bitre de la Pologne, & maîtreffe de la couronne en 1733. Plus divifée que jamais, & moins conftante dans fes projets, la Noblesse Polonoise ne fit que de foibles efforts en faveur de Staniflas, malgré le zele du Primat, du Général Poniatouski, & du Comte Maffalski, Maréchal de la diete de convocation, Chefs très zélés du parti François. Les Mofcovites réunis aux Saxons & au parti de l'Empereur Charles VI, firent une autre élection; ils donnerent une feconde fois la Couronne Royale au nouvel Electeur de Saxe, fils du dernier Roi de Pologne, & fecond compétiteur de Stanislas. C'étoit la créature des Mofcovites qu'on couronnoit en ce Prince, ils en faifoient prefque tous les frais, bien affurés de regner fous fon nom, & de faire fervir la Pologne d'inftrument à leurs deffeins ultérieurs de vengeances, de ravages ou de conquêtes. Staniflas, mal fecondé, fut donc bientôt réduit à la ville de Dantzick, que les Mofcovites vinrent affiéger; un secours de quinze cents François, qu'une politique pufillanime & trop parcimonieuse avoit facrifié, n'étoit furement pas capable de conquérir toute la Pologne, malgré la Czarine, l'Electeur de Saxe, l'Empereur & les partifans qu'ils avoient dans la Nation même. : On vit donc en vain des prodiges de valeur le Comte de Plelo fe fit tuer à la tête de la petite troupe Françoise; les Bourgeois de Dantzick fe défendirent avec acharnement, excités entr'autres par le courage de Madame Maffalska, qui mit elle-même le feu au premier canon tiré des remparts de Dantzick contre les affiégeants. Le Général Moscovite Munich trompa les François par une fauffe capitula tion; le Comte Maffalski mit en fureté la perfonne feule de Staniflas; le Primat & le Général Poniatouski refuserent généreufement de foufcrire à la capitulation des Bourgeois: Dantzick fe rendit, & bientôt Staniflas réduit au feul nom de Roi de Pologne, laiffa regner fon compétiteur, ou plutôt fous fon nom, les Mofcovites. La mort du dernier des defcendants de Ketler Ferdinand, Duc de Courlande, arrivée en 1737, prouva que cette puiffance étoit fupérieure à tout en Pologne; la Czarine en fit Duc, par sa feule autorité, Jean Ernest Büren, fon favori. La République fut obligée d'oublier fes droits, & Frédéric Augufte III du nom, fe crut heureux d'avoir cette occafion de faire fa Cour à ceux qui l'avoient fait Roi. Bientôt les Miniftres d'Anne reprirent les plans de conquête du Czar Pierre, ils voulurent enlever aux Turcs la Mol davie & la Valachie, aux Tartares Otzakoff & Bender, aux Suédois la Finlande. Et toujours les malheureuses Provinces de la Pologne furent impunément parcourues & traverfées par les Mofcovites, qui fe faifoient donner des chariots de tranfport, des vivres & des fourrages, pour des conquêtes qui n'avoient de but évident & infaillible, que le projet de confirmer & perpétuer l'afferviffement abfolu de la République. Car enfin, Monfieur, je le répete, la domination des Mofcovites dans ces deux Provinces de Moldavie & de Valachie, enfermeroit la Pologne dans leurs domaines, & les mettroit fans ceffe à portée d'affaillir ou les Turcs ou la Maifon d'Autriche aux dépens des Polonois, qu'ils feroient contribuer à la ruine de leurs alliés. Le prétexte de cette guerre contre les Turcs étoit de fecourir l'Empereur; mais le vrai but étoit cette conquête de Moldavie & de Valachie : acquifition très inutile fans doute à la Czarine (qui poffede tant de terres excellentes, mais incultes & dépeuplées) fi la politique Mofcovite n'avoit pas étendu les vues d'ambition fur l'Empire d'Allemagne & fur celui de Conftantinople. Heureufement pour la Pologne, ces efforts contre le Turc furent fans fuccès, ainfi que les entreprises d'Anne contre la Suede. Elle mourut en 1740, & le jeune Prince Iwan ou Jean, qui lui fuccéda pour un an feulement, fit bientôt place à la Czarine Elisabeth. Dans ce regne court & foible d'Anne, vous voyez, Monfieur, le même plan de conduite que fous le Czar Pierre, les mêmes alliés, les mêmes ennemis, les mêmes projets de conquêtes. Sur-tout vous voyez non feulement un Roi de Pologne fait par la Czarine; |