés dans lesquels le Roi de Suede n'entroit en réalité que comme allié du Duc de Holstein, & fur lefquels on avoit confenti d'écouter des arbitres.

Tout étoit évidemment injufte dans cette ligue, les confpirateurs n'avoient de raifons que leurs forces qu'ils croyoient fupérieures, que l'envie de piller & d'envahir de malheureuses Provinces.

C'est à cette fatale alliance de l'Electeur de Saxe que commence, Monfieur, l'époque défastreufe de l'afferviffemert total de la République aux Moscovites.

Vous ne verrez plus cette Nation prendre publiquement le titre d'ennemie des Polonois; vous la verrez fe qualifier fans ceffe d'amie, d'alliée ou de protectrice; vous la verrez toujours infefter la Pologne de fes armées, pil

ler & détruire fes Villes, ravager fes campagnes & les arrofer du fang de leurs habitants.

Augufte fut féduit par le faux appas de conquérir la Livonie, chimere déja fi fatale aux Polonois, fous Sigifmond Augufte & fous les autres Rois qui lui fuccéderent; difons mieux, cette conquête n'étoit pour l'ambition de l'Electeur qu'un spécieux prétexte. Ses troupes Saxones traversoient toute la Pologne & toute la Lithuanie, pour attaquer les Suédois; elles avoient déja pris fur la Nobleffe Polonoife le ton de fupéricrité que donne la difcipline militaire fur des affemblées irrégulieres: c'eft au pou. voir abfolu que visoit Auguste en se faifant l'allié du Moscovite, en se déclarant le pacificateur à main armée des querelles intestines entre les Oginski & les Sapieha, en cherchant à se décorer du titre de conquérant.

Les premieres tentatives eurent le

fuccès que méritent les injuftes agreffeurs; le Roi de Danemarck fut humilié dans fa Capitale même; les Saxons fe retirerent avec honte de devant Riga; les Mofcovites fuirent à Narva, devant Charles XII, comme un troupeau de moutons devant le loup qui les pourfuit.

Ces revers ne découragerent ni le Czar Pierre ni le Roi de Pologne; ils s'affemblerent à Birzen, ville de Samogitie, & là fe conclut un traité qui mit enfin le comble à la ruine de la Pologne.

Oui, Monfieur, je vous prie de faire à cet accord de Birzen toute l'attention qu'il mérite; vous verrez qu'Augufte y vendit réellement la Pologne au Mofcovite, pour le faux efpoir de conquérir la Livonie.

Le but du Czar étoit, d'une part, d'u furper fur la Suede toutes les terres qui font à l'orient du Golfe de Finlande; de l'autre, de fe former au milieu de l'a

narchie Polonoife une puiffance irréfiftible: il vint à bout de ce deffein en peu d'années, & la conduite du Roi de Pologne, celle de la Nobleffe principale ne l'y fervirent pas moins que celle de Charles XII.

Par ce traité de Birzen, fait en 1701, Augufte s'engagea de donner trente mille Saxons au Czar, pour fubjuguer la Livonie; mais refpectivement Pierre devoit donner auSaxon, trente mille Mofcovites pour les difcipliner en Pologne.

Il est bien fingulier que dans ces derniers temps on ait oublié parfaitement cette convention fi remarquable; il semble que la Nation Polonoife & tous les autres Peuples aient été furpris de dé couvrir tout-à-coup que la Pologne n'avoit plus d'existence par elle-même, qu'elle étoit absolument affervie aux Mofcovites, je dis affervie dans toute la force du terme on a regardé cette révolution comme un événement nou

veau; cependant elle fut consommée très parfaitement par le traité de Birzen, en 1701, & depuis ce moment les Mofcovites ont été fans ceffe & très complettement les Maîtres de la Pologne, fous les beaux noms d'ailiés & de protecteurs.

Augufte & Pierre en fe confédérant, ne doutoient point du fuccès de leurs armes: trente mille Saxons bien difciplinés, & quarante mille Mofcovites, devoient affaillir la Livonie, tandis que la Finlande étoit attaquée par d'autres Troupes, tandis que la Mer & les Lacs étoient déja couverts des nouveaux navires du Czar.

On avoit cru fans doute,au fond,n'avoir aucun befoin de la Nation Polonoife, puifqu'on marchoit toujours fans attendre la détermination; cependant par une condition captieuse on avoit ftipulé que dans le cas où la République entreroit dans cette guerre offenfive, ce fe

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