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de leur tranfport fur le Nil. Nous avons peu d'exemples de ces voyages par terre, du moins, je ne me fouviens pas d'en avoir vû; & je fuis bien certain de n'en avoir point rapporté dans ce Recueil; mais par une conféquence néceffaire, ces mêmes Divinités devoient être portées par terre, comme nous le voyons par ce monument, le le voyage étant encore plus facile, attendu la légérèté de la matière qu'Hérodote donne au fimulacre. D'un autre côté, la fainéantise a toujours profité de la fuperftition; & je fuis perfuadé que plufieurs hommes vivoient du petit commerce ou plutôt du profit qu'ils retiroient en transportant ces Idoles dans l'Egypte, qu'ils parcouroient en fe promenant: cette figure préfente encore cette idée.

Ce monument eft très-bien confervé dans toutes fes parties, à la réserve du focle qu'on a fuppléé à celui qu'il avoit autrefois; la bande qui lui fert d'appui, & que l'on peut voir au no. II. eft en effet plus longue que la colonne à laquelle la figure eft jointe. Elle eft exécutée fur une pierre noire très-dure qui a perdu fon poli ou qui n'en a jamais eu. La compofition & l'agrément de cette figure préfentent une fingularité qu'il eft bon d'observer.

Ce Prêtre ou ce Pélerin fort d'une colonne, non comme nous en avons vû plusieurs exemples & comme nous fçavons que les premières ftatues fortoient, pour ainfi dire, d'un tronc d'arbre qui leur tenoit lieu de corps & de jambes; les arts de ces premiers tems ne fçachant pas mieux imiter la nature; mais cette figure fait corps fur le monument de ce n°. avec un tronçon de colonne, ou plutôt avec un cippe, fi fouvent employé par les Grecs, pour porter des buftes avec élégance. Voilà donc encore un procédé dont on pourroit attribuer l'invention aux Egyptiens; mais en le regardant toujours comme une fuite plus épurée des premières ftatues dont ils étoient inventeurs, de l'aveu même des Grecs.

Cependant, cette représentation simple d'un particulier pourroit démentir l'usage le plus général des Egyptiens,

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c'est-à-dire, celui de ne rapporter que très-rarement des actions civiles ou particulières, & de ne confacrer leurs monumens qu'aux objets de la Religion. Mais on peut obferver que ce Pélerin (pour me fervir du terme confacré à ces porteurs d'Idoles), que cette efpèce de Pélerin dis-je, étant lié, quoique de très-loin, au culte, a pû mériter quelque diftinction, d'autant plus que les Egyptiens ont dû voir, non-feulement avec plaifir, mais avec vénération la représentation des Dieux de la haute Egypte auxquels les habitans du Delta ne pouvoient aller faire leurs prières; & ceux-ci, par la même raifon, voyoient avec une égale fatisfaction les Divinités qu'on leur portoit du Delta.

pas

Il réfulte de cet exemple que les hommes ont été & feront toujours les mêmes. Sur ce principe, on devroit exprimer tous les monumens: la conféquence ne feroit absolument jufte; car une circonftance des plus médiocres, mais néceffaire à démêler, a fouvent caufé dans les fiécles fuivans, de grands ravages, & toujours dérangé la trace des idées premières dont l'explication feroit bien fimple, & par conféquent très-facile. Je m'apperçois cependant que l'on pourroit dire au fujet de ce monument, & peut-être avec encore plus de raifon, que les Egyptiens, toujours fages, pourroient n'être foupçonnés d'aucun écart à l'occafion de cette maniere de traiter une figure; j'ajoûterois même que ce cippe pourroit être une diminution du tronc d'arbre employé précédemment; & que l'on pour roit croire, avec plus de vraisemblance, qu'ils n'avoient point fait fortir d'un cippe la repréfentation d'un homme dont l'efpèce étoit pareille à celle que j'ai fuppofée, & dont l'action étoit fi commune, fans avoir de fortes raifons pour en conferver le fouvenir. Cette réflexion pourroit perfuader que nous voyons ici le fymbole d'une Divinité inférieure, offert à un Dieu fupérieur comme un tribut d'hommage au refte, le fimulacre que l'on voit porté ici, nous eft inconnu,

Mais, en m'excufant fur l'ignorance de la Mythologie Egyptienne, je n'aurai propofé que des difficultés fans pouvoir lever aucun doute. Il vaut mieux fe contenter de dire que ce monument a un pied quatre pouces de hauteur. Le focle moderne eft haut de quatre pouces.

No. III.

La figure renfermée dans la niche triangulaire, eft ici plus développée, d'autant qu'elle n'eft pas commune.

Hauteur fept pouces quatre lignes : hauteur de la niche, neuf pouces fix lignes : largeur de la niche, huit pouces. N. IV.

On voit fous ce no. l'inscription de la base du triangle. Au refte, je ne garantis point l'exactitude & la vérité 'des caractères de ce monument, comme j'ai fait de ceux de quelques Planches qui font dans ce Volume. On m'a voulu vendre cette figure un prix fi ridicule qu'il ne m'a pas été poffible d'en faire l'acquifition; mais n'ayant rien épargné pour en avoir le dessein exact, j'ai pû le faire graver en toute sûreté; & les caractères exigeant une attention & des foins particuliers, je ne réponds point de l'intelligence du Deffinateur rien en effet n'eft fi ridicule que la copie des caractères les plus fimples, faite par un homme qui ne les entend point; quelqu'exactitude qu'il puiffe apporter, il faut toujours fuppléer, & nous fommes bien éloignés de cette intelligence ou de cette fagacité.

Je dois ajoûter que je ne connoiffois que cette figure de ce genre & de ce pays; & que je viens de voir les deffeins de deux autres que l'on conferve à Capo-di-Monté, dans le Cabinet du Roi de Naples. Elles représentent un homme & une femme : l'un & l'autre portent une petite figure; l'homme eft debout fur fes pieds, & la femme également entière eft accroupie.

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différens Monu

1739. in-4°.

Explication de DOM MARTIN a donné le deffein du vase de bronze mens finguliers, gravé fur cette Planche. Le P. Sicard l'avoit envoyé d'E page 144 Paris, gypte au P. Fleuriau, comme on l'apprend par une lettre du Caire, inférée dans les nouveaux Mémoires des MiffionTome VII. p. 23. naires. Ce monument fingulier appartenoit à M. le Duc de Sully, & j'en ai fait l'acquifition à fon inventaire; il est vraisemblable que les Jéfuites lui en avoient fait préfent.

Je ne ferai point d'excufe fur la répétition de ce vafe; non-feulement la propriété, mais la fingularité du morceau feroient des raifons fuffifantes. On peut ajoûter, fans aucune prévention, qu'il n'eft pas ordinaire de trouver un monument Egyptien de ce genre, d'une pareille confervation, & d'une forme fi peu commune, orné de plu fieurs figures traitées de bas-relief, fort faillantes pour fa proportion, & chargé d'hieroglyphes. La certitude de faire graver ce beau vafe avec plus d'exactitude que D. Martin, ajoûte d'autant plus à toutes ces circonftances, que j'espère que la defcription que je vais donner de cette antiquité fera plus jufte & plus précise que celle que je viens de citer. J'ai lû ce que mon Prédéceffeur a écrit fur ce monument: voici l'impreffion que j'en ai reçu.

L'abondante érudition de D. Martin fuffiroit pour corriger à jamais de la citation des paffages; ils font entaffés dans fon ouvrage, ainsi que les opinions, fans avoir plus de prétexte que de néceffité: on fe trouve à la fin de l'explication fans être plus inftruit qu'en la commençant. Je conviens qu'il eft difficile d'être clair, & de contenter fur une matière fi obfcure, mais on ne doit point abuser du papier, & noyer l'objet dans des citations au moins inutiles, J'éviterai cet inconvénient, & je ne rendrai compte que des impreffions matérielles que ce monument m'a données : mais, avant que d'aller plus loin, j'avouraj

j'avoûrai que je ne comprends pas le motif qui peut avoir engagé D. Martin à donner à ce vafe le nom de Van. On fçait que l'ufage de ce qu'il entendoit par ce mot, étoit confacré par les Grecs aux myftères de Bacchus. Il est conftant que l'invention de tous les mystères ne peut être refufée aux Egyptiens ; & je regarde d'autant plus ce Peuple comme l'inventeur de toutes ces cérémonies cachées & de ces affociations, que le culte étoit généralement fecret & mystérieux dans leur Pays. Les figures d'Harpocrate, plus communes, peut-être, que celles de toutes les autres Divinités Egyptiennes, feroient une preuve fuffifante de cette opinion, quand elle ne feroit point établie fur le récit des Auteurs. Mais les myftères d'Eleufis, de Bacchus, enfin, tous ceux que les Grecs ont adoptés n'ayant que des rapports fort éloignés avec ceux de l'Egypte, je ne crois pas que les uns puiffent nous éclairer fur les cérémonies des autres, encore moins nous mettre en état de nommer affirmativement un objet dont on ne peut comparer le genre. Enfin, on peut d'autant moins remonter à un ufage & à une dénomination de l'Egypte par la voye des Grecs, que ces derniers, ayant toujours caché leurs emprunts, auront certainement déguisé le nom, & changé la forme des uftenfiles ou des inftrumens dont les Anciens, à leur égard, fe fervoient, & qu'ils ont employés dans la fuite des tems. D'ailleurs il faut convenir que le paffage de Virgile Myftica... Vannus Iacchi, & le feul où l'on trouve le mot de Vannus ne peut être regardé que comme figuré ce même paffage eft auffi la feule excufe des Antiquaires qui ont traduit ce mot par celui de Van. Il pourroit avoir un autre fens dans le Latin; mais je ne crois pas qu'on puiffe lui donner l'épithète d'Egyptien. Je dirai plus, la forme de ce que nous appellons un Van n'a jamais pû convenir à ce que nous fçavons des myftères, non plus qu'aux objets que tous les monumens nous préfentent. Le Van n'eft propre en effet qu'à fecouer les grains pour les féparer de leurs pail-, Tome VI,

F

I. Georg..

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