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fervir

de la Roche aux Fées; c'eft un édifice abfolument de
pierre, dont la longueur eft de cinquante-cinq pieds, fur
Seize de largeur en dehors, & de treize à quatorze en de-
dans : il eft compofé de quarante pierres; trente font po-
fées debout, & portent les dix autres; ces dernières font
beaucoup plus grandes & pofées fur leur plat pour
de couverture; elles ont depuis quinze jusqu'à seize &
dix-fept pieds de longueur, & depuis quatre d'épaiffeur
jufqu'à fix; la longueur du monument eft placée d'Orient
en Occident. On apperçoit du côté du midi une ouver-
ture de trois pieds de largeur, & du côré oppofé une autre
de cinq pieds. On voit cinq féparations dans l'intérieur de
cet efpace; la première eft quarrée & occupe tout le côté
oriental; les quatre autres ne font formées que par quel-
ques pierres qui avancent en dedans jufqu'à la moitié. Ou-
tre cela, il y a fept pierres hors d'œuvre, deux en dedans
& cinq en dehors.

peu

Une des plus grandes fingularités de ce monument, eft qu'il ne fe trouve aucune carrière de pierre aux environs, & de la nature de celles qui forment cette espèce de bâtiment: cet assemblage eft pareil pour la forme, & s'éloigne de la proportion de celui que l'on voit auprès de Doué en Anjou, que j'ai décrit & rapporté dans le même Vo- Voy. Pl. CXVII. lume; on dit auffi qu'on en trouve un pareil en Angleterre à fix milles de Salisburi. Cette conformité mérite au moins d'être remarquée. A l'égard de la dénomination de Roche aux Fées, il y a long-tems que les hommes font dans l'habitude d'attribuer aux Géans, aux Fées & aux Divinités, en un mot, à des Etres furnaturels, les ouvrages qui leur paroiffent au-deffus de leur force & de leur pouvoir; ceux du genre de celui-ci, méritent une pareille dénomination,

Ccc cij

PLANCHE CXXIV.

UN monument très-entier, & dont la forme eft fingulière, fert de veftibule ou de porche à l'Eglife Paroiffiale de Lantef, fituée auprès de Pontrieux, dans le Diocèse de S. Brieux; ce bâtiment conftruit de pierre, eft circulaire. La première enceinte eft percée de feize portes formées en arcades, de fept pieds de hauteur, & dont le ceintre eft un peu allongé; elle eft ceinte au milieu de fon élévation par un cordon uni, & furmontée d'une efpèce de corniche dont la faillie eft affez grande, & qui eft placée à vingt-cinq pieds de hauteur au deffus du pavé. La circonférence de ce bâtiment eft de cent foixante & cinq pieds: elle renferme une feconde enceinte percée de douze portes, dont le ceintre eft plus arrondi que celui de la première, mais dont la hauteur eft pareille: on peut diftinguer fur la Planche le plan & l'élévation; cette dernière partie préfente une coupure faite à la première enceinte, pour faire fentir la feconde qui fubfiste, comme elle est indiquée par le plan, & dont le diamètre eft de cent-dix pieds, en laiffant un corridor d'environ six pieds entre les deux enceintes. Cet édifice n'a jamais été couvert ni voûté, & l'on a planté au centre un If, dont la hauteur & la groffeur extraordinaires produisent le plus bel effet.

Ce monument dont la conftruction & la forme décou verte font très-anciennes, ne peut avoir été bâti pour fervir de vestibule à cette Eglife; elle a d'ailleurs beaucoup moins de largeur que le monument ne préfente de diamètre. Cette ancienne bâtiffe paroît avoir été dans fon origine un des anciens Temples Gaulois : fi l'on n'admet point cette conjecture, je ne puis dire à quel ufage il étoit deftiné.

PLANCHE CXXV.

Bernier, Hift.

LA Cité des Carnutes ou des Peuples de Chartres étoit une des plus puiffantes de la Gaule; fon vafte territoire comprenoit ce qui compofe aujourd'hui les Diocèfes de Chartres, d'Orléans & de Blois : dans la partie méridionale du Diocèse d'Orléans, fur les confins du Diocèse de Bourges, on trouve fur la route d'Orléans à Romorentin, à environ cinq mille toises au Nord de cette dernière Ville, les ruines de l'ancien Château de Millancé. de Blois, p. 239. La tradition du pays,& quelques Hiftoriens prétendent que c'étoit un ancien Camp des Romains. La fituation en est des plus avantageuses: c'est une espèce de quarré dont les angles font arrondis, qui a environ 150 toifes de longueur & 130 de largeur; il eft environné d'un étang ou marais qui a depuis 50 jufqu'à 70 toises de largeur, où coulent des eaux vives; on y abordoit par deux chauffées faites de main d'homme; ainfi ce pofte étoit très-fort & d'une facile défense. Dans le moyen âge, & peut-être dès le tems des Romains, on y a conftruit un Château défendu par des retranchemens & des murs qui font aujourd'hui en ruines. Il ne reste plus fur ce terrein que la Paroiffe, qui eft un Prieuré-Cure de l'Ordre de S. Auguftin : Le Bourg eft hors de l'enceinte.

Voyez le Plan & le profil.

Voyez le Plan.

Annal. Eccles.

Ce pofte, du tems des Romains, étoit fi confidérable qu'une voye Romaine y conduifoit de la Ville d'Orléans: on l'appelle encore chemin perré. Cette circonftance feule auroit mérité qu'on eût donné le plan de cet ancien Château qui eft appellé, dans une notice du Diocèse d'Orléans, Millanfeium. La Ville de Genabum, Orléans, par fon heureuse fi- Sauffaye, p. 801tuation fur la Loire, a été dans tous les tems, célèbre pour le commerce; lorfque Jules-Céfar fit la conquête des Gaules, cette Ville étoit l'Emporium des Carnutes. Le

Aurelian. Auct.

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Gouvernement Romain, pour établir la communication entre Orléans & d'autres Villes, fit élever six voyes publiques: la première conduifoit à Cæfarodunum, Tours; la feconde à Autricum, Chartres; j'en ai donné le plan dans le IV. Volume de ce Recueil; la troisième à Lutetia, Paris; la quatrième à Agendicum, Sens; la cinquième fuivoit le cours de la Loire par Nevers, Feurs, & conduifoit à Lyon; enfin la fixième fortoit d'Orléans du côté du midi, paffoit à S. Aubin, près de la Ferté-Senecterre, où elle fe partageoit en deux branches; celle qui pafsoit à gauche conduifoit à Avaricum, Bourges : les colonnes d'Alichamp que j'ai publiées dans le troisième Volume de ce Recueil, donnent la direction de cette voye jufqu'à Neris en Bourbonnois, d'où elle se rendoit à Auguftonemetum, Clermont en Auvergne; la feconde branche de la voye d'Orléans qui paffoit fur la droite fe rendoit à Millancé, enfuite à un lieu appellé la grande Voye; alloit paffer la rivière de Sauldre, près de Romorentin, le Cher à Chabris, nommé Gabris dans la table de Peutinger, où elle traversoit une voye Romaine qui conduifoit de Bourges à Tours. De Chabris la voye d'Orléans prenoit fa direction fur un ancien lieu du Berry, nommé Strata ou Strada, qui démontre manifeftement le paffage d'une voye Floriac. pp. 32 Romaine: ce lieu de Strada eft célèbre dans l'Hiftoire du fequent. moyen âge; on y conftruifit un Monaftère l'an DCCCXXVIII, la xv. année de l'Empire de Louis le Débonnaire, & la XIV. du règne de Pepin fon fils, Roi d'Aquitaine. Ce lieu est voisin de la rivière d'Indre: Eft autem locus Strada è regione fluminis Agneris. Sous le règne de Charles le Chauve, on tranfporta dans ce Monaftère Stradenfe Cœnobium, le corps de S. Genulfe ou Genou: cette Abbaye fubfifte encore fous le nom d'Eftrée S. Genou.

Vita S. Grenulfi

Lib. II. Biblioth.

La voye qui a été conduite depuis Orléans, continuoit la même direction du côté de Limonum Poitiers; d'Eftrée Saint Genou, elle alloit paffer la

la

la rivière de Creufe près de la Roche-Pofay, la rivière de Vienne près de Bellefonds, d'où elle arrivoit à Poitiers : cette voye mériteroit d'être fuivie exactement & examinée depuis Eftrée S. Genou; on pourroit peut-être en retrouver les veftiges.

Le Plan de Millancé qui nous donne probablement un ancien Camp Romain, a du moins l'avantage de nous indiquer avec certitude le paffage d'une voye Romaine d'Orléans à Poitiers.

PLANCHE CXXVI & CXXVII.

LES Caleti ou Caleta, Peuples du pays de Caux en Normandie, étoient au nombre des Belges, au tems de Jules-Céfar; Augufte, dans le département des Gaules qu'il fit l'an 727 de Rome, les comprit dans la Lyonnoife, dont ils ont toujours fait partie fous l'Empire Romain : ces Peuples qui formoient une Cité puiffante, avoient une Ville Capitale qui fut nommée Julio-bona, probablement en l'honneur d'Augufte; Ptolémée eft le premier qui en ait fait mention.

Cette Ville, à l'exemple de plufieurs autres de la Gaule, dut prendre le nom de fon Peuple Caletus; nous n'en trouvons cependant pas la preuve dans les anciens Auteurs. Oderic Vital, qui écrivoit dans le x11°. fiècle, dit : Urbs antiqua fuit, quæ Caletus ab incolis dicta eft; &, selon lui, Jules-Céfar la nomme Julio-bona, qui eft la Ville de Lillebone: fuivant un Mémoire dreffé fur les lieux dans l'année 1762, tous les gens du canton connoissent encore cette Ville fous le nom de Calete.

Duchefne fcrip tor. Normann. Pag. 554.

Quoi qu'il en foit, cette Ville fut ruinée vers la fin du v. fiècle, apparemment par les Saxons; du moins cette Cité ne fe trouve plus dans la notice des Provinces & des Villes de la Gaule; elle fut foumife & annexée à la Cité de Rouen. Dans le viii. fiècle on enlevoit du milieu de nell. Cap. 10. Tome VI. Ddd

Chronic. Fonta

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