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Depuis E jufqu'à F il y a par intervalle des têtes qui ont été deffinées comme on a pû les voir. Les têtes GGG font chacune d'un animal différent. Ce fragment d'Architecture eft placé fur une muraille élevée d'environ 30 pieds, & qui ne préfente aucune forte d'ornement. A côté il y a un grand pan de muraille qui tient à l'édifice & qui en fait partie. Ce mur porte une fenêtre marquée H, elle eft très grande & divifée en deux parties; on ne peut fe mépren◄ dre au gothique qu'elle préfente. On veut dans le pays que la figure cottée I, foit celle d'Apollon: un homme qui l'a vûe, lorfqu'elle avoit encore fa tête, m'a dit qu'elle étoit couronnée de laurier; ce qu'il y a de certain, c'est que le corps eft couvert d'un corcelet, ce qui peut faire juger de l'opinion que l'on peut avoir de cette tradition.

Ce monument compofé de différens morceaux, beau→ coup plus anciens les uns que les autres, & raffemblés fans beaucoup d'ordre dans des tems fort modernes, comme il le paroît par la fenêtre marquée H, prouve combien ce canton de la Provence a toujours été décoré, peut-être même avant la conquête des Gaules par les Romains; car j'entrevois plufieurs parties qui fentent bien l'ancienne Grèce. Il feroit à defirer que ce pays pût être fouillé en préfence de quelque Antiquaire riche, zélé & éclairé.

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ARAMON eft aujourd'hui une espèce de petite Ville dépendante du Languedoc, elle eft placée fur la rive droite du Rhône, dans la fituation la plus agréable, fur une hauteur qui la met à l'abri des médiocres inondations: ce lieu eft éloigné de deux petites lieues d'Avignon, à une distance égale de Villeneuve-lès-Avignon & de Beaucaire ou Ugernum, & à peu-près vis-à-vis de Barbantane; ce dernier Village étant un peu plus haut vers le confluent de la Durance & du Rhône : j'ignore quel a été fon ancien nom; mais on y a trouvé plufieurs monumens ; & le tom

beau qu'on a découvert en dernier lieu étoit fur une montagne qui a toujours été inculte & fur laquelle le Village eft appuyé. Pour revenir à Aramon, indépendamment des petits monumens gravés fur cette Planche, & dont on verra plus bas le détail, voici quelques infcriptions Romaines que l'on voit aujourd'hui sur la muraille extérieure de l'Eglife: on en avoit trouvé un plus grand nombre; mais on a mieux aimé leur donner place dans la fondation de cette même Eglife que de les conferver. Les deux que je vais rapporter ne font ni fort intéressantes ni fort anciennes; on ne doit les regarder que comme des témoignages de l'antiquité d'Aramon.

Sur une pierre quarrée ornée d'une bordure de feuillage en relief, aujourd'hui placée contre le mur latéral de L'Eglife; on lit:

D M

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L'ancien nom d'Aramon paroît facile à retrouver ; il est même fingulier qu'il ne foit pas plus commun, & que ce dérivé d'Ara Montis ne fe rencontre pas plus fouvent dans les Langues modernes: car le culte fur les lieux hauts s'eft introduit trop naturellement pour ne s'être pas perpétué. Je fuis également furpris que l'on n'ait pas trouvé fur cette montagne quelque monument qui ait dé

Plan, CI.

figné la Divinité qu'on y adoroit en particulier : quelquesunes des infcriptions employées dans le bâtiment nous auroient peut-être inftruit. Quoi qu'il en foit, au printems de cette année 1763, un payfan qui bêchoit un plan d'oliviers, découvrit une auge de pierre, couverte, & qui n'étoit chargée d'aucune infcription, ni d'aucune espèce d'ornement; elle renfermoit une urne de terre cuite, rouge, d'une matière très-fine. Cette urne fimplement ornée de deux très-petites anfes, & dont la forme ronde ne préfentoit pas plus d'élégance que de recherche, avoit au moins vingt pouces de hauteur & plus de quatre pieds de circonférence; il ne lui en falloit pas moins pour contenir un grand nombre de différens morceaux de verre & de terre cuite, dont la confervation ne laiffoit rien à defirer: on a retiré plus de trente de ces morceaux dans le Château d'Aramon; il n'y en avoit que quatre de terre, les autres étoient de verre. Cette urne renfermoit auffi quelques Médailles de moyen & de petit bronze: la feule qu'on ait pû lire étoit de Claude.

M. Pitot de l'Académie des Sciences, fi connu par les grands & utiles Ouvrages qu'il a exécutés dans le Languedoc, m'a envoyé neuf des morceaux de cette petite découverte; fept font de verre & deux de terre cuite: un de ces derniers eft une taffe très-bien confervée, & travaillée dans l'ancienne manufacture établie aux environs de Nifmes, & dont j'ai si souvent parlé à l'occasion des ouvrages qu'elle a fourni dans les Gaules & dans l'Italie même. Cette taffe reffemble, pour la forme, la matière, le travail & l'ornement, à celles que l'on voit dans le Volume II. & plus particulièrement au no. I; ainsi je me contente d'y renvoyer le Lecteur.

N. I.

Le fecond morceau de terre cuite eft une lampe trèscommune pour la forme, fur laquelle on voit un vase traité en bas-relief. Deux raifons m'ont engagé à le faire def

finer

finer fous ce numéro, la bonté de fa forme en elle-même, & la réminiscence du trait Etrufque, qu'il me paroît avoir confervé plus qu'aucun autre vafe Romain.

Nos. II. III. IV. & V.

J'ai choisi dans les fept vafes de verre qui m'ont été envoyés d'Aramon, ceux dont les formes m'ont paru les plus agréables: j'avoue que malgré leur inutilité, l'élégance de leur trait, & la variété de leurs anfes m'ont fait un plaifir que j'ai voulu communiquer; d'ailleurs ces formes fe trouvent répétées; &, ce qui eft auffi peu intéreffant, leurs grandeurs font inégales, car on en voit depuis trois jufques à Sept pouces de hauteur, & dont le diamètre est proportionné.

Je croirois affez que ces vafes de verre étoient destinés à l'ufage domeftique, & je dirois, fi je l'ofois, à celui d'une Pharmacie; je dois ajoûter que leur légèreté, & la médiocrité de leur épaiffeur ne peuvent être pouffées plus N. VI.

loin.

La forme peu commune que préfente le vafe de verre de ce numéro, doit rendre fa représentation plus intéreffante; & c'est elle qui m'a conduit à croire que l'affemblage de ces verres appartenoit à une Pharmacie.

Če vafe eft du plus beau-bleu foncé qu'il foit poffible de voir; & fon épaiffeur eft convenable à fes proportions: il a toujours été ouvert à fes deux extrémités.

On m'a dit qu'il ne pouvoit avoir fervi qu'à l'ufage de ce qu'on appelle une ventoufe, ou plutôt un fuçoir, dont l'objet eft de tirer le lait des femmes quand leurs gorges font gonflées par une trop grande abondance de lait. Il est vrai que la forme de celui-ci eft plus élégante, mais qu'elle n'eft pas fi avantageufe que ceux que nous employons à ce même usage; car les femmes peuvent fe foulager ellesmêmes; au lieu que l'inftrument d'Aramon exigeoit néceffairement un fecours étranger,

Tome VI.

V v

Hauteur fept pouces trois lignes : plus grand diamètre, deux pouces fix lignes: bafe deux pouces deux lignes: partie fuperieure mefurée en dehors de l'ouverture, un peu plus de trois lignes.

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M. Lainé, autrefois Directeur de la Monnoye de Lyon, homme fçavant & très-bon connoiffeur en Médailles, lut un Mémoire en l'année 1728, à la rentrée publique de l'Académie de cette Ville, dont il étoit Membre. Son manuscrit original m'eft tombé entre les mains: on m'a fort affuré qu'il n'avoit point été imprimé; ainfi, pour conferver le fouvenir d'une Antiquité trouvée dans la même Ville, je donne ici la gravure du monument qu'il avoit fait deffiner avec foin; & j'y joins l'extrait de fon Mémoire.

Sa Differtation a pour objet une Urne de terre cuite d'un médiocre Volume, couverte d'un vernis rouge, & trouvée en 1727 dans le territoire d'Aifnay. L'Auteur croit, avec raifon, qu'elle conferve le fouvenir d'une fête publique, donnée autrefois dans la Ville de Lyon. Cette urne a trois anfes; & leurs intervalles font occupés par un nombre égal de bas-reliefs, traités en Médaillons: le deffein n'en eft pas bon, & le travail en eft d'autant plus groffier que les reliefs ont été moulés.

Les deux buftes qui rempliffent le premier Médaillon font placés en grand: l'un représente un Empereur avec de la barbe; il a fur la tête la couronne radiale, celle de laurier, & le boiffeau de Serapis. L'autre bufte fait voir une Impératrice également couronnée de laurier avec la fleur de lotus, au milieu de fa coëffure: leurs habillemens juftes & ferrés ne font point ceux que l'on attribuoit aux Divinités; ils donnent l'idée de ceux des Pontifes. On voit au milieu de ces buftes deux épis de bled groupés avec une tête de pavot en graine; & l'on a placé au-deffus de cet attribut de l'Abondance un vafe de facrifice qui s'accorde

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