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une plinthe ronde, percée dans le milieu pour être fixée fur un piédestal; malgré cette defcription, je ne crois pas que ce monument puiffe donner lieu à aucune forte de conjecture.

eft

Le travail me paroît du meilleur tems de l'Egypte ; mais la plus grande fingularité de cette petite figure, celle d'être d'argent maffif; je crois que les monumens de ce métal n'étoient pas communs en Egypte, car voilà le premier de ce pays qui me foit tombé entre les mains. Hauteur un pouce neuf lignes.

Nos. III. & IV.

Ce fphinx, ou plutôt cet alliage des deux fignes dont l'emblême eft connu pour fignifier le tems de la crûe du Nil, ne différe en rien de ceux que l'on voit dans tous les Cabinets, & ne mériteroit pas d'être rapporté ; mais le ferpent dont il a le corps furmonté & que je ne puis regarder que comme l'Agathodémon, dont j'ai fi fouvent parlé dans ces Recueils, me paroît des plus finguliers. Cependant il n'eft pas plus aifé de démêler le motif de cet affemblage que de deviner la manière dont on le suppose attaché au corps du fphinx: j'avoue même que fi ce monument de bronze n'étoit pas d'une antiquité qu'on ne peut lui refufer, & s'il n'étoit pas affez bien confervé pour voir qu'il a été fondu du même jet, je n'aurois pas ofé le rapporter, tant il s'oppose à toutes les notions que l'on peut avoir acquifes fur le culte Egyptien; car, il faut convenir que depuis le tems que cette Nation a adopté le culte que nous lui connoiffons, elle paroît avoir confervé une fimplicité conftante, du moins, par rapport à fes monumens. Ceux qui fubfiftent, & ceux qui font gravés dans les Recueils, donnent des milliers de preuves de cette uniformité, que le particulier ne paroît pas même avoir altérée par le moindre effor d'imagination; on ne peut même le foupçonner d'avoir féparé fa propre fuperftition de celle que la loi géné rale avoit admife dans chaque Nome.

Je ne vois qu'un moyen pour accorder ces doutes & nous tirer d'embarras, c'eft de regarder ce monument comme Egyptien, parce qu'il l'eft en effet ; & de croire qu'il a eté travaillé du tems des Ptolémées, tems auquel l'ancienne auftérité des Egyptiens qui, généralement parlant, avoit résisté aux révolutions des Perfes & des Grecs, ainsi qu'au commerce de ces derniers, fut altérée par la conquête des Romains. Je trouve la raifon de ce préjugé dans l'ancienne fupériorité de l'Egypte à l'égard de ces autres Nations : elle étoit le berceau ou la fource de la Mythologie de fes voifins; le refpe&t pouvoit les empêcher de l'altérer ailleurs que dans leur propre pays; les Egyptiens eux-mêmes avoient plus de droit pour n'y point confentir. L'exemple de Cambyfes, qui fit mourir le taureau Apis, &c. n'eft pas à comparer avec les bagatelles que j'examine: un Tyran defpotique fait exécuter fa volonté par ceux qui la défapprouvent dans leur cœur ; les Romains au contraire, devenus vainqueurs de l'Egypte, répandus en plus grand nombre dans le pays, attirés par le commerce & l'agrément du féjour, pleins d'ailleurs de petites pratiques particulières, altérèrent d'autant plus les ufages Egyptiens qu'ils en adoptèrent plufieurs, & que les uns s'établirent par conféquent à la faveur des autres. Je reviens au monument en lui-même.

Les doutes qu'il doit caufer s'étendent encore plus loin; car, en fuppofant que ce foit un ferpent qui s'éléve audeffus de ce fphinx, fa groffeur eft beaucoup trop forte à proportion du corps fur lequel il eft appuyé : il faut encore convenir que la tête de ce ferpent eft abfolument applatie, & ne conferve aucune trace de vérité de nature, fans présenter aucune apparence de détail. Je ne puis préfenter que les faits, & je me foumets à toutes les décifions que l'on voudra donner.

Hauteur totale, deux pouces dix lignes : bafe du Sphinx, deux pouces une ligne.

N. V.

Cette pierre gravée fur un jafpe commun, au revers de laquelle il y a des caractères Grecs, dont la lecture eft d'une inutilité complette, & qui font confacrés aux Abraxas; cette pierre, dis-je, confirme l'opinion que je viens de propofer dans l'explication précédente fur le mélange des figures Egyptiennes, avec le caractère de l'efprit des Romains, & l'altération qu'elles en ont fouffert. Le travail de cette gravure eft d'ailleurs du plus mauvais goût & de l'exécution la plus barbare : elle représente une aigle avec des jambes & des pieds humains. Le volume de cet oiseau eft plus considérable que celui de l'Anubis, ou du Cercopithèque qu'il a devant lui, & dont les jambes font traitées dans le même goût; mais la mauvaise exécution ne permet pas de diftinguer lequel de ces quadrupedes on a voulu repréfenter: la parure que celui-ci a fur la tête indique fa Divinité, ou tout au moins fon facerdoce; cependant fon maintien n'en eft pas plus affuré en préfence de l'aigle, qui n'eft point ému de fa colère. Il eft aifé de reconnoître dans ce fujet, non-feulement une allégorie Romaine, mais une allusion à leur Empire, qui foumet l'Egypte, ou du moins qui altère fon culte. On peut avancer que les allégories de cette espèce ne font point dans le caractère Egyptien. Une caffure de la pierre empêche de diftinguer l'arme que cet Anubis tient élevée contre l'aigle; à l'égard des aîles que cette figure paroît porter, on ne les remarque point fur les Divinités principales de l'Egypte. On peut dire en général, par rapport aux monumens Egyptiens, qu'on ne voit guères les aîles données aux figures que fur les Abraxas, fur lefquels elles font multipliées, foit que le commerce de l'Egypte avec les Juifs ou plutôt avec l'Afie ait été plus ouvert dans les derniers tems, ou que les Egyptiens fe foient plus relâchés de leur ancienne auftérité, comme on peut le remarquer fur quelques autres articles, à la vérité, moins

importans que le culte. Au refte, je dois dire avant que de finir cette explication, qu'indépendamment des caractères indéchiffrables qui font au revers de cette gravure, on lit fur la tranche de la pierre en caractères Grecs trèsbien conservés, AAIANTW +. 1. qui fignifient femper virenti; les deux autres caractères +. 1. font vraifemblablement fymboliques, ou peut-être des lettres initiales. Ce mot ne fert qu'à confirmer l'allégorie & l'allusion que ce fujet m'a paru préfenter.

PLANCHE XVII.

IL N'EST pas étonnant que l'on trouve des monumens dans l'Ifle de Chypre, l'Egypte a poffédé long-tems ce beau pays. J'avois entendu faire quelques détails fur des découvertes d'antiquités; j'ai prié M. Aftier, Conful de la Nation Françoise en Chypre, d'envoyer quelqu'un dans un lieu que l'on m'avoit particulièrement indiqué: en conféquence je viens de recevoir une douzaine de petites figures de bronze, dont les plus hautes ont environ cinq pouces : elles repréfentent les mêmes Dieux & les mêmes Prêtres que nous connoiffons, c'est-à-dire, que l'on trouve dans ce petit envoi, des Ifis, des Horus, des Harpocrates, & quelques-uns de leurs Prêtres.

Une ou deux de ces figures me paroiffent avoir été travaillées en Egypte; mais la groffiereté de l'exécution & l'ignorance du deffein font marquées fi clairement fur les autres, qu'il auroit été impossible de s'y méprendre, c'eft-à-dire, que fans pouvoir nommer le pays de leur fabrique, il eût été poffible de certifier que l'ouvrage n'avoit point été exécuté dans l'Egypte.

Aucune de ces figures trouvées en Chypre ne portent de caractères; & je croirois fans peine que les Egyptiens pouvoient avoir communiqué leur culte à ces infulaires fans les initier à leur écriture: des hommes auffi réfervés

peuvent avoir pris de pareilles précautions, pour tenir leur conquête dans une plus grande foumission.

Nos, I, & II.

Dans le nombre de ces figures étrangères à l'Egypte, j'ai fait choix de ce Prêtre pour en dire tous les défauts. La tête trop grosse est très-mal formée; les bras & les jambes n'ont aucune articulation; la figure eft courte & fort éloignée de ces proportions, dont les Egyptiens paroiffent en général ne s'être jamais écartés. En un mot on remarque que les monumens dont celui-ci fait partie, préfentent une ignorance différente de celle que l'on trouve fur les monumens Etrufques: je parle même de ceux dont la fource & l'origine appartiennent conftamment à l'Egypte; ils font beaucoup moins groffiers, le travail en eft plus fin, & leur proportion, quoique ridicu lement allongée, eft beaucoup plus fupportable.

La préférence que j'ai donnée à cette figure fur celles qui me font arrivées de Chypre, eft encore établie fur la coëffure formée par un vafe avec deux anfes qui furmontent le bonnet. Ce vafe a quelque rapport avec celui Planc, xx. n°. III. que l'on voit dans le IV. Volume; mais celui-ci eft plus allongé, & je crois qu'il étoit couronné de même par les deux plumes placées fur les côtés, & qui ne fubfiftent plus.

Ce bronze tout groffier qu'il eft, & malgré fon poids, car il est fondu maffif, fervoit cependant d'amulette, comme celui du IV. Volume; la bélière doit le perfuader, fi elle n'a pas fervi à fufpendre le monument dans la main, & qu'elle ait été employée pour le porter au col; le pros priétaire avoit une forte dévotion.

Hauteur quatre pouces une ligne,

No. III.

Ce fphinx dont le vifage eft à peine formé, porte le

fruit

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