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.HE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

ASTOR, LENOX

TILJEN FOUNLA ION

RECUEIL D'ANTIQUITÉS

EGYPTIENNES, ETRUSQUES,

GRECQUES, ROMAINES,

ET GAULOISE S.

QUATRIEME PARTIE.

DES ROMAINS.

AVANT-PROPOS,

N N'IGNORE prefque rien de ce qui regarde les Romains; ils ont été le premier objet de la curiofité des Sçavans modernes : cette recherche plus abondante en elle-même, étoit plus facile & plus à leur portée; ainfi les Erudits de toutes les Nations de l'Europe qui fe font attachés à cette partie de l'Antiquité, font en très-grand nombre. Il est donc en quelque façon impoffible, non-feulement de rien dire de Tome VI.

Ee

nouveau fur les Romains, mais encore rien qui puiffe avoir un intérêt de quelque importance; d'autant que ce Peuple n'a jamais rien produit de lui-même, & l'on pourroit avancer qu'iln'a inventé dans aucun genre. Il faut donc fe réduire à son égard, à la recherche de la tradition ou de l'exemple qu'il a fuivi; car les Romains ont emprunté des Etrufques en premier lieu; des Grecs dans la fuite; enfin ils ont admis le culte & les ornemens Egyptiens. Ces époques font marquées tandis que, fans interruption, ils ont reçu chez eux & porté même à Rome tous les Dieux des Nations qu'ils ont vaincus; cet ufage tenoit à leur Superftition, par conféquent ils l'ont suivi conftamment.

La recherche de ces différens cultes conduiroit fans doute à beaucoup de répétitions fort inutiles en elles-mêmes, & du moins très-peu intéreffantes; je erois done que la découverte ou plutôt la fource de ces premières idées, ne mérite point d'être étudiée particulièrement, & qu'il faut fe contenter de citer les exemples quand l'occafion les préfente; je le crois d'autant plus que la Mythologie des Romains eft, généralement parlant, un lieu commun à notre égard.

Les preuves de leurs ufages particuliers, certifiés par leurs monumens, jointes à quelques détails de leur Superf tition, font donc le feul avantage que l'étude de l'Antiquité puiffe retirer de l'examen des morceaux fans nombre que le tems nous a confervés; car, je le répete, on ne doit espérer aucune nouveauté abfolue de l'examen des Antiquités Romaines; d'ailleurs on auroit peine à retrouver les traces de quelques détails qui les auroient frappés dans les mœurs ou les ufages des Anciens. Ces exemples de comparaison ne fubfiftant plus que très-imparfaitement, il faudroit néceffairement aller de conjecture en conjecture.

On fent bien que l'exclufion que je donne à cette étude ne doit point s'étendre fur les preuves de l'hiftoire que l'on peut retirer des monumens Romains; la conduite de ce Peuple, maître du monde entier par rapport à fon fiècle,

a tellement intéreffé toutes les Nations de l'Europe, elles en ont été fi fort occupées pour leur intérêt particulier, qu'il feroit inutile d'efpérer quelque nouveauté à cet égard.

Le peu d'étendue de cet Avant-propos me permet de l'augmenter par une réflexion qui regarde également l'Antique & le Moderne, mais dont les Romains font encore plus l'objet que les autres Nations, par la raifon que leurs ufages nous étant plus familiers, ils font plus fouvent cités.

On reproche à toutes les Nations Modernes de l'Europe de ne point représenter leurs figures dans leurs ouvrages nobles & recherchés de Peinture & de Sculpture, felon la mode & les ufages qui leur font particuliers, de s'éloigner par conféquent du coftume de leur Nation, & d'emprunter celui des Romains; on ajoûte ordinairement que la véritable manière d'imiter les Anciens doit confifter à repréfenter, comme ils l'ont fait, nos figures dans leur vérité d'armes & d'habillemens.

J'espère démontrer que cette critique, eft détruite & démentie par l'examen des monumens, & par les réflexions méditées fur les Arts, dont l'efprit & les procédés font les mêmes aujourd'hui qu'ils étoient chez les Anciens je puis même ajoûter qu'ils ne varieront point tant qu'ils exifteront.

Le ridicule de nos habillemens, ou plutôt le peu d'avantage qu'ils fournissoient aux Artiftes, m'a fuffi pendant long-tems pour approuver la conduite des Modernes. Je foupçonnois vivement que les Anciens avoient agi comme nous à cet égard; mais je n'avois aucune preuve de cette opinion, je défefpérois même d'en trouver d'affez pofitives pour appuyer mes réflexions; mais enfin, quelques parties d'un Forum repréfenté dans le IIIo. Volume des peintures d'Herculanum, m'ont paru capables de frapper les plus & 227. prévenus contre l'ufage admis & reçu; du moins elles me donnent occafion de rapporter ce que j'avois imaginé, & de propofer un fentiment établi fur les procédés conftans

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des Arts; il est néceffaire, ce me semble, d'en préfenter une analyse courte & fommaire.

ils

Les Arts ont toujours eu les mêmes droits dans la fociété, c'est-à-dire, qu'ils ont fait autrefois, fur l'efprit de ceux qui les pratiquoient & de ceux qui les employoient, les mêmes impreffions que nous remarquons aujourd'hui : de plus, il eft certain que toute imitation cherche à plaire, & par conféquent à embellir la nature dans le tems même qu'elle copie. Les récits de l'homme le plus vrai ne fontpas toujours flattés & par conféquent altérés ? Le fait est le même : c'est la reffemblance de la tête, ou l'expreffion de l'action; mais le tour de la phrafe, le choix des termes, la réticence & la suspension font à la volonté de celui qui raconte ; & ces parties du récit font les véritables emblêmes des acceffoires du Peintre. Ainfi les Arts ont toujours cherché leurs avantages, c'eft-à-dire, qu'ils ont pris les licences qui leur étoient néceffaires ; femblables à cet égard à la Poëfie, dont les exemples font encore plus frappans. Répandue dans la bouche des grands comme des petits, elle a toujours fait choix des mots qui lui convenoient, elle en a adopté de particuliers, elle en a abrégé d'autres; non-feulement elle ne s'eft jamais foumise au langage vulgaire de fa Nation, mais elle l'a fouvent contredit, & toujours évité avec le plus grand foin.

Cette conduite que l'on n'a jamais reprochée aux Poëtes, eft plus marquée dans l'examen de ceux qui ont traité les Paftorales. Les Anciens comme les Modernes n'ont jamais décrit les Bergers avec leurs habillemens groffiers, & ne les ont point fait parler avec la rufticité de leurs expreffions: non-feulement ils ne l'ont pas fait, mais ils ont changé leurs noms & ennobli leurs fentimens; on feroit en droit de dire, pour appuyer la comparaifon, que les mots font les habillemens des pensées, & d'ajoûter que la Poëfie s'eft toujours plus écartée du coftume que la Peinture & la Sculpture: ces deux Arts moins en vûe, moins examinés, &

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