Imágenes de páginas
PDF
EPUB

gent; il a toujours été fait pour être porté au pouce : la gravure, très-bien prononcée & fort nette, eft exécutée fur la matière même; la forme en eft fimple & n'eft chargée d'aucun ornement, on peut en juger par le n°. V.

Je n'entreprendrai point d'expliquer le motif de fuperf tition, ou l'objet allégorique pour lequel ces trois animaux rempliffent la compofition de ce fujet; mais on voit la même tête de bouc que préfente le no. précédent, elle est encore plus clairement exprimée; elle eft placée ici au milieu de deux têtes de lion, qui avancent chacun une patte. Le bufte principal eft orné de quelques gravures; y a même quelque espèce de caractères vis-à-vis la tête

il

du bouc.

Voilà tout ce que je puis dire de ce monument bifare ; mais je dois ajoûter que la difpofition de ces animaux & leur caractère ne rappellent aucune idée Egyptienne. Les guerres des Romains dans tous ces cantons de l'Afie font connues; les liaisons de ce pays avec la Grèce ne peuvent être douteufes : le travail de ce monument fe reffent des impreffions que de pareilles circonftances peuvent causer.

[blocks in formation]

LES quatorze Planches fuivantes, que je n'ai pas voulu féparer, font tirées du grand nombre d'infcriptions & de deffeins que l'Abbé Fourmont a rapportés du voyage qu'il a fait par ordre du Roi dans la Grèce, & que l'on conferve manufcrits dans la Bibliothèque du Roi. J'ai déja profité de quelques morceaux de ce grand Recueil; mais ils ne m'ont fervi que pour les vignettes & les culs-de-lampes de quelques-uns des Volumes précédens, & j'ai eu foin d'en avertir. La rareté des monumens Grecs m'a fait examiner de nouveau cette immenfe collection; & j'ai choifi pour inférer dans cette nouvelle Partie, les infcriptions placées fur quelques corps d'une forme intéreffante, & le plus communément fur des tombeaux. Malheureufement ces

corps, & les bas-reliefs dont ils font ornés, ne répondent point, ou répondent mal à l'élégance Grecque, ce qui prouve au moins que les ouvrages de la Grèce n'ont pas toujours été tels qu'on les imagine avec raifon, quand on fuit les idées que donnent les ouvrages des Maîtres de l'Art dont Rome eft encore embellie. Je conviens серепdant que ceux que je vais rapporter dans ces quatorze Planches ont été mal deffinés: malgré la foibleffe de leur exécution, ils font au moins reconnoiffables par rapport à leurs objets & à leurs détails: enfin, il m'a paru qu'il valoit mieux les fauver de l'oubli & profiter de ce qu'ils pouvoient apprendre, que de fe livrer à une délicateffe qui ne conviendroit qu'à un Artiste, qui voulant travailler pour fon étude, ne copieroit point des ouvrages foibles ou mal rendus. On verra le parti que j'en ai tiré. Mais je dois trop à la vérité, pour ne pas déclarer les obligations que j'ai, par rapport à l'explication & à la traduction des infcriptions, au P. Paciaudi, & à M. Le Beau, Secrétaire de l'Académie; ils m'ont donné dans cette occafion des preuves bien marquées de leur amitié.

;;

L'Abbé Fourmont n'a point écrit la proportion des morceaux qu'il a fait deffiner; mais il a marqué fort exactement le lieu où il les a trouvés. Quant à leur matière elle ne peut caufer aucun doute : les Grecs n'employoient que le marbre dans leurs monumens ; & dans le nombre prodigieux de ftatues que Paufanias a citées, il n'eft fait mention que d'une feule qui fût de pierre: d'ailleurs l'Abbé Fourmont ne m'a parlé que de marbre à fon retour de Grèce; & je dois convenir qu'il n'a fait aucune fouille un peu confidérable. Il s'eft contenté de faire tirer de terre ou de faire retourner des marbres dont une partie étoit apparente, & fur lefquels il appercevoit des caractères, car il n'étoit sensible qu'à la partie des infcriptions.

J'avois fait graver le petit Temple fitué fur le bord de la Rivière d'Ilius, que Spon & Wheler ont regardé comme celui de Diane Agrotera, & que l'Abbé Fourmont

avoit fait copier. M. Stuart prétend que ces Auteurs fe font trompés & que ce Temple doit être celui dont Platon fait mention, & qui avoit été élevé par un Athénien nommé Panops: c'eft un point de critique qui regarde les Sçavans; mais l'élévation de ce petit monument m'a paru fi bien rendue dans le premier Volume des Antiquités d'Athènes que M. Stuart vient de publier, que j'ai fait effacer ma Planche: on feroit heureux d'être éclairé fans ceffe par des ouvrages d'une pareille exactitude.

N. I.

Il feroit difficile de prononcer aujourd'hui fur l'ancienne destination de ce beau bas-relief; fa forme étant détruite & ne préfentant aucun caractère, on ne peut parler que de la figure: elle eft debout & représente une femme dont la difpofition eft heureuse, fimple & élégante: aucun arrangement dans la coëffure, non plus qu'aucune diftinction dans les habillemens ne fervent à la caractériser. L'attribut du cochon confirmé par les figures que l'on a vûes plus haut, & qui m'ont été envoyées de Camarina en Sicile, nous apprennent que c'est ici la représentation de Cérès. Il femble en effet que ce cochon demande pardon à la Déeffe; on fçait qu'on lui facrifioit cet animal, foit le mâle, foit la femelle, non-feulement à cause qu'il regarde toujours la terre; mais parce qu'il a fait le premier du dégât dans les bleds, mûrs ou nouveaux.

Ce monument a été vû par l'Abbé Fourmont, Keratidin Ecclefia Sandi Thoma.

No. II.

Ce fragment de marbre dont les figures font heureufement confervées, pourroit être les reftes d'un Autel confacré aux Diofcures, & placé autrefois fur le bord de la mer pour recevoir les facrifices de ceux qui s'embarquoient ou qui revenoient à terre'; Horace en effet a dit :

Tunc me biremis præfidio Scapha.
Tutum per Aegeos tumultus
Aura feret, geminufque Pollux.

Xiij

Planche VIII. Londres 1761,

in-folio.

Planc. XXXVII.

Lib. III. Ode 29.

Théodoret

Liv. VIII. Gra carum affectio. pag. 615.

Indépendamment de la Superftition établie fur les dangers
de la mer, on fçait combien Caftor & Pollux étoient ré-
vérés dans la Grèce, & principalement à Sparte, dont ils
étoient les Dieux principaux. Callimaque, dans fon Hymne
à Pallade, leur donne le nom des étoiles de Lacédémone.
Ces Dieux étoient révérés à Athènes comme à Sparte:
on les nommoit Familiares & Anaces ; ils avoient même
une fête fous le nom d'ANAKEIA, & les monumens les dé-
fignent fouvent fous cette dénomination.

Ce bas-relief eft placé au-deffus d'une Porte d'Athènes.

PLANCHE

Nos. I. & II.

XLVIII.

CES bas-reliefs ne paroiffent point avoir fait partie d'une compofition plus étendue. Ils peuvent avoir fervi de paremens à un Autel ou à un piédestal; ils ont peut-être été employés dans quelque foûbaffement; enfin dans quelque tombeau dont le défunt avoit une dévotion particulière pour Cérès. Ce tte incertitude s'étend à la plupart des morceaux qui ne font chargés d'aucuns caractères : ils ne donnent aucune indication qui puiffe faire foupçonner leur ancien ufage. Le rapport des deux figures certifie qu'elles repréfentent également Cérès: la fingularité de leurs coëffures eft le feul objet qui mérite attention. Il n'eft pas douteux que ce ne foit le Modius ou la forme de la mefure employée pour débiter le grain, dont l'invention étoit dûe ou attribuée à cette Déeffe : les deux coëffures different un peu, mais elles ont un rapport dont on ne peut difconvenir. Il eft encore vrai que le n°. I, dailleurs mieux confervé, caractérise encore plus Cérès; puifqu'en effet la Déeffe eft affife fur un lion, & que cet attribut diftinctif fert à confirmer l'un & l'autre monument également trouvés à Athènes, cependant le n°. II. a plus confervé d'impreffion Egyptienne.

1

No. III.

La barbarie de ce cippe ou de cette demi-colonne destinée à un tombeau, eft furprenante, & l'on conçoit avec peine que ce monument ait exifté dans Athènes au milieu des ouvrages du goût le plus épuré : celui-ci ne doit vraifemblablement fa confervation qu'au refpect porté aux tombeaux ; car j'ai avancé, & avec quelque raifon, dans les Volumes précédens que les Grecs avoient eu la vanité de fouftraire tous leurs monumens des premiers tems. Je le préfume du moins par la raifon que l'on ne trouve aucune petite figure, en quelque genre que ce foit, que l'on puiffe attribuer , je ne dis pas à un tems d'ignorance abfolue, mais qui donne l'idée d'un paffage de l'obscurité à la lumière. L'infcription de ce tombeau préfente des lettres formées d'une manière qui ne contredit point le jugement que la colonne doit faire porter :

ΜΙΛΤΙΑΔΟΥ

ΤΟΥ

ΚΙμοονοι

Miltiadis Cimonis filii.

L'ignorance & le mauvais goût qui paroiffent dans le prétendu chapiteau de ce cippe, & la forme des lettres v, au lieu de MN, jointes aux deux oo mis à la place de l'a prouvent que ce monument a été élevé dans un tems fort ancien. Ces obfervations confirment encore mon foupçon, c'eft-à-dire, que les tombeaux de la Grèce font les feuls monumens qui puiffent nous donner des témoignages de leur ignorance & de leurs progrès dans les Arts, ainfi que de plufieurs ufages. Les obfervations que je viens de faire confirment le mérite de ce monument & concourent à le faire regarder comme très-précieux, puifqu'il eft le tombeau du fameux Miltiade, qui vainquit les Perfes à Marathon. On fçait que les Arts ne font parvenus à leur perfection à Athènes

« AnteriorContinuar »