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Le plan de l'ancien Dariorigum, & les monumens dont cette Ville eft encore environnée, ne pouvant être détaillés fur la même Planche; on verra les principaux repréfentés plus en grand dans celle-ci.

A. Bute de Céfar au couchant de Locmariaker, faite de petites pierres fans liaison.

B. Tombeaux des Gaulois: ces pierres font répandues dans les environs de Locmariaker.

C. Mont du Heleu.

D. Tombeau d'un Gaulois; il eft fitué auprès de Kleverit en Crach.

E. Tombeaux Gaulois à Quiberon.

mieux

F. Camp de Céfar auprès de Carnac; ou pour dire, partie de l'affemblage des pierres dont on verra une très-ample description, & un plan plus étendu dans la Planche fuivante, gravée sur les observations & le dessein levé par M. de la Sauvagère.

PLANCHE CXXI.

Le détail de quelques-uns des monumens dont la côte de Bretagne eft remplie, & que M. le Président de Robien regarde indifféremment comme des tombeaux Gaulois; ce détail, dis-je, ne me paroît point affez étendu; leur nombre confidérable, leur fingularité particulière & leur rapport avec quelques monumens qui fubfiftent en Angleterre, m'engagent à placer ici les réflexions que M. des Landes & M. de la Sauvagère m'avoient fait faire quelque tems avant que d'avoir vû le manufcrit de M. le Préfident de Robien: ces deux Auteurs font les feuls qui ayent parlé de ces fortes de monumens, du moins avec des détails fuivis.

M. des Landes, dans le Recueil de fon Traité de Phy- Tome II. p. 37.

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fique, regarde ces amas de pierres, malgré leur fymmétrie & leur arrangement marqué, comme une fuite des révolutions arrivées fur la furface de la terre; c'est-à-dire, apparemment que la terre délayée & emportée par l'eau, a laiffé à découvert ces pierres qu'elle renfermoit.

Il faut être bien prévenu en faveur d'une opinion, pour l'accompagner d'un affemblage qui la contredit fi pofitivement, puifqu'il ne peut être l'effet du hafard, & qu'il démontre avec tant de clarté la main de l'homme. Cet exemple de prévention doit non-feulement faire trembler, mais infpirer une grande méfiance de foi-même; car M. des Landes avoit beaucoup de connoiffances, & toutes fupérieures à celle qui pouvoit conduire à une réflexion si sim¬ ple.

Le même Auteur cite, quelques pages plus bas du même Ouvrage, un de ces monumens; il en donne le détail, & l'on verra qu'il croit avoir prouvé l'opinion qu'il a avancée dans le paffage précédent; voici fes paroles :

Dans cette partie de la Baffe - Bretagne où font les Villes de Vannes, de Hennebon & d'Aurai, il y a des » amas de pierres furprenans, & où l'art femble avoir quel» que part; mais il eft comme démontré que l'art n'y en » a point eu. Du côté d'Auray, dans une grande plaine » couverte de houx & d'autres arbriffeaux épineux, on » trouve 150 ou 180 pierres arrangées trois à trois, dont » deux font enfoncées perpendiculairement dans la terre, » & la troisième eft par-deffus, mise en travers, ce qui » forme une véritable porte. Ces pierres ont un air brut » & raboteux; mais leur arrangement uniforme n'en est » pas moins fingulier; les gens du pays nomment ces por

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tes lichauen, ou leck-à-ven».

M. de la Sauvagère, Ingénieur en chef, a donné une Differtation fur quelques monumens de ce genre, que l'on voit fur la côte de Bretagne : elle eft inférée dans le JourNovem. 1755 nal Hiftorique de France. L'Auteur eft fçavant dans fon

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Art; & l'ouvrage fait en homme du métier, préfente le caractère de l'intelligence & celui de la vérité.

anciens Romains.

Ce petit Ouvrage, goûté du public avec raison, a été Differtations Miimprimé féparément: malgré l'éloge qu'il mérite, je crain- litaires extraites drois qu'il ne fût capable d'induire en erreur fur quelques rique, fur quelpoints. Mais comme il ne fuffit pas de dire, Je ne fuis point ques Camps des d'un tel avis, & qu'il faut en donner les raisons, fur-tout quand il s'agit de contredire un Auteur que l'on confidère; je commencerai par adopter fervilement fa description, perfuadé qu'on ne pourroit en faire une plus exacte & plus claire, & je ne m'écarterai de fon fentiment qu'à propos de l'ufage qu'il attribue à ces monumens, & de l'origine qu'il leur fuppofe: la juftice que je rends à M. de la Sauvagère eft encore fondée fur la jufteffe de ses vûes par rapport à la position que Céfar avoit prife dans la guerre qu'il fit aux Peuples Veneti, pour juger des manoeuvres de fa Flotte, commandée par Brutus, & qui fortoit de la Loire; cette position le mettoit en état de concerter les mouvemens de fes troupes de terre avec ses vaiffeaux: écoutons M. de la Sauvagère fur ces monumens.

<< Mon deffein n'eft point ici de rappeller tout ce que les Pages 9 & fuiv. Sçavans ont dit fur l'Hercules Saxanus ou Hercules

» è petra. Les pierres qui ont donné lieu aux recherches

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que l'on va effayer de déduire, ne peuvent être prises en » général pour ces fortes de monumens, dont on attribue » auffi un grand nombre aux anciens Gaulois.

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» C'eft en Bretagne que ces pierres admirables fe voyent, so on ne connoît aucun écrit qui en ait fait mention telles qu'elles font, & fur ce qui peut leur avoir donné lieu : elles font placées fur la côte du Sud du Morbihan, tout auprès du Bourg de Carnac, où elles occupent au-deffus » le terrein le plus élevé en face de la mer, en allant depuis ce Bourg au bras de mer de la Trinité, fur la lon» gueur de 760 toifes, où elles font plantées & allignées » comme des rangées d'arbres, fur onze rangs parallèles, » qui forment des intervalles comme des rues tirées au

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cordeau, dont la première, en comptant par la plus pro» chaine de Carnac, a 6 toifes de largeur; la feconde s » toises 3 pieds; la troisième 6 toises; la quatrième 6 toi» fes 2 pieds; la cinquième 5 toifes; la fixième 5 toifes; » la feptième 3 toifes 3 pieds; la huitième 3 toifes 4 pieds; » la neuvième 4 toises; & la dixième 2 toises, ce qui fait » une largeur totale de 47 toifes

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» Ces pierres font plantées à 18, 20 & 25 pieds les unes » des autres : il y en a beaucoup qui ne font pas plus groffes que des bornes ordinaires; mais en revanche, il s'en voit, fur-tout aux extrémités, de la diftance ci-devant marquée, qui font d'une groffeur énorme & hautes de » 16, 18 & 20 pieds: on ne peut les confidérer fans en » être étonné ; j'en ai cubé qui doivent pefer plus de 80 milliers; il est inconcevable de quelles machines on a pû fe fervir pour les mettre debout; & ce qui eft encore » extrêmement fingulier, c'eft qu'elles font prefque toutes plantées, de façon que le bout le plus fort eft enhaut & le moindre enbas, de forte qu'il y en a plusieurs qui » font portées comme fur un pivot: elles font brutes, tel» les qu'on les a tirées de la terre : l'on a affecté à celles qui font plattes ou qui ont quelques côtés applattis, de les retourner fuivant les allignemens, & de leur faire » faire parement aux rues.

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» Il s'en voit dans le grand nombre quelques-unes de » couchées, foit qu'elles ayent été renversées naturelle»ment, ou qu'on ait eu intention d'en faire usage; ce que les payfans de ce canton n'ont ofé pendant très-long»tems par un efprit de fuperftition.

» Parmi celles qui font couchées, j'en ai remarqué une à » l'extrémité des allignemens vers le couchant, où la pierre. » eft creusée en demi-fphéroïde allongé, dont le grand » diamètre a 10 pieds & le petit 6, d'une façon fi appro» chante de la régularité, que l'on pourroit croire que » c'est à deffein que cette concavité y a été pratiquée, » & que cette pierre fervoit d'Autel où l'on facrifioit aux ≫ faux Dieux.

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Les traces de ces pierres allignées s'étendent beaucoup plus loin que les 760 toifes; mais cette longueur eft celle qui eft la plus continuée. Elles font interrompues de tems à autre par un moulin à vent, par quelques maifons de payfans, & même par un hameau entier ; par-delà on en reconnoît encore les traces jufqu'à un quart de lieue du bras de mer de la Trinité, où on ceffe d'en appercevoir: en comptant la longueur totale du terrein qu'elles occupent, elle est de elle eft de 1490 toifes. » Le fol étant par-tout de rocher, il n'est pas douteux que ces pierres n'ayent été tirées fur le lieu même où on » les voit au nombre de plus de 4000, tant groffes que petites; ce qui furprend forfqu'on les apperçoit de loin, » fur-tout les rangées vers Carnac, qui ont été le moins » dégradées, & où font les plus groffes.

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» Quant à celles qui font près du Bourg d'Ardeven, elles font en beaucoup moindre quantité: j'en ai compté » environ 200, parmi lesquelles il y en a d'auffi groffes qu'à Carnac ; le fol étant de rocher, elles ont dû aussi » être tirées fur le lieu même. En les comparant avec » celles de Carnac, l'on peut croire qu'elles font du mê»tems, & qu'elles ont eu le même objet.

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» Ce détail prouve que certainement ces ouvrages font de main d'homme, & qu'il eft inutile d'en chercher le principe à l'aide de la Physique: je n'en ai point remarqué de pofées en jambages, & la troisième par-dessus comme une porte. Ce ne font par conféquent pas les

» mêmes dont M. des Landes nous a donné la defcrip- Recueil cité plus » tion.

L'on voit encore dans tous ces environs beaucoup s d'autres pierres plantées feules, cà & là dans les campagnes; quelquefois même il y en a plufieurs près les unes » des autres. Elles fe remarquent dans la prefqu'Ifle de Quiberon, & dans les Ifles de Belle-Ifle & de Groix : » il s'en trouve à Belle-Ifle, entre le moulin de Gouich

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haut. T. II. p. 37.

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