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J'ai dit tout ce que je penfe à cet égard & même ce qui s'oppose à ma conjecture: l'examen de ce petit point de critique pourra trouver quelque jour fa place; en tout cas, le monument que je préfente fera toujours fingulier.

Les n°. V. & VI. préfentent les hiéroglyphes exactement rendus, ils font plus développés pour faire mieux fentir fi leur altération eft conftante, c'eft-à-dire, fi on les trouve répétés fur d'autres monumens. Hauteur de la figure, trois pouces dix lignes,

PLANCHE VIII.

N. I.

LE SCARABEE que préfente ce n°. eft gravé en creux fur une cornaline, & peut avoir été coupé de la maffe d'un autre scarabée de relief: le travail me paroît d'un tems affez ancien. Je vais décrire fa composition avant que de communiquer les réflexions que ce petit monument m'a donné occafion de faire.

Ce scarabée a les pattes étendues, & fes quatre aîles font développées & difpofées comme foutenant l'animal en l'air. Sa tête eft formée par un bufte humain, qui paroît celui d'un jeune homme, que je prendrois d'autant plus pour la représentation d'Horus, que la tête eft furmontée par un difque complet. Il eft conftant, par les raifons fuivantes, que ce bufte ne peut repréfenter Ifis, quoique dans un efpace auffi médiocre que le champ de cette gravure, la jeuneffe puiffe aisément permettre de confondre le fexe. Le difque qui couronne cette tête est fimple & fans aucun accompagnement; les cheveux paroiffent coupés, du moins, ils ne dépassent point la forme de la tête, & font traités par conféquent de la même manière que ceux de tous les Egyptiens; or l'on fçait que les têtes d'Ifis font toujours coeffées, & de plus accom pagnées de bandelettes pliffées & rayées, qui retombent fort au-deffous des épaules: les monumens d'Ifis confirment

Planc. VII, n°.

en général ces obfervations; cependant on peut voir à
cette occasion une antiquité du même genre dans le Vo.
Volume, elle repréfente un scarabée dont la tête eft celle 1. & II.
d'Ifis, parée d'une de fes coëffures.

En rapprochant ces deux monumens d'Ifis & d'Horus, des idées vagues que nous pouvons avoir fur la Religion des Egyptiens, ne pourroit-on pas dire que le fcarabée étant le fymbole de l'Etre Suprême, ces têtes font ajoûtées à fon emblême ordinaire, pour caractériser en particulier une des perfections que l'on accordoit comme unique & fans mélange à ces Divinités fubalternes?

On pourroit encore regarder ce petit monument comme l'objet d'une fuperftition convenable à un homme de guerre; car on fçait que les Egyptiens vouloient que leurs foldats portaffent fur eux la figure du scarabée, par la raifon qu'ils croyoient que cet animal n'avoit point de femelle ; ainfi, dès ces tems reculés, on étoit perfuadé que les Militaires ne devoient point avoir d'autres femmes que leur Patrie & le Corps dans lequel ils fervoient : de plus, on sçait qu'Horus étoit la Divinité particulière des gens de guerre.

Je crois avoir prouvé mon peu de goût pour les conjectures, cependant on ne peut arriver à la vérité, ni percer l'obfcurité d'une Religion auffi métaphysique que l'Egyptienne, que par la comparaifon des différentes opinions établies fur les monumens.

Nos. II. & III.

L'attitude & la difpofition générale & particulière de ce bronze, dont les pieds font détruits, doivent le faire regarder au premier coup d'oeil, comme un des Prêtres Egyptiens, que l'on rencontre même affez ordinairement; cependant l'examen préfente quelques particularités qui méritent d'être obfervées. La figure n'a point la plante Perfea au menton; elle eft ornée d'un colier qui paroît confacré à l'ordre de la Prêtrife, du moins, fi l'on en juge par la comparaifon des monumens; les braffelets fuivent

affez les colliers: on voit les apparences d'une jupe qui fe termine un peu au-deffous du gras de la jambe, cependant on n'apperçoit aucune apparence de ceinture, le nombril & le fexe font découverts & très-diftincts, contre l'ufage le plus ordinaire des Egyptiens. Je fçais que l'on pourra toujours reprocher un pareil contre-fens à l'Artifte; mais ne comptant point affez fur la manière dont il étoit capable d'exprimer la gorge, la taille & la disposition des hanches, il a voulu, peut-être, empêcher la méprise & prévenir toutes les erreurs.

Ce monument me paroît des plus finguliers, & je n'ofois me flatter d'en faire la rencontre pour autoriser ce que j'ai dit fur les Prêtreffes de l'Egypte. Je rapporte ce que je vois, & je puis jurer qu'aucune prévention ne me conduit & ne me fait illusion.

Le n°. III. qui préfente le profil de cette figure, acheve de rendre fenfible une autre fingularité; celle des deux ferpens accollés qui font le principal ornement de cette parure de tête: je n'avois point encore vû cette particularité par rapport à ces animaux, & à la place qu'ils occu

pent.

Hauteur de ce fragment très-bien confervé à la réserve des pieds, fix pouces une ligne,

Nos. IV. & V.

Je me contente de rapporter le bufte de cet Harpocrate; l'attitude des figures Egyptiennes étant toujours la même quand elles font affifes. La parure qui furmonte fa premiere coëffure eft encore affez apparente, toute mutilée qu'elle eft, pour être renvoyée à celle du Ve. Volume. Mon objet fe renferme, à l'égard de celle-ci, à préfenter la fingularité du flocon de cheveux qu'Horus & Harpocrate ont également porté en Egypte, toujours placé fur l'oreille droite, & tel enfin qu'on le voit fur ce monument, tandis que l'autre côté de la tête eft orné de la parure plif Lée que l'on voit ordinairement fur les têtes d'Ifis, & fur celleş

celles de quelques-uns des Sphinx; ce qui eft, en ce cas, la même chofe. Le n°. V. fait voir clairement qu'il n'eft pas poffible de fe méprendre à cet affemblage de parures; & qu'aucune espèce de rouille ou de vétufté ne peut faire illusion, d'autant que la coëffure générale couvre la tête, & fait cependant place au flocon de cheveux qui la recou vre elle-même fur le devant.

Quelle peut être la fignification de cet emblême ou de cette allégorie? Je l'ignore, & je mourrai vraisemblablement fans le fçavoir : je puis feulement ajoûter que ce monument n'est pas rare, puifque j'en ai trois dont la coëffure eft pareille.

Hauteur de cet Harpocrate affis & tel qu'il fubfifte, cinq pouces fix lignes.

Cette grandeur paroît trop confidérable pour avoir servi d'amulette, cependant ce monument eft chargé d'une bélière.

PLANCHE IX.

Nos. I. & II.

Les deux petites plaques de bronze doré, gravées fous ces numéros, font fingulières pour le pays qui les a produites, & contredifent ce que j'ai dit trop légérement, peutêtre, fur les bas-reliefs Egyptiens. J'ai prononcé affirmativement que cette Nation les avoit toujours exécutés en creux pour en perpétuer la durée ; & je le crois encore, mais avec des reftrictions; c'eft-à-dire, que la matière & l'objet des ornemens, ainfi que le tems de la fabrique, doivent être confidérés dans ces fortes de décisions. Nonfeulement ces plaques font travaillées en bas-relief saillant, & peuvent avoir été fondues; mais elles font affez peu épaiffes pour avoir été eftompées; ce qu'il y a de certain, eft qu'elles ont été réparées au cifelet. Elles font purement Egyptiennes, on ne peut en douter; l'ouvrage d'ailleurs en eft très-bon, mais plus détaillé & traité avec plus de fineffe que les monumens ordinaires Tome VI.

D

de cette Nation : le mouvement des figures & leur difpofition me paroiffent indiquer le tems des Ptolémées. On voit fur la plaque n°. I. Harpocrate, affis fur une fleur de lotos, d'une affez forte proportion; mais ce qui mérite le plus d'attention eft l'indication jufte & bien marquée d'un fecond plan, fur lequel on a représenté un crocodile, vraisemblablement adoré dans le Nome pour lequel ce monument a été fabriqué; car il eft difpofé comme un Sphinx, & il a une tête d'épervier, tandis que l'épervier lui-même, paré d'une coëffure femblable à celle du crocodile & très-commune aux Divinités de l'Egypte, est représenté fur le même plan que l'Harpocrate.

par

La plaque numérotée II, préfente Ifis affife avec fes attributs ordinaires; elle a de plus une chaise massive avec le marche-pied, & tient le fceptre d'Horus d'une main, tandis que l'autre eft étendue en figne de protection. Sur le fecond plan on a placé le Cercopitheque fur une plinthe; enfin, fur un treifiéme plan, on voit le ferpent Agathodemon: la tête de ces deux animaux eft furmontée une parure égale, & que je n'avois point encore vûe; mais Fun & l'autre paroiffent dans la difpofition qu'ils devoient ávoir dans leurs Temples. Une figure de femme en pied & vêtue, qui tient d'une main le tau ou la clef & qui s'appuye de l'autre fur un fceptre, pourroit être une Prêtreffe, ou bien un Garde, comme on en voit fur la Table Ifiaque ; il eft placé fur le premier plan, c'est-à-dire, celui fur lequel on voit Ifis; & je crois qu'il défigne l'honneur que l'on rendoit à ces trois Divinités principales, à l'égard du Nome, dont ce monument nous a été confervé.

L'indication certaine de ces différens plans eft fort étonnante pour cette Nation; dans quelque tems ancien qu'on la confidère, elle mérite d'être obfervée.

On ne peut mettre en doute l'antiquité de ces deux morceaux; mais je foupçonne volontiers qu'il eft entré quelque Grec dans l'attelier Egyptien, lorfque l'on compofoit ces petits bas-reliefs.

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