encore plus agréable de pouvoir répondre qu'ils font ponctués avec vérité: au refte le travail de ce monument n'étoit pas des plus recherchés.

N. IV.

Ce numéro fait voir l'intérieur d'une de ces boffettes ou grelots.

N. V.

La coupe & l'agencement de cette même boffette fur l'anneau, eft deffinée fous ce numéro.

Hauteur totale fept pouces trois lignes: diamètre du cercle, fix pouces trois lignes: diamètre du corps de Panneau, deux lignes: diamètre des boutons, fix lignes: diamètre de la bolette ou du grelot, un pouce deux lignes.

Cet inftrument m'étoit inconnu; il ne m'appartient pas: j'ai profité de la politeffe de M. Jening, Gentilhomme Anglois, curieux & très-bon connoiffeur. Il m'a confié ce petit monument pour le copier & le décrire, pendant le féjour qu'il a fait à Paris; & je l'ai fait graver avec d'autant plus de plaifir, qu'il n'eft point deffiné dans la Differtation de M. Bianchini, qui même n'en a point parlé, quoiqu'il &c. de tribus geait affez approfondi cette matière.

J'AI fait mention dans le V. Volume de ces Antiquités, des fragmens de différentes matières qu'on a bien voulu m'envoyer des fouilles de Velleia. J'en ai déja profité pour décrire le feul monument de fayence que les Ouvrages des Anciens m'euffent préfenté jufqu'ici. Un nouvel examen m'a fait choifir dans ces bagatelles les ornemens de quelques vafes de terre dont le goût & l'exécution peuvent non-feulement faire honneur aux Anciens, mais conduire à un argument des plus fimples, & cependant des plus marqués en leur faveur. Si des ouvrages traités fur une

Francifci Bianchini, Veronenfis, neribus inftrumentorum Muficæ veterum organica defcriptio. Roma 1742, in-4°.broc. cum VIII tabulis.

Lib. XXXVI. Cap. 22.

matière si vile & si fragile font exécutés avec cette finesse & cette précision, quels étoient les foins qu'on apportoit pour travailler des morceaux dont les objets étoient plus importans, & les matières plus précieuses?

Il est à préfumer que la forme des vafes dont ces fragmens ont fait partie, répondoit par fon élégance à des ornemens exécutés d'une façon très-fupérieure à leur matière; mais ces morceaux font d'une étendue trop médiocre pour retrouver même aucune de leurs proportions: ces terres plus ordinairement noires, n'ont rien d'extraordinaire en elles-mêmes; elles font fines, très-bien préparées, tournées avec beaucoup de délicateffe, & leur épaiffeur eft en général très-médiocre.

Je n'ai trouvé dans le nombre de ces fragmens aucune poterie travaillée par les Etrufques; tandis que j'en ai vû plufieurs de la Manufacture de Nifmes, qui me paroît avoir été fort recherchée, à la vérité dans des tems fort poftérieurs aux Etrufques; mais on ne peut douter de la réufsite de cette poterie, par la quantité de fragmens qu'on en trouve dans l'Italie & dans les endroits les plus reculés de la Gaule.

N. I.

Ces mêmes fragmens m'ont préfenté une portion de vase travaillée au tour, & dont la matière m'a paru mériter quelque difcuffion. Ce morceau eft le feul qui foit numéroté fur la Planche; les autres ne pouvant être diftingués que par les ornemens.

Un paffage de Pline nous apprend que la ferpentine étoit connue des Anciens: voici les paroles de ce grand Auteur, fur les lieux qui produifoient cette matière, fur l'ufage que les Anciens en faifoient.

&

In Siphno lapis eft, qui cavatur, tornaturque in vafa coquendis cibis utilia, vel ad efculentorum ufus, quod in Comenfi Italia lapide viridi accidere fcimus. Sed in

Siphnio

Siphno fingulare, quòd excalfactus oleo, nigrefcit durefcitque, naturá molliffimus.

On trouve dans l'Ile de Siphnus une pierre que l'on creufe & que l'on tourne pour en faire de la vaiffelle propre à cuire les viandes, ou à les fervir à table: c'est ce que nous fçavons qui arrive pour la pierre verte de Côme en Italie: mais une fingularité pour celle de Siphnus, c'est que chauffée avec de l'huile, elle noircit & fe durcit, quoiqu'elle foit naturellement fort molle.

Voyez Pompo

L'Ile de Siphnus eft une des Cyclades fituée dans la mer 'de Crête, entre l'Ile de Delos au nord, & l'Ifle de Mélos nius Mela. Lib. au midi; on l'appelle aujourd'hni Sifano. Pline nous ap- II. Cap. 7. prend qu'indépendamment des mines d'or & d'argent qui avoient procuré de très-grandes richesses à fes habitans & dont les autres Auteurs ont parlé, elle produifoit l'espèce de pierre que nous nommons Serpentine, & connue par les Naturaliftes fous le nom général de pierre Ollaire, du genre de ces pierres argilleufes qui fe laiffent travailler, & dont la ferpentine eft une espèce. Il eft vraisemblable que l'Ifle de Siphnus produit encore cette pierre; & il eft certain que nous employons cette matière au même usage que les Anciens; cependant avec des différences moins avantageuses, puifqu'en effet la ferpentine de l'Ifle de Siphnus, fans être plus difficile à travailler, acquéroit de la confiftance & réfiftoit au feu par le moyen que Pline nous indique; tandis que nous ne faifons usage de la matière tirée de Côme pour des vafes & des platteries, dont la couleur fombre est triste à la vûe, malgré le poliment dont elle eft fufceptible. Cette pierre que Pline a également connue, tire cette dénomination de la Ville de Côme en Italie où l'on fait ce commerce depuis un tems immémorial.

que

On trouve auffi cette matière chez les Grifons; & l'on en tire une grande quantité d'un lieu où étoit autrefois fitué un gros Bourg, appellé Pleurium en Latin, & Pleurs en dernier lieu : ce Bourg fut abymé en 1618, fous les débris Tome VI.

Sf

d'une montagne voifine, qu'on avoit creusée trop inconfidérément pour en retirer cette pierre.

Je crois le fragment qui donne matière à ces légères obfervations, tiré des carrières de Côme: la matière en préfente la couleur, le favonneux & les autres qualités que les Naturaliftes donnent à la pierre de Côme. Voici la defcription que Wallerius, célèbre Minéralogifte Suédois, donne de cette pierre.

Ollarius mollior, grifeus, pinguis, particulis talcofo-minaceis vix diftinctis, calcinatione albefcens, lebetum lapis, petra Columbina, lapis Colubrinus.

Elle eft compofée de particules vifibles & brillantes de mica & de talc, qui font confondues les unes dans les autres & forment comme des ondulations: elle prend de T'éclat par la calcination & devient d'une couleur blanche femblable à celle de l'argent. Le fragment dont il s'agit a donné tous ces effets par les expériences. Sans entrer dans de plus grands détails qui ne regardent que les Naturalistes, on voit, fans que je le dife, que M. Roux m'a donné quelques fecours, fans lefquels je n'aurois pû fçavoir si le fragment étoit de Siphnus ou de Côme.

L'Italie, & fur-tout Herculanum, doivent fournir tous les jours des morceaux de comparaison beaucoup plus confidérables; je ne doute pas même qu'on n'en ait trouvé plufieurs fois; mais il eft fimple qu'on n'ait fait aucune attention à des fragmens qui ne paroiffent avoir aucun mérite, & qui fe confondent aifément avec des morceaux de terre cuite, que le plus fouvent on ne daigne pas ramasser. Je crois donc être le premier qui ait parlé de cette matière, , par rapport aux Anciens monumens, & qui fe foit trouvé à portée de joindre à cette occafion une preuve de fait, à un paffage de Pline.

La portion de cercle indique un très-grand diamètre, l'épaiffeur eft de cinq lignes.

PLANCHE CIIL

Nos I. II. & III.

UN monument du Bas-Empire pareil à celui que préfente cette Planche, conduit néceffairement à des réflexions affligeantes pour l'humanité. On conçoit avec peine, l'homme étant copiste par fa nature & né imitateur, qu'un Artiste ait pû oublier les Ouvrages fublimes dont la Grèce & la Ville de Rome étoient encore remplies, quand il a mis au jour le chef-d'œuvre du mauvais goût dont il s'agit ici.

On ne peut attribuer un fait fi démontré qu'à l'amourpropre ignorant, ainfi qu'au defir effréné de chercher la nouveauté. Ce malheureux defir éblouit les hommes & leur fascine les yeux; il les aveugle au point de faire confifter le mérite dans une altération continuelle des meilleures chofes précédemment reçues; cette altération est d'autant plus féduifante, qu'elle flatte la pareffe, qu'elle diminue l'étude, & foulage de la réflexion.

Ces malheurs attachés à l'efprit humain, étoient encore liés dans le tems du Bas-Empire à des circonftances du Gouvernement. Le génie des Romains peu convenable pour les Arts, dominoit depuis long-tems dans la Grèce; &, par une conféquence néceffaire, les Ecoles Grecques étoient détruites depuis long-tems, & fi parfaitement, qu'el les n'avoient pas laiffé la moindre trace: la dépravation du goût ne pouvoit donc rencontrer aucun obftacle; aucune digue ne la pouvoit arrêter : elle a fi bien ravagé, & fi fort à son aise, qu'elle a tout détruit.

L'exemple du défaut & de l'erreur produit fouvent autant d'avantage, & fait autant d'impreffion que l'exemple de la beauté & de la vérité : on doit donc préfenter quelquefois les monumens du genre de celui-ci pour rendre la jeunesse modérée, & la forcer d'étudier profondément les