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& IV.

mité; il differe de l'ufage Egyptien, & n'a jamais été furmonté ni accompagné d'aucune parure. On me mande même de Chypre que les femmes de cette Ifle ont confervé cette manière de fe coëffer: fi le fait eft vrai, il feroit à préfumer qu'elle étoit en ufage avant la conquête de l'Ifle, & que les Egyptiens pouvoient avoir adopté cette mode, qui paroît Phrygienne; ce qui feroit d'autant plus extraordinaire qu'on ne peut fe difpenfer de regarder cette figure comme celle d'un Prêtre, & dès lors liée au culte. Mais comment diftinguer les motifs & les raifons qui ont déterminé les hommes, dans des tems fi éloignés, & fur des objets fi peu intéressans, qu'on ne peut reprocher aux Hiftoriens le filence qu'ils ont gardé à cet égard? Hauteur un pied fept pouces, en comptant treize lignes de focle.

PLANCHE XIX.

Nos. I. & II.

J'AI rapporté plufieurs têtes d'épervier à peu-près femblables à celle que l'on voit fous ce n°; mais la moindre différence dans la forme, dans la deftination ou dans la matière, me fuffifent pour faire graver un morceau. Nous fommes fi éloignés de connoître tous les objets du culte, de la fuperftition ou de l'ufage qui régnoient dans l'Egypte, qu'il faut au moins obferver toutes les variétés que

nous pouvons remarquer.

Cette tête n'a point le regard élevé, affuré & tel qu'il convient à cet oiseau : elle a le même caractère que l'on Pl. x. n°. 1. voit au couvercle d'un vafe rapporté dans le Ve Volume de ce Recueil, mais elle est un peu mieux deffinée: elle furmonte une douille des plus marquées & des plus convenables pour être placée à l'extrémité d'un bâton & être por tée dans les Proceffions, peut-être par un Hieracobofque, un des Prêtres entretenus pour nourrir les éperviers facrés.

Hauteur de ce bronze, deux pouces onze lignes : diamètre intérieur de la douille, dix lignes.

No. III.

Cette pierre gravée, qui eft de couleur jaune & rouge doit être regardée comme une amulete, parce qu'elle eft percée dans fa longueur, d'ailleurs elle a trop d'épaiffeur pour avoir été coupée sur la bafe d'un scarabée.

Quelque deftination que ce petit monument ait eue, il m'a paru mériter d'être rapporté par le genre & la diftribution des caractères dont il eft chargé. L'efpace de la pierre eft divifé dans fa hauteur en trois parties, qui paroiffent n'avoir aucune liaison. Celle du milieu préfente deux efpèces de ferpens; ils font en regard, & leur forme paroît commencer à devenir un caractère; on voit au milieu de ces deux animaux une forte de noud ou d'entrelas que l'on rencontre affez fouvent. Les bandes fupérieures & inférieures font remplies de caractères plus formés en lettres; mais comme ils font abfolument pareils dans l'une & dans l'autre bande, cette répétition devient inconcevable : je crois cependant que cette gravure nous présente de véritables hiéroglyphes.

N°. IV.

Je préfenterois volontiers cette agate grife gravée en ereux, comme un emblême de la Divinité en général. On fçait que le ferpent qui mord fa queue eft une défignation de l'Eternité, admise chez les Egyptiens & trèscommune fur leurs monumens; on fçait encore quelles idées ce même Peuple a eues fur le nombre de trois. Je vois trois corps ou plutôt trois caractères dont la forme m'eft inconnue ces trois efpèces d'S font liées par une broche & placées au milieu du cercle que le ferpent décrit: voilà les faits & les raifons de mon préjugé. Cet exemple fervira peut-être à l'intelligence de ce véritable hieroglyphe; cependant il faut obferver que ces caractè

res, ou cette figure, fe rencontrent fouvent fur les Abraxas avec le nom de

ΚΝΟΥ

ФЄІС

écrit en lettres Grecques, & comme on le voit au revers de cette pierre', où, pour dire la vérité, elles font ajoûtées, & ne font ni de la même main, ni du même tems que la gravure du ferpent. Ce nom de Knoupheis ou de Kneph, eft celui du grand Dieu des Egyptiens.

Cet affemblage de lettres étrangères aux Divinités Egyptiennes, me fait tomber infenfiblement fur la matière des Abraxas. J'avois réfolu de n'en faire jamais aucun ufage; mais quelques Curieux qui s'attachent aux langues orientales, & principalement M. de Guignes, au fentiment duquel je défere avec plaifir, m'ont prié de faire graver plufieurs de ces morceaux bifares & prefque impoffibles à déchiffrer. Je regrette donc aujourd'hui plufieurs de ces mauvaises gravures que j'ai données, perdues, ou négligées, mais ce petit malheur eft facile à réparer : je crois cependant devoir rapporter en deux mots les raifons qui les font defirer aux Curieux dont j'ai parlé.

Quelque ignorans qu'ayent été ceuxqui nous ont inondés de cette espèce de monumens, ils habitoient dans l'Egypte ou les pays voifins; & la langue Egyptienne, ainfi que fes caractères, leur étoient connus beaucoup plus qu'à nous. D'ailleurs les lettres mêlées de Grec & de quelques autres langues, peuvent fervir à retrouver la lecture de quelques mots: ces gravures, généralement parlant, mauvaises en elles-mêmes, peuvent donc avoir une utilité. Mais avant que de me livrer à cet affemblage, je dois mettre le Lecteur au fait de ce qui m'eft arrivé au fujet de ces Abraxas.

Ils m'engagent à témoigner la reconnoiffance extrême que l'on doit aux gens fages & de bon efprit, qui travaillent & qui communiquent leurs idées ; ils éclairent leurs Lecteurs & les raffurent contre les doutes;

ils

ils font plus, ils les corrigent de leurs erreurs : malheu-
reusement les hommes de cette efpèce font rares; mais
quand on les rencontre, ou du moins leurs Ouvrages
on auroit grand tort de n'en pas profiter. Les motifs qui
m'ont déterminé à examiner les Abraxas, m'ont fait
chercher les Auteurs qui en ont écrit; la lecture d'un
chapitre de l'Hiftoire du Manichéïsme m'a fait fentir la
vérité de la réflexion précédente, & m'oblige à remer- IV•. P• 5°•
çier M. de Beaufobre de m'avoir éclairé. :

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Tome II. chap.

J'ai fuivi jufqu'à préfent l'opinion de ceux qui regardent les ouvrages auxquels on donne le nom général d'Abraxas, comme une production des Bafilidiens ou d'une autre fecte de Chrétiens, qui, dans les premiers fiécles, fe cachoient & fe reconnoiffoient entr'eux par des espèces de teffères, en ajoûtant indifféremment à des monumens plus anciennement formés, des caractères Grecs, Hébreux, &c. J'avoue que je n'étois pas fatisfait de cette opinion; mais l'homme eft fi bifare qu'il peut tout allier: d'ailleurs, ne pouvant dire mieux, je ferois demeuré toute ma vie dans ce fentiment; j'ai même donné une preuve bien marquée de mon erreur dans le II. Volume de ce Recueil. Je défavoue donc, Page 39. à l'occanon-feulement ce qu'on lit dans cet endroit à l'occasion fion de la Pl. ix. des Abraxas, mais tout ce que l'on pourra trouver dans cet ouvrage qui fera conforme à cette erreur.

On comprend avec peine comment Chifflet, Kircher, Hardouin, Jablonski même. & tant d'autres Sçavans ont pû fe perfuader que des Chrétiens, & des Chrétiens des premiers fiécles, ayent jamais adopté des témoignages d'idolatrie, fi conftans & fi pofitifs au point de les porter fur leurs perfonnes. Cette feule réflexion de M. de Beaufobre a fuffi pour me convaincre & me ramener à son sentiment. Je renvoye les plus opiniâtres à la lecture du chapitre déja cité: pour moi je fuis perfuadé, d'après ce fçavant homme, que la fuperftition pour la fanté, confervée par des paroles, utile pour préferver des malheurs; Tome VI.

I

enfin pour toutes les autres foibleffes de l'efprit humain, a fait des progrès chez les Egyptiens lorsqu'ils ont communiqué, dans les bas tems à leur égard, avec les Nations étrangères, ce qui doit avoir précédé l'Ere Chrétienne. Les Charlatans & les Empyriques auront profité fans doute des notions mal entendues de la Religion des Juifs, & ces idées leur étoient apparemment plus avantageufes; d'ailleurs les caractères Grecs mêlés dans ces objets de fuperftition prouvent que le culte Egyptien étoit fort altéré; nous voyons même par le travail & le goût de ces folies qu'il ne faut point les chercher dans les tems anciens de l'Egypte; mais comme l'efprit humain s'eft toujours_contenté de changer d'objet, je ne crois que les Egyptiens fuffent dépourvus de fuperftition dans le tems de leur fplendeur. Nous ne connoiffons que trèsimparfaitement celles dont ils étoient prévenus, & nous en ignorons tous les détails: les fignes & les caractères facrés, joints à leurs amulettes formées en scarabées, ou autrement, comme le n°. III de cette Planche, pouvoient entretenir leur foibleffe à cet égard; mais en général tout eft confondu aujourd'hui dans le culte par rapport à nous.

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pas

Je finis cette digreffion ou plutôt cet hommage, à la vérité, en difant que ces Abraxas font conftamment liés au culte Egyptien ; qu'ils en dépendoient abfolument; que par conféquent ils étoient des monumens de l'Idolatrie la plus pure, & que jamais aucune fecte de Chrétiens n'a pû les admettre pour quelque motif que et puifle être. No. V.

Cette inscription eft un Abraxas gravé fur une pierre Ematite, & dans le goût le plus général de ces fortes de monumens: je n'ai d'autre raifon pour le mettre à cette place, que la fymmétrie & le coup d'œil convenable à Famulette précédente, par rapport à la Planche.

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